Chapitre 15.
Les leçons se poursuivirent à un rythme épuisant pendant plusieurs jours. Elle n'avait pas une seule seconde à elle seule. Tous les matins, le même scénario se répétait. On cognait à sa porte, puis soit Lawrence soit Mary – parfois même un garde dont elle ignorait l'identité – la conduisait à la salle à manger pour le petit-déjeuner. On l'escortait ensuite à la salle du conseil où elle passait la majeure partie de la journée avec la Reine Cassiopée. Elle avait l'impression que les enseignements de la femme devenaient de plus en plus durs. Mais elle devait tenir le coup. Le soir, quand on revenait la chercher pour aller manger, puis qu'on la reconduisait à sa chambre pour la nuit, elle se sentait complètement épuisée, drainée de toute sa magie. Combien de temps pourrait-elle encore tenir ce rythme effréné ? Au moins faisait-elle des progrès. Elle arrivait presque à ne plus broncher lorsque la Reine tentait de la déconcentrer. Son pouvoir ne se manifestait plus aussi fort ni aussi souvent que lorsqu'elle était arrivée.
— Ma mère dit que tu fais beaucoup de progrès, lui dit Lawrence un jour où il la raccompagnait à sa chambre après le repas du soir.
— Je ne me sens pas prête à affronter Marcus..., soupira-t-elle, le serai-je un jour ?
Et combien de temps pourrait-elle encore tenir ? L'enfermement et l'isolement menaçaient de la rendre folle. Depuis plusieurs jours, elle avait l'impression que Lawrence était devenu plus froid avec elle. Ils n'échangeaient plus que quelques mots, des banalités, chaque jour entre les repas. Où était passé le Lawrence de son enfance ?
— Tu n'auras pas le choix. Nous ne choisirons ni le lieu ni le moment où il attaquera.
Il avait probablement raison... Perséphone se mordit la lèvre.
— Je n'ai pas sommeil, Lawrence.
Elle était fatiguée de cette routine inlassable... retourner à sa chambre après avoir mangé. Elle ne faisait rien d'autre de ses journées que de suivre les entraînements de la Reine. Perséphone ne s'était jamais plainte, pas même un mot, mais elle était épuisée. Elle voulait un moment de repos, une parenthèse dans la routine.
Lawrence l'observa, puis il finit par hocher la tête. Cassiopée n'approuverait pas, car elle voulait que Perséphone soit dans sa meilleure forme pour ses séances d'enseignement, mais...
— Ma mère ne doit pas nous surprendre ou elle s'énervera, finit-il par dire, alors ne fait pas de bruit et suis-moi.
Malgré la fatigue, la blonde sentit l'excitation de l'interdit grimper en elle quand elle prit la main que son ami lui tendait. Elle était redevenue une petite fille qui s'échappait de sa chambre à l'orphelinat tôt le matin pour aller sauter dans les flaques d'eau après qu'il eut pluie toute la nuit durant.
Elle et Lawrence se faufilèrent dans les couloirs. La jeune fille devait se mordre les joues pour s'empêcher de rigoler comme une enfant. Le brun l'amena dans la cour intérieur de Lumos où une grande fontaine trônait en son centre. Il l'amena au bord de celle-ci et l'enjoignit à s'asseoir.
Il y avait une douce brise dans l'air, quelque chose d'agréable. Mais il ne faisait pas froid, c'était une de ces nuits d'été où il ne faisait ni trop chaud ni trop froid.
— Pourquoi m'as-tu amenée ici ? le questionna-t-elle.
Lawrence s'assit près d'elle et leva le menton.
— Regarde, souffla-t-il.
Alors, elle leva la tête elle aussi. Le ciel était magnifique et les étoiles lui parurent plus lumineuses que jamais elles ne l'avaient été. Sans doute parce que cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas vu le ciel.
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L'Esprit du printemps
FantasyÀ dix-sept ans, Perséphone Wood perd sa mère adoptive. Son père se plonge dans l'alcoolisme et les jeux d'argent pour combler sa perte, cumulant les dettes. Pour sauver le manoir familial, la jeune fille se retrouver fiancée au Lord Marcus Blackston...