Chapitre 17.
Suite aux paroles de son interlocutrice, la blonde serra le poing et la flamme disparut. Elle lui faisait confiance.
— Merci, Mary. Nous devons partir avant que Lawrence ne me rejoigne et avant que Cassiopée ne se rende compte de ma disparition.
Mary parut pensive pendant quelques instants.
— Je connais un passage secret qui nous permettra d'échapper à mon frère. J'avais pour habitude de m'y cacher lorsque j'étais enfant.
— Tu sauras m'y conduire ?
Mary se releva.
— Oui, mais nous devons faire vite. Dépêche-toi et habille-toi, je monterai la garde en attendant.
Perséphone ignorait où sa fuite la conduirait ni combien de temps elle durerait, alors il était impensable que la lady soit en tenue de nuit. Elle s'empressa d'enfiler ses robes, tandis que Mary se tenait près de la porte de la chambre, attentive au moindre bruit.
— Je suis prête.
Mary entrouvrit la porte de la chambre pour vérifier que personne n'était là.
— Suis-moi et sois la plus silencieuse possible.
Les deux femmes se glissèrent en-dehors de la chambre et, aussi muettes qu'une ombre, descendirent le grand escalier en colimaçon logé dans la tour en soulevant leurs robes. Le cœur de Perséphone battait très vite. À tout moment, elle avait peur d'être arrêtée dans sa fuite par un garde ou par Lawrence qui remontrait l'escalier en sens inverse. Elles devaient parvenir en bas avant qu'on ne les surprenne. Et elles y parvinrent.
— Viens, murmura Mary en jetant un œil nerveux autour d'elle, c'est par-là.
En priant pour ne croiser personnes, les jeunes femmes se faufilèrent dans le couloir adjacent jusqu'à un second escalier en marbre. La brune amena Perséphone derrière ceux-ci où une toute petite porte était cachée, semblable à un placard.
— Il faut entrer là-dedans ? demanda Perséphone en fronçant les sourcils.
Mary lui décocha un sourire un peu narquois.
— Peur de te salir ?
— Pas le moins du monde !
La sœur de Lawrence ouvrit la porte et se laissa tomber à quatre pattes. Le passage était si bas et étroit qu'il fallait se mettre sur les genoux pour passer.
— C'était plus facile quand j'étais enfant, grimaça Mary en avançant pour faire de la place pour que Perséphone la rejoigne.
Avec un brin d'hésitation, la blonde imita son interlocutrice et se faufila à quatre pattes dans le passage secret, priant pour qu'il n'y ait pas trop de toiles d'araignées.
— Ferme la porte derrière toi, lui ordonna Mary.
Nerveuse, Perséphone obéit et, sitôt la porte fermée, les ténèbres l'envahirent. Il lui était impossible de voir quoique ce soit. Elle ne pouvait qu'entendre les pas de Mary. Avancer sans voir devant soi avait quelque chose de très effrayant.
— Où ce tunnel mène-t-il ?
— Assez près d'une sortie pour te permettre de fuir avant que nous ne soyons repérées. Nous devons faire vite. À cette heure, Lawrence doit s'être rendu compte de ton absence et il aura probablement averti ma mère.
Elles accélérèrent le pas. Même si Mary avait maintes fois emprunté ce passage lorsqu'elle était enfant, elle posait parfois sa main sur le mur en pierres pour se guider dans l'obscurité complète.
— On approche, l'avertit la brune, ne fait pas de bruit.
Mary tâtonna pour trouver la poignée de la porte, puis elle prit une grande inspiration avant de l'abaisser. Il y eut un « clic », puis en retenant son souffle, la jeune fille poussa la porte qui émit un grincement qui les firent toutes deux grimacer. Aussitôt, un faisceau de lumière s'immisça dans le passage qui se révéla, aux yeux de Perséphone, bien plus court que ce qu'elle avait imaginé. Elle avait eu l'impression de ramper pendant plusieurs longues minutes, mais en réalité, le couloir ne faisait que quelques mètres à peine.
En sortant de la cachette, Mary pria pour qu'elles ne se fassent pas remarquer. Elle fut la première à se remettre debout et tandis la main à Perséphone pour l'aider.
Soudain, elle entendit du bruit au bout du couloir et vit Lawrence apparaître avec plusieurs gardes.
— Elles sont là ! cria-t-il en les désignant du doigt.
Mary jura, prononçant des mots qui n'étaient absolument pas dignes d'une lady. Perséphone tourna la tête pour jeter un regard effrayé à son ami.
— Qu'est-ce que tu fais ? On n'a plus beaucoup de temps ! lui signifia Mary en lui tirant le bras comme elle ne bougeait pas.
En secouant la tête, Perséphone se mit à courir à la suite de la brune, tandis que les gardes et Lawrence se mettaient à leur poursuite. Elle jeta un œil derrière son épaule : elles gagnaient du terrain. Elles parviendraient peut-être à s'en sortir. La jeune fille ne savait qu'une chose : elle ne voulait pas retourner dans la haute tour. Elle ne serait plus prisonnière – jamais – de personne. Elle sentait une colère et une détermination couler dans ses veines comme elle n'en avait jamais ressenti auparavant.
Au bout du couloir, les filles se figèrent en tombant nez à nez sur la reine Cassiopée qui brandissait un arc.
— Je ne peux pas te laisser partir, Perséphone, la prévint-elle en la menaçant de la pointe d'une flèche.
La blonde jeta un coup d'œil des deux côtés du corridors. Elles étaient coincées en étau entre Lawrence et la reine !
— C'est le moment ou jamais de faire une démonstration de tes incroyables pouvoirs, lui dit Mary entre ses dents serrées.
Perséphone essaya de fermer les yeux et de se détendre comme elle l'avait appris dans les séances, mais elle n'arriva à rien.
— C'est sans effet ! s'exclama-t-elle, paniquée. L'esprit du printemps ne réagit pas sur commande !
Mary haussa la voix :
— Vous devez nous laisser fuir, mère ! L'esprit du printemps se meurt... vous le savez, n'est-ce pas ?
— Vous pouvez me tuer, déclara Perséphone, mais vous détruirez aussi l'esprit et devrez tout recommencer depuis le début. Je ne vous laisserai pas m'enfermer à nouveau tant que je serai en vie.
En serrant les lèvres, Cassiopée banda son arc. Elle avait quelque chose de fou dans le regard.
— Je ne vais pas te tuer jeune fille, simplement te blesser suffisamment pour que tu reconsidères notre... hospitalité.
Tout se passa ensuite très vite. Perséphone n'eut pas le temps de réagir. Elle vit Cassiopée relâcher la corde de son arc, puis la flèche se mettre à filer à toute vitesse dans sa direction. Elle entendit Lawrence crier son nom et, l'instant d'après, elle se faisait brusquement tiré sur le côté par le jeune homme. Elle ferma les yeux lorsque son dos heurta le mur. Elle releva les yeux sur Lawrence qui avait un air grave. Ils se regardèrent en silence, puis Perséphone regarda derrière l'épaule de son sauveur, c'est alors qu'elle vit Mary allongée au sol... la flèche plantée dans la poitrine.
VOUS LISEZ
L'Esprit du printemps
FantasyÀ dix-sept ans, Perséphone Wood perd sa mère adoptive. Son père se plonge dans l'alcoolisme et les jeux d'argent pour combler sa perte, cumulant les dettes. Pour sauver le manoir familial, la jeune fille se retrouver fiancée au Lord Marcus Blackston...