15/ Prime

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Quelques jours plus tard, Larwa et moi nous retrouvions sur le toit de sa maison. C'était le soir, et la lune était quasi pleine. Je ne l'avais pas vu de la journée alors qu'on avait pour consigne de rester proches les uns des autres. C'était Alexander, en personne, qui nous l'avait ordonné car Fangorn ne s'était pas arrêté à la simple menace. Il avait littéralement décidé de ne plus rémunérer les services qu'on lui rendait. Donc en échange, on avait cessé de lui fournir de la viande et des baies. On les gardaient pour nous désormais, ce qui nous valait de se faire agresser par les hommes de Fangorn. Le climat en ville était devenu comme une poudrière et les deux sœurs et moi-même ainsi que Borétions vu comme des pestiférés par le Seigneur de Kotel. C'était dingue, les nerfs étaient à vifs... Mais on tenait... On était des gamins, mais on tenait.

Je te disais donc que j'ai rejoins ta mère sur le toit de sa maison après une journée entière dans laquelle nous ne nous étions pas vu:

- Excuses-moi... Je cherche une grosse rouquine à la coupe au bol. Tu ne l'aurais pas vu par hasard ? la taquinai-je.

- Oh mais bien sûr, elle est sûrement dans le cul de ta sœur. Va-y faire un tour, tu la croiseras sûrement, repondit-elle dans un sourire.

- Ahahah ! C'est rude, cette fois, dis-je en m'asseyant à ses côtés.

- C'est ta punition pour m'avoir ignorée toute la journée.

- Je travaillais à notre rêve. Et toi aussi, tu m'as manqué.

- Oui... Bah il va falloir qu'on trouve une autre stratégie parce que là... Il va être sacrément menacé.

- Ah oui ? Pourquoi tu dis ça ?

- Tiens, je te laisse en juger, déclara-t-elle en me présentant un prospectus qu'elle avait dans les mains.

Je saisis le papier et découvrit qu'il s'agissait d'une affiche. L'image de Larwa avait été dessiné à l'intérieur d'un cadre. Un dessin de couleur, particulièrement bien fait, la représentant en train d'afficher un sourire. Un sourire que je qualifierais de... 'hautain'.

La Larwa sur l'affiche dégageait du charisme et de l'assurance. Ça en était plutôt perturbant. Juste en dessous de son image étaient écrits son nom et son prénom en grosse lettre ; Larwa Alexandersson dite La Louve.
Et encore en dessous, il y avait 'Criminel de rang : C' d'inscrit et encore plus bas, sa prime officielle...
Ta mère valait désormais 1000 calculus.

Je prêtai ensuite attention aux écrits qui se trouvaient souvent en dos de document. Ils décrivaient en général le pourquoi de la prime de recherche. Le descriptif que je découvris indiquait ; ' Noble Koteloise. Leader d'une bande non soumise à l'autorité locale. Associée à Le Loup Noir et à La Femme à l'arc. À capturer vivante'

Voilà ce que les Illuminés avaient noté à son propos...

- Je vois... Maman était officiellement devenue une criminelle maintenant.

- Oui... Elle allait dorénavant devoir tout le temps regarder par dessus son épaule. C'était le tout début de notre entrée dans la cour des grands.

J'ai fixé le prospectus durant quelques instants et suis resté bouche-bée du travail fourni par les portraitistes. En général, il fallait de nombreux témoins pour ériger le portrait d'un criminel. Souvent, il y avait des ombres ou des témoignages qui ne concordaient pas et rendaient difficile la création du portrait.

Là, les détails du visages étaient parfaits et dignent des plus grands criminels. Cela voulait dire que c'était très certainement des individus hauts placés qui avaient insisté pour présenter un portrait de qualité. Elle avait dû être fortement observée. Ce fût un détail qui je décidai de lui partager :

- Larwa... Pour avoir un portrait comme ça, il faut soit être au moins un criminel de classe A ou soit que des gens dans le village t'aient observés d'assez près.... Des gens qui te côtoient.

- Je sais, mais je vois mal les gens de notre groupe donner ce genre d'infos aux portraitistes.

- Je ne parle pas de nos amis, Larwa. Mais de quelqu'un qui a assez de pouvoir et d'influence pour exiger que le portrait soit soigné.

- Pfff. Fangorn hein...?

- C'est bien celui à qui je pense...

- Que ce soit lui ou pas. Je vaux 1000 calculus désormais. Et étant donné notre relation avec ce type, on est pas à l'abri qu'il vienne jusqu'à la maison pour me capturer.

- C'est vrai... Mais je le laisserai pas faire une telle chose.

- Non, arrête d'être fou. Il va falloir que je déserte je n'ai plus le choix. C'est tout.

- Tu veux quitter le village?

- Bien sûr que non. Ici, c'est chez moi. C'est là que se trouvent les gens que j'aime. Seulement, je veux éviter le déshonneur à mon père et ma sœur.

- Tu peux venir chez moi. J'habite aux abords du village. On pourra continuer de gérer notre groupe depuis là-bas...

- C'est ce que je pensais aussi... Il faut juste espérer que Fangorn me laisse tranquille après.

- On verra bien. Va prévenir Alexander. Je t'attends en bas.

Larwa est ensuite descendue avec moi puis elle a rencontré son père. Je les ai laissé ensemble par respect.

J'ai croisé Mawra et en ai profité pour lui annoncer la décision de la Louve. Celle-ci a accepté la situation puis deux heures plus tard, on se retrouvait dans ma maison.

Saga: Larwa AlexanderssonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant