Saga: Larwa Alexandersson

13/ Fangorn

Fangorn, le problème...

Ainsi donc, c'était lui notre plafond de verre. Nous empêchant de nous ouvrir aux cieux.

En y réfléchissant bien... C'était logique. Il se servait de nos efforts pour appuyer son appréciation auprès des villageois.

Cela aurait pu nous convenir. Le problème, c'est qu'il le faisait à notre détriment. Et puis, comment allions-nous nous y prendre pour faire respecter nos droits :

- Et donc... ? Tu es en train de nous dire que nous devons directement nous adresser à Fangorn ? interrogea Bor.

- C'est ça... L'idée est vache mais c'est ça. On DOIT se faire entendre par cet homme ! On se casse le cul tous les jours et lui ne nous a jamais fait de geste en retour.

- Ça reste Fangorn, ma sœur... Il est le chef du village. Il peut se passer du respect envers de simple enfants des rues.

- Sauf que nous ne sommes plus des enfants, Mawra ! Et là encore tu te trompes... Chacun mérite d'être respecté, ce n'est pas une question d'âge. Et si ce respect n'est pas donné alors CHACUN à le droit de se défendre et de dire NON.

- Mais... Enfin grande-sœur ! Sans vouloir te manquer de respect. Il y a le cours des choses qui doit aussi être respecté. Et la logique des choses veut qu'on se doit de suivre et obéir aux décisions d'un chef de village.

- Mmmh. Pas si ces ordres vont à l'encontre de nos principes et de ce en quoi on croit, repliquai-je. Je suis d'accord avec Larwa. Il nous faut nous montrer ferme !!!

- Euh... À toi on ne t'a pas demandé d'intervenir ! me répliqua Mawra.

- Et pourtant il a le droit de parler, me défendit Larwa. Tout le monde dans cette pièce a le droit de parler et d'agir comme bon lui semble du moment qu'il ou elle assume les conséquences. Tu es libre de rester ici, si ça te chante. Moi, je suis déterminée à y aller.

- Et moi, je t'accompagnerai car je pense que nous n'avons rien à perdre. Et toi, Bor ? Tu décides de nous suivre Larwa et moi ? Ou bien vas-tu rester ici avec Mawra ?

- Ni l'un ni l'autre. Je préfère laisser la destinée me montrer sur qui je devrais placer mes convictions la prochaine fois. Je vais continuer mon travail jusqu'à votre retour.

Mawra me fusilla du regard alors qu'elle n'approuvait pas du tout ma prise de position. En vérité, elle avait besoin de quelqu'un contre qui s'énerver en dehors de sa sœur. Cela ne me dérangeait pas de devenir celui sur qui elle se défoulerait en cas de litige avec son aînée. J'avais les épaules pour.

Quelques temps plus tard, nous nous retrouvâmes devant les portes du château de Fangorn.
Nous frappâmes à l'entrée lorsqu'un garde derrière la porte ouvrit la guinière afin de constater nos identités. Il nous reconnut immédiatement et ouvrit l'immense porte d'entrée.

Nous entrâmes dans la demeure et nous retrouvâmes dans le hall. Le planché de bois nettoyé dégageait une bonne odeur de pin. Les poutres de bois présentent le long du hall avaient été recouvertes d'une mixture brillante ressemblant à de la sève séchée.

Il y avait une petite fontaine de bois à l'effigie de tête de cerf. L'eau sortait de sa bouche et il était possible de stopper ou non le flux d'écoulement d'eau. C'était un système ingénieux et moderne.
Puis devant nous, sur une place un peu surélevée, demeurait le trône de Fangorn. Ou plutôt la chaise, depuis laquelle il dirigeait tout Kotel. Derrière lui, dans le mur sur sa gauche, la lumière offerte par l'une des fenêtres laissait apercevoir une porte menant au reste de la bâtisse. Dont les appartements privés de Fangorn. La totalité du château en somme.

J'avais passé tellement d'années là-bas que je connaissais les moindres petits recoins. Et ce malgré les quelques rénovations de Fangorn.

Celui-ci demeurait debout, un verre d'hydromel à la main en conversant avec des hommes. Il cessa toute discussion en nous apercevant et se dirigea d'un pas lent vers nous. Tout en gardant le petit sourire en coin qu'il avait l'habitude d'avoir.
Fangorn était un homme grand de taille mais svelte et maniéré. Des yeux noirs. Une chevelure brune et une coupe élégante. Il avait un style très 'Dubois', très... De la haute.

Un fait que je détestais chez lui :

- La Louve et le Loup Noir, dit-il. Que me vaut ce plaisir ?

- Monseigneur Fangorn, saluai-je.

- Monseigneur... Il faut qu'on parle...

- Oh ! La Louve de Kotel tient à me parler... J'espère ne pas finir en tant que son repas, déclara-t-il avec sarcasme alors que les hommes dans la salle pouffaient d'un rire léger.

- La boutade est drôle, rétorqua-t-elle. Cependant, nous ne sommes pas venus jusque chez vous pour nous faire humilier. Donc cessez de rire. Soit on parle ici devant tout le monde, soit en privé... Que dites-vous, monseigneur ?

- La Louve de la Femme à l'arc... Je pourrais vous faire exécuter pour votre arrogance, vous savez ?

- Alors vous vous tromperiez... Car je suis tout de même une noble. Que dites-vous, Monseigneur ?

- ... Mmmh. Et lui ? Ce n'est qu'un des enfants des rues que je tolère. Sa mort... Sera oubliée comme celle d'un chien...