ORION (Jarco)

CHAPITRE 4 : AMIS

Jean s'était positionné en face de la vieille cheminée, qui trônait fièrement contre un mur de la salle. Il s'était assez rapidement mis à l'aise chez moi. Le gars aux cheveux bicolores et mouillés par la pluie s'était assis au bord du grand canapé marron pour se rapprocher le plus possible de la chaleur émanant du feu. Il tendait les mains dans sa direction en espoir de les réchauffer le plus possible. Pendant ce temps-là, je balançais mes affaires de cours dans un coin de la pièce et remis correctement le tapis d'entrée sur lequel nous avions essuyé nos chaussures. Jean semblait très intrigué par le nouvel environnement autour de lui et fixait les détails de chez moi avec attention.

Je pourrais qualifier ma maison d'assez simple, normale, mais très chaleureuse. En tout cas moi je m'y sens bien. La pièce principale, où résidait la porte d'entrée, comprenait un grand canapé marron sur lequel j'avais l'habitude d'y laisser des couvertures chaudes, dont Jean s'était déjà accaparé.

Il y avait une grande télévision située en face de ce même canapé, ils étaient séparés l'un de l'autre par une table basse. Ma mère aimait beaucoup les tons marron, beige et blanc, et tout ce qui était fait de bois ; elle avait donc axé la majorité de sa décoration d'intérieur dans ces tons-là.

Elle avait aussi une espèce d'addiction assez incompréhensible avec les plantes ; ma maison en était remplie, vraiment, il y avait des plantes partout, absolument partout, des grosses, des petites, certaines même assez exotiques, et puisque ma mère n'est jamais là, c'était mon rôle de les arroser et c'est probablement pour ça que je les déteste un peu toutes.

J'observe d'ailleurs à travers la fenêtre que la pluie dehors s'est intensifiée. Les gouttes qui se fracassent contre les carreaux forment un bruit fort agréable à écouter. Il a fait vraiment chaud ces derniers jours et ce n'est pas rare de voir éclater de gros orages d'été. J'ai bien fait de faire rentrer Jean au final, ça aurait été un peu bête de le laisser dehors après toute l'aide qu'il m'a apporté. Enfin c'est aussi lui qui m'a fracassé le crâne.

D'ailleurs, en repensant à cela, je porte ma main vers mon front pour enlever les bandages que m'avait posé le docteur Jaeger ; d'une part car je n'ai pas envie de dormir avec et d'autre part car je voulais constater l'ampleur des dégâts. Comment le père d'Eren, un homme si bon et intelligent, a-t-il pu mettre au monde avec sa femme un enfant aussi terrible qu'Eren sérieusement ? Ils auraient amplement dû se contenter de Sieg qui a totalement l'air d'un ange comparé à ce démon.

En me déplaçant face au miroir, je suis pris d'un sursaut de panique. L'image de moi que je contemplais me consternait. J'avais effectivement le sourcil complètement noyé dans du sang séché, où s'étendait une assez grosse cicatrice. J'avais aussi une plus petite entaille au niveau du front, mais je ne pense pas en garder de marque comparé au trou béant situé dans mon arcade sourcilière. Mon œil quant à lui arbore des couleurs jaunes et violettes, qui sont probablement les prémices d'un cocard que je vais devoir supporter pendant plusieurs jours.

-       Je suis vraiment désolé, me dit Jean en fixant les braises de la cheminée. La prochaine fois, j'arriverai en retard sans courir pour ne pas t'amocher si tu traines dans les couloirs.

Je n'avais pas remarqué, mais cela faisait plusieurs minutes que Jean et moi ne nous étions plus adressé la parole. La façon dont il brisa le silence cette fois-ci ne me surprit pas. Il avait une voix douce et reposante à laquelle je m'étais enfin habitué. Je pourrais l'écouter parler de la pluie et du beau temps pendant des heures durant. Jean lança un regard dans ma direction, et en me voyant dans mes pensées à le fixer sans rien répondre, il enchaîna :

-       D'ailleurs, pourquoi étais-tu dans les couloirs et pas en cours ?

-       Euh, j'étais avec une amie à moi et je n'avais pas entendu la sonnerie retentir...