Chapitre 23 - Unis

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/!\ Ce chapitre comporte une scène de sexe ! Méfiez-vous si vous êtes trop sensibles, prudes ou un peu jeunes ! Sinon, bonne lecture ! ;) /!\

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La nouvelle avait stupéfié tout le monde, et plus encore à l'institut Belforde car ses membres avaient appris que, si Victor Oakwood avait enfin été inculpé, c'était grâce à une des pensionnaires.
Une fois que les inspecteurs l'avaient relâché après l'avoir questionné sur ses liens avec Victor et qu'ils avaient choisi de ne rien retenir contre elle – après tout, même si on aurait pu l'accuser d'obstruction à l'enquête pour ne pas être venue immédiatement prévenir les autorités de l'endroit où se cachait Victor, aucun jury ne l'aurait condamné, pas alors qu'elle voulait convaincre le jeune homme dont elle était amoureuse de se rendre de lui-même pour faire cesser l'escalade de la violence – Lucille était rentrée à l'institut.
Ça aussi avait surpris beaucoup de monde dans l'établissement, que Lucille soit tombée amoureuse de Victor et inversement, même si ce n'était pas dénué d'une certaine logique comme, dès leur première rencontre, elle avait pris la défense de Victor et vu sa souffrance, qui l'avait profondément touchée.
L'étonnement passé, Marianne avait conclu que c'était plutôt une bonne chose puisque, ainsi, Lucille avait pu faire revenir Victor sur le droit chemin et l'empêcher d'aggraver encore la situation.
Même Alana, qui n'avait pourtant pas manqué de critiquer le jeune homme à coups d'avis bien tranchés et péremptoires, avait finalement félicité leur camarade en l'élevant au rang d'héroïne qui avait sauvé la situation, qui les avait tous sauvés.
Modeste, Lucille avait seulement attendu que la conversation et que les éloges se tues, pensant qu'elle n'avait pas fait grand chose, juste fait ce qu'elle jugeait être le mieux et aussi tomber amoureuse.
Suivant l'annonce de l'arrestation de Victor, celle de son passé avait rapidement été faite.
Visiblement, les autorités tenaient à ce qu'il soit jugé le plus vite possible car l'audience avait été organisée pour le troisième jour succédant son inculpation, beaucoup plus efficace que pour une petite trafiquante de Saint-Théophile des Mines.
Durant ces trois jours, la ville avait été en proie à une grande agitation, que ce soit le fait des opposants aux magiciens ou bien des soutiens de Victor, car il en avait parmi les personnes connaissant son histoire, que différents médias avaient commencé à évoquer sans pour autant en livrer tous les détails, et soutenant que, si les magiciens ne subissaient pas de discrimination et jouissaient d'une véritable égalité, tout cela ne serait jamais arrivé.
À l'institut Belforde, ce qu'il en ressortait en majorité était que, si les méthodes de Victor n'étaient pas approuvées, on était assez d'accord avec lui sur le fond de ses revendications.
En tout cas, quelle que soit l'issue de ce procès, il en ressortirait quelque chose pour la situation des magiciens, probablement en bien qui plus était. Tout semblait s'arranger, enfin, et tous ces événements qui se profilaient apparaissaient comme un immense soulagement pour beaucoup de monde, notamment à l'institut.
Il restait cependant un problème qui ne semblait pas prendre une voie de résolution, à l'inverse de tout le reste qui paraissaient renter  dans l'ordre, et il s'agissait d'Eléa, ou, plutôt, de la distance qu'elle creusait entre elle et les autres, en particulier Gabriel, depuis maintenant plusieurs jours.
Même si les circonstances s'amélioraient, ce n'était pas le cas de la jeune fille. Elle continuait à se tenir en retrait, à avancer quelques mètres derrière tous les autres et à frôler les murs pour éviter d'effleurer quelqu'un dans le couloir et aussi, surtout, à fuir les regards, à s'isoler, à se couper complètement sans rien expliquer sur ce qui lui arrivait, taisant les causes de ce soudain changement.
