Chapitre 1

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Chapitre 1.

Les terres de la famille Wood s'étendaient sur plusieurs centaines d'hectares dans la vaste Angleterre du dix-neuvième siècle. Surtout couvertes de forêt et parsemées de quelques vallées à découvert, le père de Perséphone avait pour habitude d'inviter des amis pour s'adonner à la chasse au renard. La jeune fille de tout juste dix-sept ans aimait y faire de l'équitation. Elle n'en faisait pas lorsqu'elle était encore à l'orphelinat. Quand elle avait débarquée au manoir Wood, ça avait été une révélation.

Le Lord et la Duchesse Wood n'avaient jamais réussi à concevoir un enfant. Pourtant, ils désiraient tous deux ardemment un héritier pour leur grande fortune. Si le Lord espérait un garçon, la Duchesse voulait une fille à laquelle elle inculquerait tout son savoir-faire de grande dame. Quand le couple s'était rendu à l'orphelinat, il était tombé sous le charme de cette fillette de sept ans aux longs cheveux blonds et aux grands yeux verts.

Au cœur du gigantesque terrain de jeu que représentait les terres des Wood pour une enfant, Perséphone avait eu une adolescence heureuse même si elle peinait encore aujourd'hui à saisir toutes les subtilités mondaines de la haute-société. Il lui était arrivée de souhaiter être encore à l'orphelinat avec tous les autres enfants et sans responsabilité dont elle devait s'acquitter. Sa nouvelle vie la contraignait à de longues séances de cours avec un tuteur particulier, des leçons de piano éreintantes et, surtout, elle ne côtoyait pas beaucoup d'autres enfants de son âge. Néanmoins, elle ne se plaignait jamais, consciente de sa chance et attachée à ses parents adoptifs.

Cependant, un événement devait venir obscurcir son bonheur si parfait. Alors qu'elle venait d'avoir dix-sept ans, sa mère venait de mourir des suites d'une longue et pénible maladie. Son père avait du mal à s'en remettre, alors pour échapper au climat étouffant qui régnait entre les murs du manoir, Perséphone s'enfuyait régulièrement pour de longues balades à cheval.

— Allez, Zephyr, on est presque arrivés.

Sa monture se stoppa à l'entrée des écuries. Après avoir frotté l'encolure de Zephyr, Perséphone descendit du cheval en replaçant ses robes.

— Tu as bien profité de la balade ?

Elle se tourna, un sourire sur les lèvres, en apercevant Lawrence qui venait de prendre le licou de Zephyr pour le reconduire à son boxe. Elle avait grandi avec Lawrence. Fils d'une des servantes de son père, il était l'écuyer de la maison. Âgé de quelques années de plus qu'elle, il avait déjà dix ans quand elle était arrivée au manoir. Bien qu'elle soit plus jeune que lui, il ne l'avait pris de haut. Puisqu'ils avaient sensiblement le même âge, ils avaient beaucoup joué ensemble jusqu'à ce que la mère adoptive de Perséphone la considère trop vieille et ne décide que ces jeux n'étaient pas dignes d'une demoiselle bien élevée. Si Lawrence était un écuyer, cela ne l'empêchait pas d'être un garçon brillant. Il l'avait souvent aidé à réviser ses leçons.

— Je suis allée jusqu'au ruisseau et je m'y suis baignée, affirma-t-elle.

— Alors que ce n'est que le début du printemps ? Je ne sais pas comment tu fais pour te baigner à de pareilles températures.

Elle haussa les épaules avec nonchalance.

— J'aimerais m'entraîner à l'épée maintenant.

Lawrence l'observa avec des yeux rieurs.

— Ce n'est pas un sport pour les demoiselles, se moqua-t-il gentiment, tu devrais retourner t'entraîner à broder.

La blonde fronça les sourcils et frappa Lawrence sur le torse. Le garçon aux cheveux bruns et au regard chocolat rit.

L'Esprit du printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant