Chapitre 9

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Chapitre 9.

La nuit commençait à tomber et ils ne s'étaient toujours pas adresser le moindre mot. Perséphone demeurait froide et muette.

— Arrêtons-nous ici, nous serons à Windsor au matin.

Ils passeraient une seconde nuit en forêt, juste à la lisière du bois. Lawrence avait d'abord pensé à s'arrêter au milieu d'un champ où il aurait pu voir venir l'ennemi de très loin et de tous les côtés, mais ça les aurait rendus trop visibles et suspects. Ils auraient été trop facilement repérables. Il fit un compromis en amenant leur charrette dans le bois, mais en restant à l'entrée de celui-ci.

— Tu veux manger quelque chose ?

Sans lui répondre, Perséphone lui tendit la main. Le jeune homme fouilla dans son sac et lui donna une orange et un morceau de pain.

— On ne pourra pas continuer sans s'adresser un seul mot. J'ai l'impression que tu agis comme une enfant.

La blonde secoua la tête et le défia du regard.

— Non, j'agis comme une lady qui préfère se taire et obéir plutôt que de prononcer des mots qui ne sont pas décents dans la bouche d'une femme de mon rang.

C'était la première fois qu'elle ouvrait la bouche depuis plusieurs heures. Elle avait eu le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire. Toute la journée, elle s'était sentie ruminer des pensées noires et bouillir d'une colère sourde.

— Tu es inconsciente. Tu ne réfléchis pas une seule seconde à ce que tu représentes pour ce monde et aux conséquences que pourraient avoir ta disparition. C'est un enjeu qui te dépasse toi-même et qui est bien plus important que le manoir Wood.

Perséphone descendit de la charrette, les poings sur les hanches.

— Eh bien, pas pour moi, je ne connais rien aux Lumos ou aux Tenebris... j'ai vécu dix-sept années sans rien savoir de tout cela. Je n'ai jamais rien possédé jusqu'à mes dix ans et mon père est tout ce qu'il me reste à présent !

À ses yeux, c'était bien plus important que la guerre que pouvait se livrer deux peuples dont elle ignorait encore tout. Elle se sentait étrangère à tout cela, comme si elle n'avait rien à faire là. Elle aurait pu donner n'importe quoi pour être encore au manoir aux côtés de son père et de ne pas être l'esprit du printemps. Pourquoi cela ne pouvait-il pas concerner quelqu'un d'autre ?

— C'est égoïste, la somma Lawrence, es-tu vraiment prête à sacrifier notre monde pour un tas de pierres et quelques arpents de terre ?

— Es-tu sérieux ? Suis-je égoïste parce que je me préoccupe de l'homme qui m'a recueillie ? Il n'y a aucun mot qu'il me soit décent de prononcer pour exprimer ce que je pense de toi à cet instant...

Elle comprenait ce que Lawrence lui disait, mais avait du mal à se figurer à quel point son ami pouvait être insensible à sa situation. Sentant la colère grimper en elle, elle se mit à s'enfoncer dans la forêt. Elle ne s'en rendit pas compte, mais son émotion était si puissante qu'elle laissa une traînée de fleurs dans son sillage.

— Perséphone !

Réalisant ce qu'elle était en train de faire, Lawrence descendit à son tour de la charrette et courut pour la rattraper. Se sentant poursuivie, la jeune fille se mit à courir pour échapper au brun qui n'avait qu'à suivre les fleurs pour la retrouver.

— Arrête-toi immédiatement, Perséphone ! hurla-t-il. Tes pouvoirs... il va le sentir, tu vas alerter tout le monde ! Tu ne pourras pas courir éternellement ! Je dois t'amener à Windsor en un seul morceau !

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant