J a n. 2 0 1 5

190 9 0
                                    

Au téléphone avec Eff qui m'expliquait que sa Clio était en rade, je fronçais les sourcils en entendant toquer timidement. C'était rare, les gars entraient comme ils voulaient, et Irène me prévenait toujours avant de passer pour un peu de distraction. Mais visiblement pas aujourd'hui. 

La brune était face à moi, une salopette jupe en jean, un pull col roulé, elle portait des timberland à ses pieds et une grosse doudoune North Face ayant appartenu à Ken. Fronçant les sourcils, j'écoutais plus du tout mon pote m'expliquer comment sa portoricaine d'hier l'avait fait venir comme un puceau. Je restais toujours à fixer la brune qui ne disait rien, patientant toujours autant et seulement maintenant, je remarquais qu'elle portait un gros sac Eastpack. Lui faisant signe de rentrer, j'essayais d'écourter avec le Gee. 

- On passe tout' ? demanda-t-il 
- Euh, nan, nan, je vois une go à l'appart, j'annonçais 
- Baaaah, criait Eff, charo, ok bah on se capte demain ! 

Je le saluais et raccrochais, sous le regard gênée de la go en question. J'savais ce qu'elle pensait, elle m'avait pas texté et du coup, elle était persuadée de me déranger alors que pas du tout : à part me gratter les couilles en regardant les marseillais, juste pour retrouver le plaisir d'entendre mon accent, aller pas croire. 

- Je vou-
- Reste tranquille, c'est toi.
- Moi ?
les sourcils froncés, elle comprenait pas
- La go en question, c'est toi. Y en a pas d'autre. 

Elle baragouina en rougissant mais hocha finalement la tête, un fin sourire moqueur s'installa sur mes lèvres. Elle était pas au bout de ses peines la tipeu. Mais l'heure était aux explications, non pas qu'elle me dérangeait mais je comprenais pas le pourquoi du sac sur ses genoux alors qu'elle était assise sur mon parquet devant ma table basse qu'elle fixa un moment. 

- Dis, Mike.
- Hm ? 

Elle soupira mais secoua la tête, l'air de me dire "non rien". Je poussais un faible soupire et décalé mon ordi pour lui laisser un peu de place alors qu'elle envahissait une bonne partie de ma table, me laissant juste la canette de coca et mon ordinateur. Elle posa ses cours de biologie et d'anatomie avant de se mordre la lèvre, dégageant une de ses oreilles. 

- J'sais qu'on se voit que pour coucher habituellement mais Xavier fait une soirée avec ses potes et ... On est voisin de palier, donc, j'ai partiel demain et- 

J'avais arrêté de l'écouté, fronçant les sourcils d'incompréhension. Je comprenais pas pourquoi elle se justifiait autant ? Alors ouais, j'avais dit plus haut que je voulais des explications mais elle aurait juste pu me dire "J'ai b'soin d'un endroit calme pour réviser". C'était largement suffisant. Ma porte était toujours ouverte à tous et, certes, si on se voyait qu'à deux, ça finissait dans un lit mais j'étais pas un iench non plus. Sans compter que j'étais grave content de l'avoir chez oim. 

- Tranquille, Ré, t'sais que t'es chez toi, ici, je m'en branle du pourquoi tu viens, j'haussais les épaules, tu restes dormir ? Tu veux grailles un quetru ? 
- Ça te dérange pas ? 

Je secouais la tête négativement, avant d'aller lui chercher de quoi boire au moins, lui tendant un verre de jus d'ananas, elle m'offrit un sourire et entrepris de se concentrer sur ses cahiers, elle portait des grosses lunettes sur le nez et je trouvais ça vraiment adorable. T'façon, Irène, c'était tellement une belle go que tout lui allait. Quand on voyait comment son reuf ramenait les meufs comme des aimants, elle opérait la même magie chez les mecs. Les marseillais en fond sonore, assez faible pour que ça la perturbe pas mais suffisamment pour que j'entende, je continuais de bosser les papiers pour lancé mon Label, je m'étais décidé aussi. 

L'appartement était rarement aussi calme, sauf quand j'étais solo et focus, et en fait, même si on parlait pas, qu'on se regardait pas, avoir la présence d'une autre personne, c'était moins déprimant. J'appréciais. Avec les gars, même si on avait nos moments charbons, c'était compliqué de rester focus à ce point. J'avançais vite et je voyais pas le temps passer. 

- Mike, je sursautais, relevant la tête vers ma brune, il est vingt-trois heures, tu veux des pâtes ? 
- Nan mais t'inquiètes
, je me redressais, je vais nous faire un truc vite fait. 
- Mais-
- Nan, nan, tu laisses Papi faire wesh, je kiffe trop cuisiner, t'inquiète ! 

Elle soupira mais leva les mains en l'air, signe de paix. Je marmonnais des toplines sur une prod que j'avais en tête, souriant en sentant le regard d'Irène sur moi, posé sur le comptoir de la cuisine. Je m'activais, la laissant me raconter à quel point elle en avait marre des partiels et qu'elle se demandait parfois pourquoi elle était partie en médecine. Elle me posait des questions sur mon label, parce que Nekfeu avait vendu la mèche et aussi sur l'avancé de l'album, ça, je le devais à Nemir qui bossait aussi avec Nek sur son nouvel album secret. Je leur en voulais pas, on parlait entre nous mais jamais plus loin. 

Je finissais par nous servir des assiettes, sous le regard surpris d'Irène qui fini par m'offrir un grand sourire. 

- Je m'incline, je viens bouffer tous les jours. 
- Goûte avant de dire de la merde
, je riais 

Mais le petit son de bien-être qu'elle sortit, en plus de me complaire dans le fait que j'étais bon en cuisine me ramena à un autre domaine où j'étais pas mauvais. Et jetant un regard à ses cahiers toujours pas fermé, je me demandais si elle comptait passé sa nuit complète à bosser. Elle avait dû le voir parce qu'elle lâcha un rire moqueur. 

- Pas ce soir, Mickaël. 

Je lui fis une grimace très mature alors qu'elle me la rendait, je lui laissais pas le temps et l'embrassais. Parce que j'avais beau dire ce que je voulais : zéro contact physique avec elle, c'était impossible. Pas après autant de temps a être le plus proche physiquement parlant que tu pouvais. Vas-y, la phrase était chelou mais l'idée était là. La brune gémit une fois la surprise passé et ses mains glissèrent sur ma nuque, m'envoyant une douce décharge le long de ma colonne. Ce fut à mon tour de grogner doucement. 

C'était trop bon de l'embrasser. Vraiment. 

Je m'éloignais d'elle doucement, lui piquant deux trois baisers sur la route, la laissant se remettre de ses émotions, se raclant doucement la gorge alors que je vidais mon assiette sans un mot de plus. Croisant son regard un peu perdu, je lui offrais mon clin d'oeil de charmeur, la faisant lever les yeux au ciel et après la vaisselle faite où elle avait insisté pour m'aider, on se retrouvait dans le canapé, Irène entre mes jambes, son nez dans les cahiers alors que je lançais un Call Of. 

Et j'étais trop heureux de voir que ce baiser avait brisé une nouvelle barrière parce que par moment, sans raison particulière, ma grecque se retournait et plantait un baiser sur mes lèvres, avant de reprendre ses révisions. 

Sans mots. Juste, aussi simplement que deux personnes s'aimants. 

Et même si elle était toujours avec Xavier, j'étais sur qu'elle était définitivement avec lui par habitude. Elle n'avait connu que lui, en tant que relation : sa première fois comptait pas, on avait fait ça qu'une fois et pour briser la frustration trop lourde qu'on avait installé. Bref, rien d'hyper romantique et tout. 

La roue commençait à tourner, et ça me dérangeait pas du tout. Pour elle, j'étais clairement prêt, je pouvais même lui faire deux gosses et la marier. 

J'étais piqué. 

Et je pouvais même pas vous expliquer pourquoi. 

Mais c'était surement ça le plus beau. Les choses qui ne s'expliquaient avait une part de magie. Et Irène était une sorcière. Elle avait prit mon coeur. Et elle pouvait vraiment me briser mais j'avais pas peur, pas avec elle. 




21:01:21

Fin d'après-minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant