Chapitre 27

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Chapitre 27.

Marcus prit rapidement l'avantage, car Lawrence – bien qu'étant devenu fou – était toujours blessé au bras.

— Que lui arrive-t-il ? cria Perséphone.

Entre deux blocages, son époux lui expliqua :

— Il n'est plus lui-même. Les spectres étaient en train d'en faire l'un d'entre eux. (Il se baissa pour esquiver une attaque.) Il n'a plus d'humanité, peut-être même plus de souvenirs... Il ne doit pas rester ici plus longtemps. Si vous voulez qu'il ait une chance de redevenir comme avant, il doit remonter et s'exposer à la lumière du soleil.

Le lord Blackstone essayait de repousser Lawrence vers le grand escalier en pierre pour le forcer à quitter Tenebris. Sortant de sa léthargie, Perséphone sut qu'elle devait l'y aider. Le pouvoir de l'esprit du printemps grésilla sous sa peau.

— Pardonne-moi, Lawrence..., murmura-t-elle pour elle-même.

Elle cria à Marcus de s'écarter, puis la seconde d'après, une puissante orbe de pouvoir verte propulsa Lawrence dans les escaliers. La blonde entendit le corps de son ami tomber contre la roche et elle eut peur de l'avoir blessé. Pourtant, c'était pour son bien. Elle le suivit en bloquant la sortie et le força à battre en retraite. Il semblait toujours vouloir s'en prendre à elle, mais il était obligé de reculer comme elle le menaçait de son pouvoir.

— Lawrence, ce n'est que moi, Perséphone, dit-elle pour tenter de le faire revenir à lui.

Pendant un court instant, un court éclair de lucidité sembla le frapper.

— Ils nous ont trahi... ils nous ont tous trahi. Cassiopée, mère...

Dès qu'il eut prononcé ce nom, le regard de Lawrence devint comme fou. Ses doigts se raidir sur le pommeau de sa dague et, d'un seul coup, il se retourna, faisant dos à Perséphone, et se mit à grimper les escaliers quatre à quatre comme si la folie l'avait possédé.

— Où... va-t-il ?

Marcus arriva derrière elle quelques secondes plus tard et la retint par le bras quand elle voulut suivre Lawrence. Le froncement de ses sourcils fit apparaitre un pli sur son front.

— Il semble que vous ne soyez plus la cible à abattre...

— Alors... qui ?

— Cassiopée. Cette garce l'a manipulé et a tué sa sœur. Il cherche maintenant vengeance.... parce que c'est tout ce qu'il lui reste. Je n'aime pas particulièrement Lawrence, mais je peux comprendre cela et ce n'est pas moi qui irai l'arrêter...

On lui avait pris sa sœur et, les spectres, son humanité. Alors, Cassiopée devait payer pour ses crimes. Cela semblait logique. Comme si enfoncer sa dague dans sa poitrine parviendrait à lui faire ressentir quelque chose.

Perséphone se mit à secouer frénétiquement la tête.

— Non, il faut le stopper ! Lawrence n'est pas comme ça... il n'est plus lui-même... il le regrettera. Si nous le laissons aller, je vais le perdre.

Elle avait peur de ne plus jamais retrouver son ami. Lawrence était-il condamné à ne plus être que l'ombre de lui-même ? La blonde regarda Marcus d'un air suppliant si bien qu'il finit par abdiquer.

— C'est bien parce que vous êtes ma femme...

Ils coururent pour rattraper Lawrence, mais une mauvaise surprise les attendit au bout de l'escalier de pierre. Les rayons du soleil levant s'engouffraient déjà dans la grotte. Dès qu'il les vit, Marcus eut un sursaut et se recula dans l'obscurité comme s'il avait été brûlé.

— Je ne peux pas, dit-il en crispant la mâchoire de frustration, si vous voulez que je traque Lawrence... il faudra attendre la tombée de la nuit à nouveau. Et si j'étais vous... je ne m'aventurerais pas seule à sa suite... Vous êtes puissante, mais vous tenez à lui, alors vous n'oseriez pas le blesser... ou le tuer si cela s'avérait nécessaire, or votre vie est bien plus précieuse que la sienne. Écoutez la raison, milady.

Perséphone l'écouta, muette. Pendant un instant, elle avait oublié que Marcus ne pouvait pas sortir à la lumière du jour sous peine d'être réduit en cendres. Elle atteignit le haut de l'escalier et observa Lawrence s'éloigner. Elle avait l'impression de l'avoir perdu à tout jamais. Impuissante, elle serra les poings.

Marcus avait raison... c'était agaçant que de l'admettre, mais il disait vrai : elle n'aurait pas le courage d'abattre Lawrence même si c'était la seule chose à faire. Sans hésiter, elle se sacrifierait pour lui. Pourtant, on lui avait rabâché les oreilles avec cela depuis qu'elle avait découvert ses pouvoirs : beaucoup de choses dépendaient d'elle et de l'esprit du printemps. Elle ne pouvait pas être trop insouciante sur la valeur de sa propre existence. Qui sait cela prendrait combien de temps pour retrouver l'esprit du printemps après sa mort ? Lumos et Tenebris en auraient peut-être pour plusieurs années. Ce n'était pas raisonnable.

— Que puis-je faire alors ?

Marcus secoua la tête.

— Il n'y a rien à faire si ce n'est qu'attendre. Dès que le soleil sera tombé, je partirai à la recherche de Lawrence. Je ferai ce que je peux pour le ramener à lui-même... si cela est encore possible...

« Attendre » était la plus terrible des réponses. Comment pouvait-elle simplement attendre et ne rien faire alors que son ami d'enfance était dans cet état ?

— Je sais que cela ne vous plait pas, mais je ne puis rien vous proposer d'autre, poursuivit Marcus, semblant lui-même énervé par la tournure des événements. Si je n'avais pas été condamné à mon sort, je serais déjà dehors.

Perséphone baissa les yeux.

— Vous n'y pouvez rien...

Après un soupir, elle repassa devant Marcus et recommença à descendre l'escalier. Ça ne servait à rien qu'ils restent là. Quatre marches plus bas, elle se stoppa et tourna la tête.

— Cela ne vous manque-t-il pas ?

— De quoi parlez-vous ?

— Le soleil. Vous en souvenez-vous seulement ?

Le regard de Marcus s'assombrit.

— J'ai encore le souvenir flou de sa chaleur sur ma peau... mais je ne sais plus à quoi le jour peut bien ressembler... ses couleurs... cela fait trop longtemps à présent que mon existence est liée à la nuit.

— Vous manquez quelque chose. J'aimerais vous puissiez revoir le soleil.

Marcus eut un sourire fugace.

— Les rayons de la lune qui se reflètent sur l'eau est la chose la plus magnifique que j'ai vue en plusieurs dizaines d'années d'existence.

Jamais le soleil ne pourrait battre la beauté de ce paysage singulier. Il s'écoula quelques secondes, puis secouant la tête, Marcus reprit :

— Venez avec moi. Je ne peux plus rien faire pour Lawrence jusqu'à la tombée de la nuit, mais je peux encore faire quelque chose pour vous.

Elle s'étonna.

— Pour moi ?

— Je vous ai promis quelque chose cet autre jour et j'aimerais tenir parole, vous prouvez que je suis bel et bien un homme de bonne foi.

La blonde plissa les yeux, suspicieuse. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Elle n'avait plus souvenir que Marcus lui ait fait promesse d'autre chose.

— Alors, rafraîchissez-moi la mémoire je vous en prie.

— Vous ne vous souvenez pas ? La nuit où je vous ai retrouvés Lawrence et vous, je vous ai dit que si vous acceptiez de me suivre jusqu'ici, vous pourriez revoir votre mère. Je ne mentais pas. 

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant