CHAPITRE 11 : VILLE DE NUIT

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POV Marco. Mercredi 12 septembre, 19h20.

La journée fut longue. Si longue. Je viens d'arriver à la maison. Il n'y a aucune lumière apparente à travers les carreaux des fenêtres de chez moi. J'avance péniblement jusqu'au pas de la porte. J'ai l'impression que mon corps est complètement vide. C'est à peine si j'arrive à trainer mes pieds. Mes chaussures rappent le sol, manquant de me faire trébucher à chaque pas. Le soleil se couche bien vite aujourd'hui. Il est déjà à la lisière formée par le ciel et la barrière que représente les grands sapins des voisins.

La tête baissée à fixer le sol désormais bien froid, je pousse la porte de ma maison pour y découvrir l'immense espace vide qu'elle renferme. Toutes les lampes sont éteintes. Le salon de ma maison n'est illuminé désormais que par la faible lueur du dehors. Je recherche où est-ce qu'a bien pu disparaitre ma génitrice. Mon salon adopte des couleurs bleu-nuit teinté de rouge vif à quelques endroits, s'appropriant la forme des ombres des sapins qui se projettent à travers les fenêtres. Peut-être est-elle déjà partie s'enfermer dans sa chambre ?

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu cette envie. Ce désir de parler à ma mère. Ce besoin qu'elle ne m'a pas accordé plus petit. Pour la première fois depuis une éternité, j'ai besoin de son réconfort et d'être au près d'elle. J'ai besoin de me rassurer, savoir que quelqu'un m'aime et sera toujours là pour moi. Je dépose mon sac à dos dans l'entrée de la maison. C'est à peine si je pense à refermer la porte derrière moi tellement je suis préoccupé. Sans un bruit, j'arpente les parois de ma maison aux teintes de plus en plus froides à la recherche d'un peu de chaleur humaine.

Rien. Personne. Le néant. Plus les secondes passent, plus les ténèbres envahissent les pièces. Mes pieds guident le corps sans âme que je suis depuis quelques heures. Machinalement, ma main accroche un interrupteur. J'allume la lumière. C'est sûrement mon instinct de survie qui a trouvé ce dernier. Quelques pas de plus dans toute cette pénombre et j'aurais glissé au sol pour me laisser mourir. Je suis de nouveau dans le salon. Les photons que génèrent chaque ampoule sont comme un regain d'énergie.

Mes yeux se posent rapidement sur tous les objets de la salle. Je remarque rapidement une présence inhabituelle dans ce décor. Un petit carré rose scintillant est placé sur la table de la cuisine. Ma gorge se noue. Je sais ce que tout cela signifie. Je m'approche de ce petit bout de papier pour le saisir. Mon poing rempli de frustration froisse ce dernier quelques instants après, avant de le jeter à même le parquet.

-       Elle est repartie, me lamentais-je.

Un petit rire suivi d'un soupir m'échappe. La tête toujours plus basse, je viens m'assoir sur un coin du canapé. J'appuie mes coudes contre mes cuisses et contemple le sol. Je n'ai rien d'autre de mieux à fixer, les muscles érecteurs de mon dos ne voulant plus fonctionner. Je... je ne sais plus. Que faire ? Je n'ai plus rien à faire. Dans un dernier effort très vorace en énergie, je décide tout de même de saisir mon téléphone, à la recherche d'une quelconque trace de notification pouvant me servir de radeau au milieu de toute cette tristesse.

Ymir. Elle me dit de l'appeler si je veux parler avec elle. Je n'ai pas envie de parler. Surtout de cette fin de journée qui risque d'hanter déjà ma nuit. Je sais d'avance que je ne vais pas en dormir. Autant repousser ces pensées le plus longtemps possible. Il y a d'autres notifications, notamment des stories de Sasha et Connie. Est-ce que j'ai envie de me faire du mal maintenant ou plus tard ?

Je maintiens quelques secondes les boutons latéraux de mon téléphone enfoncés jusqu'à sentir une légère vibration. Suite à cette dernière, mon doigt balaye de gauche à droite l'écran du téléphone, éteignant mon moyen de communication. Je le pose délicatement sur le rebord de la table basse en verre. J'ai toujours pris soin de mes affaires, en particulier mon téléphone, de peur de ne rayer l'écran ou l'objectif de l'appareil photo.

ORION (Jarco)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant