Chapitre 18.
Perséphone écarquilla les yeux, puis hurla. En poussant Lawrence, elle se laissa tomber à genoux auprès de Mary. La jeune fille était agonisante. Du sang s'écoulait d'entre ses lèvres et ses yeux étaient révulsés.
— Mary ! Mary ! répéta frénétiquement la blonde en mettant ses mains autour de la flèche pour tenter de stopper l'hémorragie.
Lawrence était resté figé, prix entre deux feux.
— Qu'avez-vous fait, mère ?
Cassiopée attrapa une nouvelle flèche dans son carcan.
— Rien ne serait arrivé si tu n'avais pas protégée cette petite insolente ! Ton devoir est de protéger l'esprit du printemps, il doit rester ici : tu vas mettre notre monde en péril, Lawrence ! Attrape-la et ramène-la à sa chambre, ordonna la Reine en désignant Perséphone d'un geste de la main.
L'homme baissa les yeux sur Mary, puis il serra la main sur le pommeau de sa dague, la mâchoire crispée.
— C'est ma sœur ! cria-t-il.
Lawrence s'était toujours plié aux lois de son monde et aux enseignements de sa mère, ne se rebellant jamais, mais sa mère était allée trop loin cette fois. Cassiopée paraissait de glace, alors que sa propre progéniture agonisait sur le sol.
— Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi et tout Lumos. Si nous la laissons fuir, Marcus s'emparera d'elle. Et tu sais ce qui arrivera, non ?
Perséphone n'entendait qu'à-moitié le discours de la Reine et de Lawrence. Désespérément, elle tentait de sauver Mary, mais ses mains ne semblaient pas suffire à contenir la perte de sang.
— ... fuis... laisse... moi...
La blonde colla son oreille contre la bouche de Mary pour entendre ce que la jeune fille essayait de lui dire, presque inaudible.
— Que dis-tu ?
— Tu dois... fuir...
Tout le corps de la blessée tremblait à présent. Perséphone sentit les larmes dévaler ses joues, alors que Mary peinait de plus en plus à respirer. Puis soudain, il n'y eut plus rien. Elle ne bougea plus, les vieux vitreux. Ça ne pouvait pas se finir comme ça... pas maintenant, pas si près du but. Elle voulut hurler de tout son être et secouer le corps de Mary jusqu'à c que la jeune fille se réveille, mais il n'y avait rien à faire.
— Si tu ne fais rien, Lawrence, c'est moi qui m'en occuperai, dit la Reine sur un ton cinglant en pointant la flèche de son arc sur Perséphone.
Dévastée, la blonde releva les yeux sur Cassiopée.
— Ne vous avisez pas de faire ça, la prévint-elle froidement.
La lady sentait à présent l'adrénaline de la colère couler dans ses veines. Elle était tremblante de haine.
— Et comment crois-tu pouvoir m'en empêcher ? J'ai enfermé l'esprit du printemps dans les tréfonds de ton âme pour qu'il ne puisse plus faire de mal.
Mais la Reine se trompait. Elle avait presque réussi à tuer l'esprit du printemps, mais Perséphone le sentait bouillir en elle. Il revivait, raviver par sa colère et les sentiments négatifs qui la dévoraient à l'intérieur. Le sol se mit à bouger sous leurs pieds, de plus en plus. Lawrence se retint contre le mur et les gardes qui accompagnaient la Reine l'imitèrent.
Doucement, Perséphone passa sa main sur le visage de Mary pour lui fermer les yeux, puis elle se releva pour faire face à Cassiopée qui ne semblait pas comprendre ce qui se passait. La Reine manqua dangereusement de perdre l'équilibre.
— L'esprit n'est pas mort.
Sitôt eut-elle prononcé ces mots que le sol se fissura et que d'imposantes lierres en sortir dans tous les sens, menaçantes. Les gardes se mirent à courir pour fuir la plante qui se rapprochait à toute vitesse, agrippant leurs chevilles pour les faire tomber.
— Arrête ça tout de suite ! hurla Cassiopée. Tu vas détruire la cité à ce rythme !
Qu'en avait-elle à faire ? La colère nourrissait ses pouvoirs et les lierres se firent de plus en plus grosses et de plus en plus destructrices.
— Perséphone, dit Lawrence sur un ton inquiet en voyant des fissures commencer à apparaître au plafond, nous devons sortir d'ici.
Elle se tourna vers Lawrence, perdue. Elle n'avait plus l'impression de rien contrôler. Elle était submergée par ses émotions et par la puissance de ses pouvoirs. Les lierres commencèrent à former un mur opaque entre elle et Cassiopée pour la protéger. En un rien de temps, le mur fut refermé.
— Mary, dit-elle, nous ne pouvons pas la laisser ici.
Il y eut un énorme craquement au plafond.
— Nous n'avons pas le temps, déclara Lawrence en l'attrapant par le bras.
Il devait protéger Perséphone et l'esprit du printemps. Son rôle de Gardien avait pris le dessus, l'empêchant d'éprouver quoique ce soit. Il n'avait pas encore réalisé pleinement la mort tragique de sa sœur. Il y avait un temps pour pleurer les défunts et un temps pour se battre.
Ils se mirent à courir pour échapper au plafond qui s'effondrait. Lawrence la conduisit à la sortie cachée qui menait – par chance – directement dans les écuries du château par une porte secrète. Mary savait sans doute cela. Elle planifiait sûrement de voler un cheval. Son frère eut la même idée. Il ouvrit un boxe et se hissa sur un étalon sans prendre la peine de le seller, puis il tendit la main à Perséphone.
— Grimpe derrière-moi.
Elle ne se fit pas prier et, aidée par Lawrence, monta sur le cheval qui, instantanément, démarra au triple galop. Elle s'accrocha à la taille de son ami, tandis qu'ils chevauchaient à-travers le Home Park.
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L'Esprit du printemps
FantasyÀ dix-sept ans, Perséphone Wood perd sa mère adoptive. Son père se plonge dans l'alcoolisme et les jeux d'argent pour combler sa perte, cumulant les dettes. Pour sauver le manoir familial, la jeune fille se retrouver fiancée au Lord Marcus Blackston...