Chapitre 20

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Chapitre 20.

— Tu as perdu la tête ! s'exclama-t-elle en fronçant les sourcils. C'est complètement déraisonnable, Lawrence, tu m'as toi-même mise en garde contre les dangers que représente Tenebris.

Lawrence récupéra le cheval sans la regard. Il haussa les épaules, puis secoua la tête.

— Je n'ai pas d'autres choix.

Il se tourna vers elle et ajouta :

— Soit tu viens avec moi, soit tu restes ici. Que choisis-tu ?

C'était un choix ridicule. Perséphone ne resterait pas seule au beau milieu des bois, alors que tout le monde la traquait. Lawrence était la seule personne en qui elle pouvait avoir confiance à présent.

— Tu ne me laisses pas non plus le choix : je te suis.

Lawrence monta le cheval, puis il lui tendit son bras valide pour l'aider à grimper à son tour. Après une courte hésitation, la jeune fille se hissa à l'arrière du brun, s'agrippant à sa taille. Elle savait que ce qu'ils allaient faire était insensé, mais en suivant son ami, elle aurait peut-être encore une chance de parvenir à le raisonner.

Le cavalier semblait savoir exactement où il se dirigeait. Ils chevauchèrent entre les arbres pendant une petite heure jusqu'à ce que Lawrence stoppe leur monture à quelques pas d'une grotte dont l'entrée était recouverte par des lianes.

— On l'appelle la Bouche du Diable, dit Lawrence en sautant au sol, puis en l'aidant à descendre. C'est une des trois entrées connues vers le monde d'en bas...

C'était un trou béant creusé à même la pierre qui semblait descendre dans les entrailles de la terre. Lawrence prit sa dague et s'en servit pour trancher d'un seul coup les lianes qui lui barrait la route. Aussitôt, un vent froid s'échappa de la Bouche du Diable faisant frissonner Perséphone. Elle crut entendre des cris et des gémissements venant de la grotte.

— Reste ici, lui conseilla son ami, je vais descendre seul. Si je ne suis pas de retour à la tombée de la nuit, prend le cheval et enfuis-toi aussi loin que tu le pourras. La nuit n'est pas sûre pour toi...

— Lawrence... tu n'es pas obligé de...

Aussitôt eut-elle prononcé ces paroles qu'en regardant le visage sérieux de Lawrence, elle devina que rien de ce qu'elle pourrait dire ne le ferait changer d'avis. Elle connaissait ce regard.

— Je le dois à Mary, je lui dois d'essayer... au moins.

— Sois prudent dans ce cas et reviens-moi en un seul morceau.

— J'essaierai, lui promit Lawrence avant de s'aventurer dans la Bouche du Diable en lui jetant un dernier regard derrière son épaules.

Perséphone le regarda disparaître dans les profondeurs de la grotte jusqu'à ne plus le voir du tout. Quelque chose la poussait à suivre Lawrence, comme si Tenebris l'appelait, mais elle se recula avant de faire un pas de plus... et attendit.

Soudain, elle entendit un cri de douleur en provenance de la grotte, puis un second. Alertée, elle s'approcha et tendit l'oreille. Cette fois, elle jura avoir entendu Lawrence hurler son nom, crier à l'aide.

— Lawrence ! essaya-t-elle de l'appeler. Tu vas bien ?

Elle n'eut aucune réponse et commença à paniquer. Et si Lawrence était en danger ? Perséphone avait su dès le départ qu'il s'agissait d'une mauvaise idée que d'aller là-dedans ! Elle ne pouvait pas rester sans rien faire, alors que son ami était en mauvaise posture. Jamais elle ne pourrait se pardonner si elle laissait Lawrence. Que risquait-elle après tout ? Il lui semblait avoir déjà affronté le pire.

Perséphone prit une grande inspiration, puis rassemblant son courage, elle s'engouffra dans la Bouche du Diable.

Elle découvrit un interminable escalier sculpté à même la pierre qui s'enfonçait, encore et encore, dans les entrailles du sol. Il y faisait de plus en plus noir, mais petit à petit, ses yeux s'habituèrent à l'obscurité. Non pas qu'il y ait quoique ce soit à voir. Il n'y avait rien, que de la pierre et de la pierre à perte de vue. Elle perdit la notion du temps, mais eut l'impression de descendre cet escalier durant des heures avant d'en voir le bas. Perséphone avait mis sa main contre le mur et elle s'en servait comme repère, essayant de compter le nombre de marches pour garder un lien avec la réalité.

Elle finit par entendre distinctement les cris de son ami.

— Lawrence ! s'exclama-t-elle en accélérant le pas. Ne bouge pas, j'arrive !

La blonde dévala les dernières marches à toute vitesse sans cesser de crier le nom de Lawrence.

Le spectacle qu'elle découvrit alors la glaça d'effroi.

Des silhouettes fantomatiques tournaient autour de Lawrence qui hurlait de douleur, alors que les esprits semblaient prendre plaisir à le torturer, aspirant sa vitalité.

— Les vivants n'ont rien à faire avec les morts, entendit-elle un fantôme siffler.

Perséphone accourut et essaya de chasser les très nombreux esprits qui s'en prenaient à son ami en secouant les bras sans pourtant y parvenir. Ils lui passaient au-travers sans le moindre souci et revenaient sans cesse à la charge. Pourquoi ne s'en prenaient-ils pas à elle aussi ? Impuissante, elle vit Lawrence s'effondrer au sol, toujours harcelé par les spectres. Que pouvait-elle faire ? Son ami ne lui avait jamais parlé de cela. Qu'est-ce que lui faisaient les spectres ?

— Perséphone.

Surprise d'avoir entendu son nom, elle se retourna pour apercevoir un spectre qu'elle connaissait bien.

— Mary ? C'est bien toi ?

La jeune fille avait un aspect fantomatique. Elle était transparente et brillante. Mary lui sourit.

— C'est bien moi. Tu dois sauver mon frère, il n'aurait jamais dû venir ici.

Perséphone était si heureuse de voir Mary qu'elle avait envie d'en pleurer, mais la situation était trop dramatique pour profiter d'heureuses retrouvailles. Lawrence était agonisant.

— Mais comment ?

— Il n'y a que Marcus qui puisse l'aider. Je serai ta guide. Suis-moi et je vais te conduire à lui. 

 

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L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant