CHAPITRE 13 : PARDON

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Jeudi 13 septembre, 19h30.

Une heure après avoir commencé à réviser avec Jean, nous décidons de faire une pause. Le cerveau du châtain est en ébullition. Ses méninges payent le nombre d'heures passées à faire autre chose en classe plutôt que de suivre les cours de biologie. En soit, il comprend assez vite et est assez logique, ce qui me surprend. Jean pourrait même facilement avoir d'excellentes moyennes, dommage que ce type soit aussi fainéant et se contente du minimum.

- Donc, si j'apprends tout ce que tu m'as dit pour demain, je peux vraiment réussir l'interrogation ? questionne le garçon en se tirant les cheveux frénétiquement.

- Oui, c'est ça, lui dis-je avec un sourire satisfait. La professeure est gentille, elle ne fait pas de piège. Si t'es logique, t'auras pas de problèmes.

- Okay, bon... c'est déjà ça de fait, me répond-il plus détendu.

- Tu veux faire la suite maintenant ?

Jean se lève du lit. Il observe la fenêtre quelques instants avant de partir en direction de son armoire.

- Cela te dit d'aller manger quelque chose ? marmonne le châtain en fouillant dans ses affaires. Le soleil va se coucher bientôt, c'est le moment ou jamais.

- Euh, j'avais prévu de manger chez moi mais... pourquoi pas ? De toute façon, personne ne m'attend chez moi... lui répondis-je.

À l'entente de mes derniers mots, le visage de Jean se referme légèrement. Je ne me plains jamais d'être seul, au contraire, c'est souvent dans ces moments que je me sens le plus reposé. Mais le garçon aux cheveux pâles n'a pas l'air heureux de me savoir renfermé dans mon coin.

- Je suis désolé de ne pas avoir été à tes côtés ces derniers temps, me témoigne avec beaucoup de regrets le châtain. J'aurais dû t'envoyer plus de messages... Disons que j'ai été légèrement occupé...

Je détourne la tête à ses paroles. Je regarde à mon tour le soleil couchant par la fenêtre. Le gros chat roux profite de son dernier bain de soleil sur le rebord de cette dernière. Jean a pour la première fois fait référence à Mikasa dans une de nos discussions. Même si un pincement au cœur subsiste toujours, je me dis que c'est le bon moment pour savoir ce que ressent vraiment mon voisin. Un sourire se dessine sur mon visage une nouvelle fois en observant le félin.

- Il est mignon, hein ? me glisse une voix dans le creux de mon oreille.

Je me retourne instinctivement et me retrouve face à face avec Jean, nos nez sont à quelques millimètres à peine de se toucher. Le châtain ne bouge pas d'une oreille malgré cette proximité. Jean sourit. Il admire de ses petits yeux ambrés son chat, d'une fierté épatante. Il s'est approché de moi avec une rapidité et discrétion impressionnante.

- Je... oui, il est mignon... soufflais-je au châtain tout proche en baissant mes yeux sur ses lèvres.

La chaleur de mon souffle s'écrasant sur ses joues sort Jean de son état de béatitude. Dans un rapide moment de flottement, qui semble durer une éternité, mon voisin détache ses yeux de son animal pour se concentrer sur moi. Un léger haussement de sourcil trahit son étonnement général au moment où il remarque que je fixe sa bouche. Le châtain prend soudainement conscience de la distance infime qu'il a instauré entre nos deux visages il y a quelques instants. Le garçon étant dorénavant figé, je décide de relever mon regard à sa hauteur.

Jean ne bouge toujours pas, il me fixe de ses petits yeux vifs. Ne sachant quoi faire ni quoi dire, je reste tétanisé dans ma position. Jean est prostré légèrement au-dessus de moi. Je sens les pulsions de mon cœur s'accélérer. J'arrive à sentir que Jean retient maintenant sa respiration. Alors que je me perds toujours un peu plus dans ses pupilles, des frissons me parcourent le corps et mon ventre se noue. Soudain, un cognement retentit en bas. La mère de Jean fait une apparition inattendue dans les escaliers. D'un mouvement prompt, son fils se retourne sur le côté et bascule à l'autre bout du lit.

ORION (Jarco)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant