Mercredi 7 novembre, 21h30
Nous finissions tous de manger dans la grande salle commune que les Freudenberg avaient battis. Les chalets étaient tous composés majoritairement de bois, rendant les lieux chaleureux, avec des grands lustres qui pendaient du plafond. La famille de Marlo s'était montrée accueillante et plutôt calme malgré l'arrivé d'une vingtaine d'adolescents chez eux.
Je m'étais retrouvé en bout d'une petite table faite de chêne, à côté d'Ymir. Ma meilleure amie semblait perdue par moments. On lui parlait, mais il fallait souvent lui poser les questions plusieurs fois avant qu'elle se rende compte qu'on lui adressait la parole.
- Tout va bien ? lui demandais-je.
- Ah, évidemment, pourquoi ?
- Je ne sais pas trop, je demandais cela comme ça... D'habitude, t'es plus énergique, alors je pensais qu'il y avait un souci.
- Un souci ? C'est toi qui dis ça ? T'as pas décroché le moindre mot depuis tout à l'heure, objecta-t-elle.
Sasha et Hitch suivaient d'un coin de l'œil la discussion. Effectivement, j'étais plutôt mal placé pour reprocher à Ymir d'être dans les vapes. J'étais moi-même très troublé par ce que m'avait dit Jean, une fois de plus.
- Désolé, c'est vrai. Je pense que c'est la fatigue, lui répondis-je.
- T'inquiète, moi aussi j'suis extenuée, continua-t-elle.
Nous échangions quelques regards furtifs, presque honteux de nous voir dans cet état. Certes, j'avais menti, mais je savais qu'Ymir aussi. M'enfin, j'essayerai probablement de lui tirer les vers du nez le lendemain.
- Bon, dit Sasha en s'approchant doucement, je ne suppose qu'aucun de vous ne va toucher à son dessert ?
Nous poussions nos yaourts en direction d'elle en guise de réponse.
- J'vous adore, merci !
- Tu manges pas ton dessert ? me suspecta Annie.
- Non, je suis pas très fan des riz-au-lait, répondis-je en tirant la langue.
- Mais tu n'as rien avalé de la journée ?
- Si, j'avais mangé un bout ce matin avant de partir.
Annie laissa tomber sa tête vers son épaule, peu convaincue. J'avais légèrement perdu l'appétit ses derniers temps. Cela m'arrivait fréquemment dans ma jeunesse, et c'était souvent de petits évènements contrariants qui me les provoquaient. Annie arracha finalement quelques morceaux de pains qu'avait planqué Sasha dans son sweat ; n'oubliant pas de lui donner une leçon au passage. La blonde m'ordonna par la suite de les emmener dans ma chambre, au cas où un petit creux me surprendrait pendant la nuit.
Une fois chaque repas débarrassé et les lieux laissés aussi propres qu'à notre arrivée, nous partions tous dans de plus petits chalets pour prendre possession de nos chambres. J'abandonnais ainsi les filles au pas de course pour rejoindre Connie, Jean et Reiner, qui patientaient tous à l'autre bout de la salle. En ralentissant ma course à leur approche, seul Connie semblait enjoué de me revoir. Au contraire, Jean et Reiner présentaient des visages froids et beaucoup plus fermées.
- Tout va bien ? m'inquiétais-je.
- Oui, pourquoi ça ? me répondis le châtain.
Jean me regardait avec insistance, une expression pourtant résignée sur le visage. Les garçons m'entrainèrent dehors, sur les chemins glacés qui craquelaient sous nos chaussures, à la recherche de notre petit logis. Seuls Connie et moi faisions la discussion, trahissant bien la tension palpable qui tenait en otage Jean et Reiner. Peut-être s'étaient-ils disputés ?
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ORION (Jarco)
Fiksi PenggemarMarco est un garçon timide qui fait sa rentrée en terminale. Alors qu'il pensait faire une année banale comme toutes les précédentes, une succession d'évènements imprévus pousseront le jeune garçon dans des situations difficiles où il devra prendre...