ORION (Jarco)

CHAPITRE 12 : RONCES

POV Marco. Mercredi 12 septembre, 23h00.

Mon cœur brûle ardemment au milieu de cette nuit pourtant bien froide. Après une journée beaucoup trop intense en émotions, le clou du spectacle se manifeste enfin. Une ombre furtive se précipite hors de la demeure des Kirschtein à vive allure. Alors que mon instinct me pousse à me mettre à l'abri des regards dans mon jardin, une petite silhouette saute avec habilité le muret des voisins. J'arrive à distinguer une personne aux cheveux noirs. Cette dernière commence à s'élancer avant d'être rattrapée in extremis par quelques cris.

-       Mikasa, attends ! s'exclame une voix qui me fait frémir instantanément.

L'ombre brunâtre, sur qui j'arrive dorénavant à mettre un nom, se fige sur place sans se retourner. Plus loin, je remarque une personne, qui ne peut être autre que Jean, partir à sa poursuite. Arrivé à sa hauteur, le châtain garde deux bons mètres de distance avec celle qui est maintenant sa petite amie. Cette dernière daigne enfin se mettre face à lui pour l'observer.

Les amoureux sont plantés là, à se regarder en chien de faïence, sans bouger. Jean eut un sursaut. Il s'approche d'elle. Sans un mot, il passe sa main derrière sa nuque et l'embrasse timidement, au cœur de toute cette noirceur. La jeune fille, à ma surprise, retire presque immédiatement ses lèvres de celles du châtain. Jean et moi fixons dorénavant Mikasa avec le même état d'hébétement. Sans en dire plus, la fille aux magnifiques traits asiatiques prit la fuite.

Jean ne bouge plus depuis le départ de sa dulcinée. Il a la tête plongée vers le bas, son regard fixe le sol, il ne donne plus aucun signe de vie. Je n'arrive pas à distinguer quelle attitude son visage arbore. Les pulsions rythmées par mon cœur s'accélèrent. Tout mon corps me pousse à aller retrouver mon ami pour le soutenir. Tout dans cette scène m'indique que quelque chose cloche. Après une longue hésitation, je prends mon courage à deux mains et quitte ma cachette pour rejoindre celui pour qui mon corps tremble. Arrivé à la lisière entre l'ombre de mon jardin et le monde où Jean s'était enfermé, ce dernier se retourne brusquement.

Je me fige à son mouvement. Le châtain, dans un moment décisif, rebrousse chemin lentement jusqu'à chez lui, l'air penaud. Les semelles de ses chaussures traînent contre le sol poussiéreux de la vieille route séparant nos habitations. J'hésite. Je ne sais plus. La vitesse si lourde à laquelle se déplace Jean m'invite comme à crier son nom pour le retenir. Tout me pousse à aller le voir. Finalement, c'est avec un gout amer, que je vois disparaitre l'ombre de celui pour qui je ne sais pas ce que je représente réellement, derrière la porte de sa maison. Je reste planté là, sans que le moindre son ne sorte de ma gorge, et je contemple la lumière du porche s'éteindre plongeant la rue dans le noir le plus total.

Jeudi 13 septembre, 14h15.

Les cours de la journée viennent de se finir dans le tumulte. Mon professeur d'allemand, censé nous faire travailler deux heures à la suite, n'est pas là. Hélas pour moi, Ymir, Historia, Sasha et Connie sont en cours. Je me retrouve donc à vagabonder dans le lycée. Après être passé rapidement aux toilettes, je me décide de partir à la bibliothèque. Je réfléchis à quel cours je vais bien pouvoir réviser pendant tout ce temps lorsque j'arrive devant les grandes portes en marbre de cette dernière. Je m'assois naturellement au fond de la grande salle, vers une petite table isolée, histoire d'être tranquille. En plus de cela, c'est une des rares tables à être proche d'une fenêtre, ce qui en fait celle avec la meilleure luminosité. La vue n'est pas mal du haut du deuxième étage.

Alors que je n'ai même pas commencé à sortir mes affaires, je sens une main me frôler l'épaule.

-       Salut Marco, prononce Bertold tout en mimant un sourire.