Si il y en avait un qui ne supportait plus cette attitude, c'était Gabriel. Bien qu'il manifestait toujours une grande patience envers tous les pensionnaires, comme l'exigeait son rôle de grand frère, actuellement, il arrivait à bout, ce qui semblait plutôt paradoxal puisque Eléa aurait normalement dû être la personne avec qui il aurait dû être le plus patient or, ce n'était pas le cas.
Peut-être était-ce à cause de la situation qui, bien qu'elle paraissait doucement se régler, exacerbait ses mécontentements ou certainement était-ce plus de l'inquiétude pour la jeune fille que de la véritable impatience ainsi que de l'incompréhension pour ce qui la poussait à se comporter de la sorte soudainement.
Il voulait seulement comprendre ce qui lui arrivait et, surtout, l'aider à résoudre ce problème. Il souhaitait l'aider car, si elle ne se confiait pas à lui, à qui le pourrait-elle ?
Sans compter que la voir s'éloigner de lui ainsi, éviter son regard alors qu'il cherchait le rouge du sien, fuir dans le sens inverse lorsqu'elle l'apercevait au bout du couloir, lui faisaient mal, affreusement.
Jamais il n'aurait pensé souffrir à un tel point pour une personne qui refusait de lui parler mais personne n'avait été comme Eléa avant, personne ne l'avait considéré comme elle le faisait. Il désirait seulement pouvoir serrer la jeune fille dans ses bras sans qu'elle ne tente de lui échapper.
Que s'était-il passé pendant qu'il était à l'hôpital, car c'était à son retour que son attitude avait changé ?
Il tenait également à avoir la réponse à cette question.
Alors, puisqu'il ne serait pas parvenu à converser avec Eléa si il l'avait abordé directement de face, elle n'aurait fait que s'esquiver une fois de plus, il avait décidé de la bloquer et de l'obliger à lui fournir des explications.
Le jeune homme patientait donc, juste entre le couloir menant aux escaliers du premier étage et celui où s'ouvrait la porte de sa chambre. Il attendait que les membres de la classe des plus âgés, dont faisait évidemment partie Eléa, reviennent du réfectoire pour regagner leurs chambres. Cela ne tarda pas.
Annoncés par la voix vive de Lison, ils rentrèrent.
Apparemment, tous semblaient fébriles et emplis d'appréhension en cette veille du procès de Victor. Lucille était d'ailleurs encore au poste de police auprès du jeune homme britannique, certainement sous les commentaires acerbes de Lavande dans la cellule voisine. C'était tout à fait compréhensible. Gabriel aurait sûrement également partagé ce sentiment si il n'avait pas été préoccupé par tout autre chose.
D'ailleurs, la source de sa dite préoccupation apparut plusieurs mètres derrière le reste du groupe, les mains dans les poches de son pantacourt noir et le menton bas.
Les autres étaient déjà engagés dans les escaliers alors qu'elle franchissait la porte. En un sens, cela arrangeait Gabriel car les autres ne les dérangeraient pas.
Dès qu'elle se profila de l'autre côté de l'arche, Gabriel tendit le bras pour saisir celui d'Eléa et il la tira à lui jusque dans sa chambre dont il claqua la porte derrière lui.
Surprise, elle émit un petit cri avant de constater que c'était Gabriel qui venait de l'attraper et l'entraîner dans sa chambre de la sorte. Ce qui ne l'empêcha cependant pas de se débattre.
Repoussant Gabriel, elle se précipita vers la porte mais le jeune homme la rattrapa et referma le battant en y appuyant la paume puis, saisissant Eléa par l'épaule, il la fit asseoir de force sur son lit en la retenant des mains sur ses épaules, ce qui déclencha des tremblements et Gabriel nota aussi la panique dans ses yeux.
Inquiet, il la lâcha et s'efforça de la rassurer d'une voix douce en se penchant légèrement vers elle :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant