Chapitre 23

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Chapitre 23.

Marcus la conduisit à un autre passage qui les ramènerait dans le monde des vivants. Ce n'était pas le même par lequel elle était venue, mais il y était similaire. Accompagnée de l'homme, elle dut à nouveau grimper un escalier de pierre qui lui parut interminable.

— Nous devons arriver avant le jour, lui dit Marcus en l'enjoignant à accélérer le pas, je ne puis sortir à la lumière du soleil. Elle me brûlerait.

— Vous y êtes devenu sensible à force de vivre à Tenebris ?

— Oui, ma peau ne peut plus supporter le soleil. Et la lumière m'aveugle.

C'était pour cette raison que Marcus était si pâle. Pendant un bref instant, Perséphone s'imagina qu'il put être un vampire comme ceux que l'on trouvait dans les livres. Avec tout ce qu'elle avait appris dans les dernières semaines, elle n'aurait pas été surprise. Elle avait l'impression que plus rien ne pourrait la surprendre à vrai dire.

Elle soupira.

— Je ne peux cautionner ce que l'on vous a fait... Alphons était innocent et vous n'aviez rien à voir là-dedans. Je suis désolée pour tout ce que vous avez dû endurer. Si j'avais été consciente de ces... de mes pouvoirs et de ce monde plus tôt, alors peut-être aurais-je pu...

Pendant un instant, Marcus s'arrêta d'avancer. Elle crut discerner la surprise sur son visage.

— Vous n'avez pas à vous excuser pour eux. Ces torts ne sont pas les vôtres, finit-il par dire, mais j'apprécie votre compassion.

Il en était touché pour tout dire. Cette fille ne connaissait presque rien à propos de sa personne, mais il pouvait ressentir la peine qu'elle avait pour lui et sa situation. Marcus avait confiance en l'esprit du printemps. Il avait toujours eu foi en lui, sachant que le jour viendrait où sa porteuse pourrait sauver son royaume. Troublé, le jeune homme regarda droit devant lui et enjoignit Perséphone à continuer à avancer, à ne pas perdre le rythme.

Ils atteignirent la sortie plusieurs minutes plus tard. Marcus écarta d'une main le buisson qui masquait l'entrée de son royaume et, sortant en premier, il tendit sa main à la lady pour l'aider.

Sitôt dehors, Perséphone fronça les sourcils. Elle était perturbée de découvrir qu'une porte vers le monde d'en bas c'était caché, tout ce temps, tout près de sa maison.

— Je connais cette forêt..., murmura-t-elle en regardant autour d'elle les arbres qui lui semblaient si familiers. C'est la forêt des Wood.

Elle en était certaine. Elle était chez elle.

— Tenebris couvre un large périmètre. Il est facile de se déplacer à-travers toute l'Angleterre par cette voie.

La jeune femme se tourna vers Marcus comme il venait de parler et resta un moment figée. Sous la lumière blafarde de la lune, sa peau semblait briller d'une lueur légère. Et ses yeux perçaient l'obscurité comme deux néons. Elle ne l'avait jamais regardé comme elle le regardait ce soir. Elle ressentit à nouveau ce magnétisme obsédant.

— Dépêchons-nous, ajouta Marcus, la sortant de ses pensées, nous devons conclure notre affaire avant le levé du jour.

À pied, ils parcourent la forêt du domaine Wood jusqu'à sa lisière. Pour la première fois depuis de nombreuses semaines, Perséphone distingua la silhouette du manoir familial qui se découpait sur l'horizon. Elle ressentit une douce chaleur dans le creux de son ventre. Elle avait cru ne jamais revoir cet endroit, ne jamais revenir à la maison. Si elle ne s'était pas enfuie à Windsor, elle était persuadée qu'elle ne serait jamais revenue. Cassiopée ne l'aurait pas laissée faire.

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant