Installés dans le caravansérail les voyageurs attendent que la tempête se calme à l'extérieur. Tous les commerçants et voyageurs qui s'y trouvaient, dès l'annonce du futur événement, avaient pris soin de faire rentrer leurs bêtes, même s'il fallait payer un petit quelque chose à l'intendance. Mieux valais payer que devoir les bêtes s'enfuir ou mourir prises de peur panique.
Le confort était rudimentaire pour ceux qui payaient le minimum, pour les plus fortunés c'était des appartements spacieuse qui leur était dévolue, avec nombres de services à la hauteur de leurs bourses.
Dans un grand espace commun où se côtoyaient hommes et femmes, croyants et non-croyants, marchands et voyageurs, jeunes et vieux s'était organisé un souk où les affaires, les commérages, les éclats de voix et les rires avaient pris place. La tempête s'abattait avec force contre les murs du caravansérail qui en avait vu d'autres. Par les interstices des portes et fenêtres mal calfeutrés le sable portait par le vent s'engouffrait et venait recouvrir d'une fine couche blonde les objets, animaux et humains.
Les heures passaient et la tempête ne semblait pas s'apaiser. Certains, les plus anciens, disaient qu'ils n'avaient jamais vécu une tempête aussi violente. D'autres des habitués du caravansérail y allaient de leurs comparaisons avec d'autres tempêtes, et ils semblaient tous d'accord, pour dire que ce n'était pas la plus puissante mais peut-être serait-elle la plus longue. Des paris étaient pris.
Les malheureux qui étaient à l'extérieur pouvaient voir le ciel ampli de nuages sombre, épais, lourds, tellement chargé de sable qu'il n'était pas possible de savoir s'il faisait encore jour. Pourtant à quelques kilomètres il faisait encore jour bien que le soleil flirtait tout avec l'horizon.
Dans la grande salle, certains faisaient brûler de l'encens, d'autres avaient préparé des feux, des musiciens jouaient doucement de leurs instruments, des buveurs de thé discutaient, des mères calmaient leurs enfants. Un danseur se mis à suivre la musique d'une flûte.
La musique était douce et mélancolique. Parfois quelques fausses notes venait rompre le rythme, comme si le musicien était en train de composer un nouveau morceau. Cela n'arrêta pas le danseur qui continuait malgré tout, les rôles s'inversaient, c'était au tour du musicien de suivre le danseur. Le flûtiste s'arrêta. Se leva, fit quelques pas tout en secouant sa tunique écrue, pour aller boire et manger quelques fruits secs puis repris ça place. Le morceau fut attaqué avec plus d'assurance cette fois-ci. Toujours aussi doux mais un peu moins mélancolique. Bien qu'il y ait peu de place pour le danseur, les gens s'écartaient pour lui laisser de la place. Tous étaient subjugués par cet homme drapé dans une ample tunique bleu sombre, ceinturé par une épaisse ceinture de cordes tressées, nus pieds et tête rasée. Ces mouvements étaient amples, souple, gracieux. Parfois immobile, seul son visage doux et tanné par les éléments, ces mains ou juste ces doigts dansaient.
Un tambourin au son très grave attrapa le rythme au vol, suivit peu à peu par d'autres instruments. La mélancolie se dissipa, l'énergie était à la fête, des youyous se faisait entendre de partout dans le caravansérail. Pendant un instant la tempête à l'extérieur fut oublié.
L'intendant percevait la situation de manière assez mitigée. En effet, il était satisfait que cela se passe bien et en même temps avait peur qu'il y ait le moindre incident qui ne finisse en émeute. Il priait le tout puissant que cela n'arrive pas. Par précaution, il fit positionner des gardes auprès de la zone réservée à ces riches "invités", au cas où. Pour les autres, ils seront assez grands pour se débrouiller tout seul. La tranquillité des "invités" était sa priorité.Photo : http://www.marionlamy.com/galerie.php
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Etranges contes de Tomtom Tellomnius
FantasyEnsemble de textes/chapitres qui nous rapproche de l'esprit des Milles et Unes Nuits ou de Simbad. Un vizir, dans caravansérail pris en pleine tempête, demande à un conteur de lui raconter une histoire...