12/ Convictions

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Larwa voyait une unification de tous les enfants des rues de Kotel. Elle voulait créer quelque chose de solide et d'attrayant. Un quelque chose qui donnerait de l'intérêt même à
un têtu comme Elendir.
Elle voulait que les jeunes s'unissent et démontrent leur utilité et leur bienveillance aux aînés. Elle voulait changer les mentalités.

Ainsi donc les jours suivants ont vu la mise en place de ce projet fou.

Larwa, Mawra et moi on a passé du temps à parler avec tous les jeunes des rues.

Quant à moi, j'ai finalement décidé de partir voir Elendir dans le dos de Larwa. Je ne voulais pas totalement aller à l'encontre de ses projets mais il devait être averti que désormais, la Louve ne serait plus seule avec sa sœur. Le Loup Noir de Kotel surveillait ses arrières.

Ce baltringue ne l'a plus jamais regardé dans les yeux après ça... Malgré qu'on soit originaire du même village, je n'ai jamais pu supporter cet homme. Il est resté toute sa vie à un faible niveau.

Honnêtement, notre entreprise a prit du temps. Il fallait qu'on démarche les enfants des rues uns par uns. Moi, je n'avais plus le même charisme que d'avant Arminius. À ma libération, je m'étais rapidement isolé et avait décidé de me consacrer à moi plutôt qu'à la vie des quartiers Kotelois. Ainsi donc, mon visage et mon souvenir n'avait plus le même impact qu'avant, et ne pouvait faire son effet qu'avec des bouffons comme Elendir. Pour Larwa et Mawra, c'était pareil.

Si ce n'est pire.

Elles, elles étaient les filles d'un haut dignitaire de Kotel. Alexander avait été anobli et il disposait d'une richesse lui permettant de vivre dans un confort et une demeure spacieuse. Du coup, Larwa non plus n'avait plus la crédibilité et le charisme nécessaire pour comprendre les enfants des rues. Il nous fallait insister, ruser et souvent se battre pour obtenir du respect et de la crédibilité. Larwa n'approuvait pas l'idée mais elle portait ses fruits.

Quelle époque...

Larwa était un vrai garçon, elle ne lachait jamais et elle n'avait VRAIMENT peur de personne. Je pouvais me retrouver devant cinq, six, sept, dix ou même vingt opposants, Larwa demeurait toujours à mes côtés. Soit à essayer de tempérer, soit à se livrer à un échange de coups. Mawra était plus douce et féminine mais elle avait elle aussi du cran et assez de courage pour toujours être fidèle à sa sœur. Elle voulait lui faire honneur et se battre à ses côtés. Cependant, c'était plutôt moi et la Louve qui allions au devant, quand on savait qu'il y avait de fortes chances que ça tourne à la querelle de rue. Car Larwa devenait complètement folle si on touchait ou s'approchait de sa sœur, du coup...

- Du coup, Tata Mawra n'a jamais participé aux hostilités avec vous...

- Si. Ta tante savait parler. Et puis que ça reste un secret mais Mawra, elle aussi, n'avait pas froid aux yeux. Elle a toujours été une rose avec des épines.

- C'est fou de se dire que vous vous preniez des coups alors que vous ne cherchiez qu'à unifier les garçons et les filles de Kotel.

- Je suis d'accord avec toi, petit. C'est dire à quel point nous étions des gens brisés et méfiants. Tu n'imagines pas à quel point c'est dur, de faire valoir ce qui est bon pour une personne quand elle estime que ce n'est pas le cas.

Notre trio de mal-aimés a continué ainsi durant plusieurs mois.

- Des mois entiers ?!?! Vous n'en avez jamais eu marre de vous prendre des coups tous les jours ?

- Eh bien, bizarrement... On se savait sur la bonne voie ! On savait que ce ne serait pas facile. On savait qu'on allait sûrement avoir des baisses de morale. Mais notre conviction, et le soutien que l'on s'apportait, ont faits que nous étions dans un état d'esprit de vainqueur. On était beaucoup trop déterminé. À un point, qu'on avait l'impression que tout ce qu'on faisait était destiné à aboutir. Je sais pas si tu comprends ce que je veux te dire.

-Plus ou moins... Si j'ai bien compris, tu parles d'un état d'esprit. Mais en même temps d'une évidence.

- Oui, c'est à peu près ça. En faites, tu dois vouloir une chose et tourner tes actions à l'accomplissement de cette chose. Ton cerveau l'indiquera à ton corps et ton corps et ta tête iront de paires. C'est là que tu changeras ton aura et que ton aura changera le monde qui t'entoure. Tout ira dans ton sens... Et c'est ce qu'il c'est finalement passé. Car certains et certaines finirent par accepter qu'il était temps de se faire respecter. Il n'y avait pas d'autres choix possible si on ne voulait plus être vu comme des ordures ou des délinquants. Nous DEVIONS faire corps et agir ensemble.

Environ un an plus tard, l'objectif était enfin atteint...

J'habitais toujours dans ma petite cabane mais tout le monde avait le nom de la Louve et du Loup Noir à la bouche. Elle et moi étions vraiment contents de ce qu'on avait accompli. La petite centaine d'enfant des rues de Kotel voyait finalement dans la même direction. C'était magique de se sentir aussi important et écouté.
Avec les jeunes, on nettoyait les rues, on participait à la chasse quotidienne, on aidait Fangorn dans ses travaux domestiques, on servait de coursier à qui dans le besoin. On assistait la garde de Fangorn et nettoyait les armes. Nos journées étaient toujours bien remplies. Nos cœurs aussi. On avait, néanmoins, encore des déficits au niveau de l'argent... De la nourriture... Et de la sécurité...

Ce sont ces quelques points qui nous ont faits défauts et qui nous ont progressivement faits rentrer dans une nouvelle ère.

Je me rappelle encore de cette conversation comme si c'était hier...
Nous venions tous de finir de nous baigner dans la rivière, et nous retrouvions tous dans la demeure Larwa.

Il y avait les deux sœurs et moi ainsi que Bor, un ami, et les deux louveteaux dont Larwa avait pris soins. Ils avaient grandi depuis et appartenaient aux deux sœurs.

Le loup blanc avait été renommé Neige et appartenait à Larwa. Le bicolore, Étoile, était à Mawra, et il s'agissait d'une louve.

Alexander était parti s'occuper de ses récoltes et nous demeurions ainsi tous dans la salle commune :

- Grande-sœur... Je profite que nous soyons tous là pour te parler d'un problème, déclara Mawra en caressant son canidé.

- Et quel est-il, Maw ?

- Les biens... Il nous faut plus de biens... Nous sommes une centaine. On a à peine de quoi se nourrir malgrés nos activités de chasseurs-ceuilleurs. Nous avons également des difficultés à nous loger et nous vêtir... À cause du froid, beaucoup de nos frères et sœurs tombent malades et nos équipements sont usagés.

- Notre père nous a déjà donné tout ce qu'il pouvait pour parfaire à ce problème. Que veux-tu de plus ?

- Des toits, pour nous autres. De la peau de loup et d'ours. Des arcs pour la chasse.

- Je suis d'accord avec toi, Mawra, repliquai-je, mais la plupart des choses que tu dis ne nous sont pas accessibles. Les demeures habitables vont aux habitants qui paient une taxe... Les peaux chaudes sont travaillés dans les locaux de Fangorn et lorsqu'un marchand étranger en ammène Fangorn les redistribue aux habitants. Et pareille pour les arcs. Les trois quarts de notre récolte vont à Fangorn.

- J'ai compris, reprit Larwa en se levant. Fangorn est donc le vrai problème.

Saga: Larwa AlexanderssonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant