J u i. 2 0 1 7

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On me secouait l'épaule et ouvrant les yeux difficilement, je tombais sur mon reuf qui soupira en remarquant mon état. J'me souvenais plus de grand chose mais j'étais sur le palier devant chez moi. J'savais même plus quel jour on était et ça m'allait très bien. Max me redressa difficilement et il obtint même l'aide de Julien, mon voisin : un pompier hyper cool. Les deux gars me jetèrent dans mon lit et Julien donna quelques directives à mon cadet, avant de soupirer et dire qu'il fallait pas hésiter si on avait besoin de lui. 

Trop cool je vous l'avais dit. 

- C'est cool, mec, merci, fait Jehk, mais je pense que le mieux, c'est que je l'emmène dans le sud, ça va lui faire du bien et y aura la daronne pour l'engueuler si il abuse. 

Alors ça, c'était hyper fourbe de sa part et j'avais aucune envie de ma mère me pose dix milles questions : je grognais donc mon mécontentement faisant rire les deux nouveaux potes. Ces traitres. Et je devais m'être endormis parce que quand j'ouvrais les yeux, j'étais dans la caisse d'Ivan, une folle envie de dégueuler : il faisait nuit et je savais même pas dire où on était mais Ivan et Eff étaient devant, discutant doucement alors que mon frère dormait à côté de moi. Ronflant comme un gros porc.

- J'vais bé-ger, j'grimaçais et Eff me jeta un regard paniqué 
- J'ai juré Deen, tu dégueules dans ma caisse, je te le fais manger, menaça Ivan. 
- Frère, je marmonnais parce que j'avais l'image dégueulasse et ça me donnait encore plus envie déposer une galette
- Y a une air dans moins de cinq minutes, ça va le faire ? Ouvre ton carreau en attendant. 

Je m'exécutais parce que je voulais vraiment pas vomir dans sa caisse, par respect et surtout par fierté pour oim. Aussi blanc que le crâne d'Eff, j'attendais même pas l'arrêt complet de la caisse quand il s'était engagé sur le parking quasi désert et je m'éloignais pour y laisser mon estomac. Et je revenais vers mes potes chancelant, à deux doigts de m'éclater la face contre le bitume tellement j'étais affaiblis. 

- Deen, t'as pas dormis depuis quand ? T'as mangé un truc au moins ? 

J'haussais les épaules parce que je savais plus vraiment, mon meilleur pote poussa un lourd soupire et annonça au second chauve qu'il allait acheter des trucs à grailles alors que je fermais les yeux histoire de faire passer mon état vaseux. 

- On a pas eu de tes nouvelles pendant cinq jours, c'est ton reuf qui nous a appelé, m'apprit Ivan et je soupirais 
- J'sais plus, frère, j'ai un black out. 

Il soupira comme un daron et j'en avais un peu rien à foutre, j'avais l'impression que mon ventre était entrain de s'autobouffer et c'était pas hyper agréable. J'hésitais entre me faire encore vomir ou dormir ; j'étais trop KO pour capter quoique ce soit. Eff revint et me tendit un sandwich poulet curry. Je le remerciais et je le dévorais sous leurs regards, alors que moi, je guettais mon petit reuf qui dormait toujours. 

- Il dort de ouf, lui. 
- Il veille sur toi depuis hier, Bigo. Il a pas dormis parce que t'as fais des paralysies dans ton sommeil. C'est pour ça qu'on roule. Il a un peu paniqué après une énième crise et il avait peur que la beuh t'aies niqué le cerveau.

Je fronçais les sourcils ; comment ça des paralysies ? J'en faisais que quand j'étais môme. Je jetais un regard à Ivan pour avoir une réponse mais il récupérait son portable et son boitier à lunettes, laissant sa place à Eff en tant que chauffeur. Comprenant que j'aurais rien de plus, je m'enfonçais dans le siège passager et posait mes genoux contre le tableau. 

Les soupires profonds et légers ronflement en différé de ceux de mon frère me faisait capter que Jazzy était aussi parti pour faire sa nuit. Je jetais un regard au Gee qui tapait le volant en rythme. J'étais vraiment sceptique de voir qu'ils me parlaient pas d'Irène, j'avais un peu abandonné en voyant qu'elle répondait pas. J'avais tout essayé, j'étais même aller chez ses collocs qui m'avaient expliqué qu'elle dormait plus ici depuis son retour. J'avais rien rajouté et j'avais guetté l'entrée de chez ses parents, une boule au ventre de peur de me faire prendre mais en fait, elle y était pas et elle pouvait pas être chez le grec, parce qu'il avait laissé son appart à Charly. 

Du coup, elle était chez Hakim ou Idriss. 

Et c'était mort pour la voir deux secondes avec deux iench de garde pareil. J'aurais tellement aimer la prendre dans mes bras et lui dire que je serais là, qu'importe la décision qu'elle prendrait. Puis peut-être avoir les couilles de lui dire que je l'aime plus que bien. Genre officiellement, pas par des moyens détournés parce que j'étais un handicapé. Le Gee grogna et claqua ses doigts devant mes yeux, me faisant sursauter.

- T'es entrain d't'enliser là. Fais belek. 
- ... Je le veux, ce gamin
, je murmurais 

Et après un lourd silence, dans lequel j'osais pas croiser le regard de mon pote, celui-ci soupira et me secoua la nuque. On pouvait dire que c'était la première fois que je le formulais à haute voix et ça me foutait encore plus les boules. Parce que le dire à haute voix le rendait encore plus réel. Elle était trop jeune pour avoir un gosse. Elle avait avorter, c'était forcément ce qu'il y avait de mieux pour tous, mais égoïstement, parce que j'approchais la trentaine, que je rêvais de paternité, je voulais ce bambin.

- J'sais frère, je sais ...
- Et puis ... Il a pas le droit de m'interdir de voir ma go ...
- Il va redescendre, il monte vite et il met du temps à redescendre tu le sais
, il me jeta un regard en biais, je suis sur Irène elle fait un plaidoyer de malade auprès des autres. 
- Peut être qu'elle veut plus me voir non plus ? J'me suis barré comme un gros lâche. 
- T'avais nul part où aller. Ils t'auraient même pas laisser l'approcher et tu le sais. Elle le sait aussi. 

J'étais pas tant convaincu que ça. Irène était encore jeune et voyait pas forcément les trucs évident. J'ajoutais rien de plus parce que j'allais avoir envie de me retourner le crâne et je pense que j'avais déjà assez déconné comme ça.  Eff me conseilla juste de me reposer encore un peu parce que j'avais vraiment une gueule à faire rougir les morts et après un majeur tendu, je fermais les yeux, replongeant dans un sommeil lourd. 

- Lève toi mon poulet, on est arrivé. 

Je frottais mes yeux, tombant sur la gueule rayonnante de mon frère et derrière ma mère qui accueillait mes potes comme ses gosses en les serrants dans ses bras. Elle était en peignoir à fleurs et ses petits yeux me prouvaient qu'elle était réveiller depuis peu. Elle dû sentir mon regard parce qu'elle porta toute son attention sur moi, m'offrant un sourire scintillant qui me vrilla le coeur. 

- Mon dieu, Mickaël, souffla-t-elle en me détaillant

Je me pinçais les lèvres ; j'étais vraiment dans un état piteux. J'avais encore le visage bleu par endroit, le teint blafard et j'étais terne. Elle s'approcha de moi alors que je claquais la porte, elle prit quand même le temps d'accueillir mon frère d'un baiser chaleureux sur le front, d'un "mon bébé" et d'une étreinte maternelle qu'elle savait si bien faire. Elle lui murmura quelques petites choses à l'oreille et finalement, ils se séparèrent, l'attention de ma daronne se reportant sur moi. 

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, mon fils ? 

Sa main délicate sur ma joue, j'avais envie de pleurer comme un gosse de quatre ans. Je voulais qu'elle me réconforte comme quand je me niquais le genoux à vélo. Mais j'avais plus l'âge et aussi réconfortant que ce soit, ma mère ne pouvait pas m'aider à résoudre mes problèmes. Surtout que je voulais pas lui expliquer qu'elle aurait pu être grand mère mais que j'avais pas eu l'occasion de savoir si ça se confirmait ou non. 

- J'ai b'soin de prendre l'air, je tentais mais elle était pas dupe.



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Fin d'après-minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant