Chapitre 29

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Chapitre 29.

Perséphone se sépara de Marcus avec les yeux et les joues rouges après avoir pleuré. Elle était un peu honteuse de s'être autant reposée sur l'homme. Mais avec tout ce que lui avait révélé sa mère biologie, elle avait fini par craquer. N'importe qui aurait craqué dans des circonstances identiques.

— Si vous souhaitez encore sauver votre ami, c'est le moment, dit le jeune homme après s'être raclé la gorge, lui aussi semblant être un peu gêné par le rapprochement qu'ils avaient eu.

Après l'avoir tenu dans ses bras, Marcus aurait voulu ne jamais la lâcher. Ses cheveux avaient une odeur de miel. Il devait se pincer pour s'assurer qu'il ne rêvait pas et que cette jeune femme magnifique et forte était sienne. Elle ne serait jamais l'épouse d'un autre. Et s'il l'avait d'abord choisie pour le bien de son royaume, une part de lui s'était attachée à elle pour tout autre chose. Mais il était conscient de l'avoir contrainte à l'épouser et il savait aussi qu'elle lui avait juré qu'elle ne l'aimerait jamais. Il n'était pas en droit d'espérer quoique ce soit d'elle... tant qu'elle respectait sa part du contrat et que la prospérité de Tenebris était assurée. Puis, il y avait aussi Lawrence... Il aimait Perséphone. Et il avait passé son enfance avec elle. Comment Marcus pouvait-il compétitionner contre cela ?

Une part de lui espérait que Lawrence serait perdu à jamais et qu'il ne retrouverait pas son humanité. Mais il savait que Perséphone tenait à son ami d'enfance, alors... il devait faire ce qui était juste. Du moins, il le supposait. Il devait aller au secours de son rival où il perdrait la jeune fille à jamais, puisqu'elle ne lui pardonnerait pas si, au moins, il n'essayait pas.

À contre cœur donc, il se sépara de Perséphone et l'entraîna hors de la chapelle vers le passage qui remontait jusqu'au monde des vivants. La nervosité de Perséphone lui crevait les yeux. Elle avait peur d'arriver trop tard.

Quand ils arrivèrent tout en haut, les derniers rayons du soleil étaient en train de disparaître derrière l'horizon. La nuit reprenait petit à petit ses droits.

— Osez me dire que ce paysage nocturne n'est pas magnifique.

La lueur bleutée de la lune caressait à présent les troncs des arbres. On pouvait apercevoir les constellations entres les feuilles.

— C'est très joli...

Perséphone n'avait pas vraiment la tête à cela, mais elle devait bien admettre que Marcus avait raison.

— J'ai toujours trouvé que la nuit était apaisante. Si nous en avions le temps, je vous montrerais l'étang qui n'est pas loin d'ici.

Mais ils étaient pressés et même cette conversation paraissait de trop, alors qu'ils devaient parcourir la distance qui les séparait de Windsor le plus rapidement possible.

— Il a pris le cheval ! s'exclama Perséphone quand, en regardant autour d'elle, elle ne trouva plus la monture équine qu'ils avaient laissée ici avant de s'enfoncer dans la gueule de Tenebris.

— J'ai peut-être une solution pour cela.

Marcus se tourna pour faire face à la grotte et il siffla entre ses lèvres en utilisant deux doigts.

— Que faites-vous ?

Il lui fit signe de se taire. En tendant l'oreille, elle commença à entendre des bruits de sabot frapper contre le sol, puis des hennissements.

— Qu'est-ce que... ?

Soudain, devant ses yeux, apparut un spectre de cheval. Il était terrifiant et fascinant à la fois. Sa peau était brillante dans l'obscurité et translucide.

— Comment croyiez-vous que je pouvais vous suivre, Lawrence et vous, aussi rapidement ? Je ne marchais pas. Je vous présente Shadow. Il est mort sur un champ de bataille il y a bien longtemps.

Prudente, elle s'approcha lentement sans lâcher l'animal-fantôme du regard.

— Et... nous pouvons le monter ?

— Bien sûr.

— Je croyais que nous ne pouvions pas toucher les spectres ?

Quand ils s'en prenaient à Lawrence, elle n'avait rien pu faire pour les en empêcher. Leur silhouette fantomatique se contentait de la traverser en lui glaçant le sang.

Marcus sourit.

— Disons qu'être le protecteur de Tenebris m'accorde quelques privilèges...

Comme pour lui prouver, il flatta l'encolure de la bête qui hennit en retour.

— Approchez, ajouta-t-il en lui faisant signe.

La jeune fille s'avança prudemment. L'apparence fantomatique du cheval ne la rassurait guère. Lorsqu'elle fut assez près, Marcus guida sa main jusque sur le pelage de la bête. Elle ferma les yeux en approchant les doigts, puis les rouvrit quand, à sa grande surprise, ils entèrent en contact avec les poils de l'étalon. Elle ressentit des frissons remonter le long de son bras. Le cheval bougea la tête et elle sursauta.

Près d'elle, Marcus se moquait silencieusement.

— Il ne vous mangera pas, vous savez... ou peut-être que si.

Elle le dévisagea.

— Vous n'êtes pas drôle, Marcus ! le gronda-t-elle.

Sans arrêter de sourire, l'homme l'attrapa soudain par les hanches et l'aida à se hisser sur Shadow. Elle poussa un petit cri de surprise. Dans un tout petit coin de son esprit, elle eut tout juste le temps de se demander si Marcus avait pu voir sous ses jupons avant de se retrouver à califourchon sur le dos du cheval-fantôme. Quelques secondes plus tard, son époux grimpa à son tour et se glissa derrière elle.

— Accrochez-vous à sa crinière, lui suggéra-t-il.

Sans réfléchir, elle obéit et, immédiatement, l'étalon démarra au triple galop, alors que Marcus la tenait à la taille. Elle faisait souvent de l'équitation sur les terres de son père, mais rarement à crue. Néanmoins, la jeune fille reprit rapidement ses marques de cavalière et, tentant de se souvenir du chemin, elle dirigea le cheval en direction de Windsor.

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant