Chapitre 3

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Chapitre 3.

Les jours suivant, l'inconnu rencontré lors de cette soirée refusa de lui sortir de la tête. Elle ressentait un magnétisme qu'elle peinait à s'expliquer elle-même. Elle avait l'étrange sensation qu'ils étaient liés et qu'elle aurait dû savoir qui il était.

Lawrence remarqua qu'il y avait quelque chose de différent chez-elle et qu'un truc la tracassait. Il la connaissait trop bien pour ne pas s'en rendre compte.

— Qu'est-ce qu'il y a, Perséphone ? Tu es un peu étrange ces derniers jours... Il s'est passé quelque chose à cette soirée ?

Elle secoua la tête.

— Non, rien, j'étais simplement dans mes pensées. Ne t'en fais pas.

Un sentiment tout aussi bizarre la réfréna d'en parler à Lawrence qui était pourtant son confident de toujours. Elle ignorait pourquoi... mais quelque chose au fond d'elle lui faisait penser qu'elle ne devait rien dire, comme un pressentiment.

— Votre père veut vous voir dans son bureau, l'informa la gouvernante en toquant à la porte de sa chambre.

C'était encore le matin. Son père savait que, à cette heure, elle partait souvent galoper jusqu'au ruisseau et on ne la revoyait plus jusqu'au souper. S'il la faisait venir à son bureau aussi de bonne heure, il devait avoir une bonne raison de ne pas vouloir la louper.

— Donnez-moi deux petites minutes.

Elle passa devant le miroir pour s'assurer que ses cheveux étaient en ordre et que sa robe n'était pas froissée. Perséphone suivit ensuite la gouvernante jusqu'au bureau de son père. Elle n'y venait que rarement, n'ayant pas le droit d'y entrer d'ordinaire.

— Vous vouliez me voir, père ?

L'homme à la chevelure grisonnante semblait avoir pris dix ans en quelques mois depuis la mort de sa femme. Son bureau était couvert de paperasse. Il passa une main sur sa tête.

— Oui, assis-toi.

Perséphone s'exécuta, prenant place sur la petite chaise face au bureau de son père. La pièce ressemblait à un cabinet des curiosités. Deux grandes armoires de verre longeaient les murs avec, à l'intérieur, la collection de figurines en pierre de sa mère.

La blonde se sentait toute petite. Il était rare que son père la fasse venir dans son bureau. Pour ainsi dire, ça n'arrivait presque jamais. Elle sentit un nœud se former dans son estomac, puis lui nouer la gorge. Elle appréhendait ce que le Lord allait lui dire. Avait-elle commis une erreur au bal ? Quelque chose qui puisse mettre le nom des Wood dans l'embarras ? Pourtant, elle n'avait pas souvenir d'avoir commis un faux pas... Les amies de sa mère l'avaient chaperonné tout au long de la soirée et elle n'avait même pas osé prendre une goutte d'alcool.

Ou allait-il lui parler des dettes de la famille ? Lui annoncer qu'ils devaient vendre le manoir et déménager à la ville ? S'il vous plaît, tout, mais pas ça, pensa-t-elle en croisant les doigts sous le bureau. Elle ne voudrait retourner à Londres pour rien au monde. Elle adorait les grandes terres et l'air pur de la campagne.

— Je n'irai pas par quatre chemins. Il y a quelques jours, on est venu me demander ta main. Je pense qu'il s'agira de très bon parti pour toi. Connais-tu le Lord Marcus Blackstone ? Il a beaucoup d'argent, Perséphone, ce sera l'idéal pour toi. De plus, on dit de lui qu'il est assez bel homme.

La jeune femme resta muette, interdite. Elle... son père... sa main ? Cela lui prit plusieurs minutes pour digérer la nouvelle qu'elle venait d'apprendre. Elle ne parvenait pas à y croire. Pourtant, elle était persuadée d'avoir bien entendu : son père avait donné sa main à un homme qu'elle ne connaissait même pas.

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant