CHAPITRE 7 : REGRETS

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POV Marco : Mardi 4 septembre, 12h00.

La sonnerie marquant la pause du midi retentit. J'ai beau aimer les cours dispensés en histoire, je dois bien avouer que c'est la première fois que je trouve un cours de cette matière aussi captivant et riche en rebondissements. Je n'en reviens à peine.

Je commence à ranger mes affaires à la hâte, je ne peux patienter plus longtemps. Je me sens extrêmement excité depuis un petit moment à l'idée de raconter à Ymir le spectacle du début d'heure. D'ailleurs, je n'ai pratiquement rien suivi du cours tellement mon cerveau était en ébullition à force de cogiter là-dessus. J'en viens presque à oublier les obscénités et l'acharnement qu'il y a eu envers moi au début du cours. Merci Eren d'avoir servi de diversion pour une fois. Au fond de moi c'était assez jouissif la façon dont son demi-frère l'a remis à sa place.

Ce dernier était toujours aussi rouge à sa table. Sieg n'avait pas à balancer tout ça au beau milieu de la classe. Certes, je lui suis reconnaissant de m'avoir défendu d'une certaine manière. Mais ça reste quand même choquant. J'ai beau ne pas aimer Eren, il m'en a presque fait de la peine. Au passage, je n'ai entendu strictement aucunes moqueries dans la classe à son égard. Je vois qu'entre lui est moi, le traitement de faveur n'est pas le même.

Je saisis mon sac en toute hâte et traverse le rang, en esquivant les gens de ma classe, et fonce à travers le couloir. Je tourne sur ma gauche et pars dans la direction opposée de celle par laquelle je suis arrivé ce matin, pour partir vers la cantine du lycée. En saisissant mon téléphone dans ma poche, je remarque qu'Ymir m'a laissé un message. Elle m'indique dedans qu'elle m'attend au réfectoire et qu'elle a déjà réservé une table pour nous avec Sasha, Connie et Historia. Elle me supplie aussi d'essayer de voler quelques morceaux de pain supplémentaires au réfectoire car Sasha aurait déjà boulotté tous les siens. C'est une sacrée histoire d'amour entre elles.

En descendant les escaliers, je me rends compte que je suis sorti sans même prêter la moindre attention à Jean. Et pourtant ce n'est pas comme s'il avait occupé presque toutes mes pensées depuis deux jours... Au fond, je suis un peu triste en me remémorant la matinée. Je me suis retourné plusieurs fois pendant le cours tout en faisant semblant de chercher quelque chose dans mon sac, et à chaque fois Jean avait le regard fixe devant lui. Il ne regardait absolument pas dans ma direction malgré mes essais pour établir un contact. J'ai même eu l'impression qu'il se forçait à détourner le regard.

Tout compte fait, à aucun moment je n'ai pu trouver en lui la moindre sympathie ou même du réconfort après ce qui m'est arrivé. Il n'a même pas essayé de prendre ma défense alors qu'on est censé être amis... Ymir aurait pris ma défense, elle. Je repense soudainement aux phrases de Jean qui percutent d'un coup dans mon esprit.

« Quand tu vis aussi longtemps sans amis et sans attirer la lumière sur toi, je suppose que c'est facile de savoir se rendre invisible et disparaître devant les gens »

De plus ce n'est pas la première fois qu'il fait une allusion au nombre d'amis que je possède. Déjà, chez moi, je me souviens vaguement d'une remarque dans ce genre. En fait, je me demande vraiment si Jean veut être mon ami ? Peut-être qu'il veut juste être un camarade de classe et rien de plus. Et si cela se trouve, il esquivait tout simplement mes regards en cours car il avait honte de moi. Qui voudrait un ami comme moi qui se fait humilier publiquement en cours et le tout sans rien dire ?

Oui, maintenant je commence à le comprendre. Je ralentis ma cadence au milieu des escaliers. Je ne me sens pas bien. Comment j'ai pu penser ne serait-ce qu'une seconde qu'on serait amis ? Ami avec une merde comme moi ? Je sens mes joues se réchauffer subitement. J'en viens à marquer une petite pause au milieu de cette très sombre cage d'escalier. Mes yeux me picotent et je ressens une larme qui commence à couler tout en haut de ma joue gauche.

ORION (Jarco)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant