10/ Louves

32 2 26
                                    

La petite famille a usé du roi Cerf comme d'un laisser-passer jusqu'à parvenir à quitter la région. Puis ils ont relâché le roi qui est directement rentré dans sa cité.

Fangorn avait déjà été renommé à la tête du village. Donc celui-ci reprit son rôle dès qu'il entendit le retour du roi en sa demeure.

Fangorn était quelqu'un de simple à la base. Un homme de bonne volonté voulant plaire au roi en accomplissant ce pour quoi il avait été missionné. Seulement, il n'avait pas du tout le charisme nécessaire pour être un vrai leader. Arminius faisait peur lui au moins, et la sécurité de Kotel était garantie.

Avec Fangorn la ville était bien moins gardée qu'auparavant. On ne peut pas enlever ça à Arminius. Toutes ses économies lui avaient permis de se pailler une sacrée armada.

Moi, j'avais retrouvé la rue... Je bénéficiais de la bourse que Roderic m'avait offert. Alors ma vie à la rue me fut beaucoup plus agréable. Voulant devenir beaucoup plus autonome, j'ai décidé de me tourner vers la chasse. J'ai commencé à me développer dans ce domaine. J'étais un solitaire, je n'avais plus d'amis à l'époque et ma longue période d'esclavage m'avait coupé de toutes sociabilités.

J'ai vécu reclus durant deux ans encore.

J'étais devenu plutôt aguerri à la chasse. Mais c'est en partant pour une nouvelle aventure dans les bois que je suis tombé nez à nez avec un loup... Sans doute en chasse lui aussi. Un énorme loup blanc aux yeux jaunes rappelant le clair de lune. C'était cet animal qui agissait dans la zone depuis quelque temps et faisait fuir le gibier.

Tomber nez à nez avec un tel carnivore à même pas 14 ans, je t'assure que ça fige. J'ai d'abord eu peur... Puis les poils de la bête ce sont hérissés. J'ai agrippé l'arme de bois et de pierre que je m'étais fabriqué et j'ai crié au monstre d'attaquer. J'ai hurlé comme pour reprendre courage et comme si il m'avait compris, il m'a foncé dessus.

Je l'ai combattu quelques instants puis j'ai remarqué une blessure au flanc de l'animal. Une blessure importante. Puis tandis que je me concentrais pour rester en vie et ne pas me faire saisir à la gorge, j'ai glissé en avant et j'ai fini à quatre pattes. Mon visage s'est retrouvé juste en face de celui du canidé. Mon seul réflexe a été de placer mon avant bras en protection. Il l'a saisi sans pitié avec sa gueule et s'est acharné dessus pour me l'arracher. La douleur était telle que je n'arrivais plus à me concentrer.

Et c'est à ce moment précis que Larwa est apparue de nulle part en hurlant comme une folle. Elle a tiré une première flèche dans le corps du loup. Celui-ci a vacillé puis Larwa lui en a tiré une deuxième... Qui lui a traversé la gorge...

Le loup a alors titubé quelques instants tandis que sa respiration sifflait de plus en plus. Puis ta mère s'est placée au dessus de moi en m'enjambant et a continué de tenir le loup en joue.
Le loup et elle se sont fixés quelques instants avant que l'animal ne s'effondre dans un bruit sourd.

Larwa s'est alors tournée vers moi et s'est rapidement empressée de constater mon état de santé :

- Ça va aller, ne t'inquiète pas. Mon père va te soigner !!! PAPA PAR ICI !

La douleur était atroce et insupportable. Puis comme de juste, Alexander arriva jusqu'à notre niveau. Il était en compagnie des membres du groupe des chasseurs du village. Tous observèrent la scène et constatèrent la mise à mort de l'animal...
Je fus ramené jusqu'à la demeure de Larwa puis pris en en charge.

Son sauvetage lui avait débloqué un nouveau surnom par la suite : La Louve.

Elle avait tué une bête sauvage et dangereuse.

D'ailleurs, le loup qui avait été abattu, ce jour là, était en réalité une louve... Une mère protégeant ses petits cachés dans une tanière juste derrière le lieux de l'affrontement. Les petits louveteaux demeuraient désormais sans parents, alors Larwa s'est mise à cœur de les nourrir et de s'occuper d'eux.

Elle estimait que c'était la moindre des choses après avoir prit la vie de leur mère. C'est ainsi que pendant mes deux semaines chez les Alexandersson, Larwa s'est occupée de moi et des deux louveteaux restés dans leurs habitats.

Moi, je commençais à la regarder d'une autre manière. Elle prenait soin de moi. Elle m'avait sauvé la vie. Et elle trouvait encore l'énergie pour s'occuper des enfants des rues et des louveteaux. Elle avait pris de l'âge et ses traits d'enfants commençaient à laisser place à un petit bout de femme. Sa poitrine, ses hanches, sa voix...

C'est pendant ces deux semaines... Que j'ai enfin eu l'envie de lui ouvrir mon cœur et de m'abandonner à elle.

C'est durant ces deux semaines...
Que j'ai commencé à avoir une miriade de sentiments contraire à l'égard de Larwa...

Après tout, elle m'avait sauvé la vie...

- Mmmmh... C'est ce que vous appelez la pulsion sexuelle ?

- Oui... En quelque sorte... Disons que c'était un début de ça.

- Je vois... Et donc... Que s'est-il passé ?

- Après ça, ta mère et moi sommes devenus inséparables... Je t'explique...

Saga: Larwa AlexanderssonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant