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Les dix-neuf ans de Ken, c'était quelque chose. On était putain de défoncé et comment je kiffais trop ces gars franchement. Je regrettais pas d'avoir pousser une gova avec Alpha et Nek pour le coup. Les rencontres de ce type, j'en voulais d'autres si c'était pour me mettre aussi bien. 

Installé sur le balcon de l'appartement de Myriam, la mère de Daloula, je fumais mon joint. Même si la maman adoptive des gars de Paname Sud nous avait abandonné depuis bien longtemps, la pauvre, et que les gars s'étaient pas gêné pour fumé à l'intérieur, je respectais cette seule règle qu'elle avait imposée sans y croire réellement. La soirée avait été plus qu'énorme et y avait eu plusieurs vague de soirée ; d'abord celle en comité réduit : les potes proches et la famille, ensuite, après le départ de la marocaine, y avait eu une flopée de gars, avec une horde de donzelles, j'en avais un peu profité. 

La jolie brune m'avait même laissé son numéro mais dommage pour elle, j'allais pas la rappeler. Parce que j'étais comme ça : je prenais et je jetais. Mais qui nous en voudrait ? On s'amusait comme la moitié des garçons de mon âge et puis, on forçait personne. 

Je tirais une longue taff de mon joint, secouant légèrement la tête. J'avais tendance à me la prendre pour rien, ça me cassait les couilles. 

Du coup, c'était la fin de soirée, la descente douce, j'aimais bien ce moment de vide après une grosse ressoi. Ça me ramenait à ma propre solitude et c'était jamais trop dérangeant. Je pouvais profiter de la musique en volume bas pour les insomniaques, des dernières discussions, parfois sans sens. Et d'ailleurs, à l'intérieur, j'entendais la voix complètement pété de Phaal en plein débat philosophique avec Fonky Flav dans un état presqu'aussi moche. 

C'était golri un peu. J'inspirais un grand coup, un sentiment de satisfaction alors que j'avais clairement passer ma soirée à boire et me retourner le crâne.

Je regardais le soleil se lever sur Paris et je sursauta légèrement en sentant une présence s'installer à mes côtés. Croisant le regard similaire au grec qui faisait partis de mes potes, j'offris un sourire à Irène, sa petite soeur. Elle était resté et je lui avais pas vraiment parlé en fait. Glissant mon joint entre mes lèvres, je sortais mon briquet et craquais la pierre. 

Je pouvais sentir le regard de l'adolescente sur moi et j'savais pas trop quoi dire. Quand je recracha la fumée, elle eut un sourire encore plus grand et me présenta son gobelet comme pour le tchéquer. 

- À la santé de mon frangin ? proposa-t-elle 
- Aux rencontres hasardeuses, ajoutais-je 

Elle lâcha un petit rire et rapidement, elle lança la conversation, dans un délire si fluide que j'aurais bloqué un peu si j'avais pas été trop défoncé. Mais en vrai, j'savais pas pourquoi j'étais si surpris : Ken avait la même tchatche. Je répondais à ses questions, elle m'expliquait un peu sa vie de lycéenne et ça me paraissait si loin. Elle me racontait aussi la vie avec son mec qui lui mettait une pression de malade pour le faire. 

J'étais assez surpris qu'elle me parle de ça et je me demandais même si son reuf était au courant mais elle semblait aussi avoir bu de l'alcool : Ken lui avait interdit de toucher à la beuh et il avait veillé au grain toute la soirée, et si c'était pas lui, c'était le S. Quoiqu'il en soit, elle m'expliquait aussi qu'elle voulait le faire avec une personne avec qui elle se sentait à l'aise et c'était pas le cas de son mec. 

- Pourquoi tu le tej pas alors ? 

Elle haussa les épaules, m'offrant un sourire timide simplement parce qu'elle n'aimait pas froisser les autres. Je répondais par un sourire de travers, un peu sceptique. Je comprenais le principe de se préserver, même si j'étais un mec, ma première copine, on avait attendu six mois avant de le faire et c'était normal. 

On avait continué à parler longtemps et j'sais pas trop mais j'appréciais beaucoup cette compagnie surprenante qu'était la petite soeur de mon kho. Irène ne semblait pas faire son âge mentalement. Et après, vu les tensions qu'il y avait chez elle, elle avait surement du grandir un peu plus vite. Enfin, j'en savais trop rien. Peut être. 

- Du coup, tu es le plus vieux de la bande ? 
- Et toi la plus jeune ? 

Elle me regardait, littéralement surprise et fini par sourire doucement. 

- Je ne fais pas vraiment partie de la bande, Ken n'aime pas trop que je traine avec eux. 
- Il te protège
, je souriais doucement, tirant toujours sur mon joint, je disais ça parce que les gars étaient pas les plus cleans et j'pouvais pas vraiment leur en vouloir.

Elle haussa les épaules et bailla longuement, se frottant les yeux. Je décidais que c'était l'heure pour moi aussi de dormir. Le ciel était plus que clair et les RER circulaient. 

- Aller, Mini Sam, je te raccompagne chez toi et je vais dormir. 
- Tu peux rester
, ria-t-elle, je suis sur que tu trouveras une place, j'habite vraiment pas loin. 
- C'est pas négociable
, j'argumentais. 

Elle leva les yeux au ciel, poussant un lourd soupire qui me faisait rire et fini par enfiler son petit manteau. Glissant son bras autour de son cou par habitude, on était partie sans réveiller personne. Elle vivait effectivement pas très loin et elle se gratta le crâne un instant, avant de m'offrir un léger sourire.

- Tu veux monter dormir chez moi ? Mes parents ne rentrent que lundi.

Je serais tenté de dire oui, parce que j'avais vraiment pas le courage de me taper le trajet jusqu'à Auber. Mais à mon âge, ce tu veux monter laisser sous entendre des choses et j'avais un peu peur qu'elle comprenne mal mes intentions. Enfin, j'en avais aucune justement mais c'était une ado, avec les hormones en feu et je voulais pas. Secouant la tête pour me chasser ce genre d'idée, parce que merci mais vas y, on parle de la soeur à Nekfeu là. 

Elle avait ouvert la porte, m'attendant avant de pousser un lourd soupire et de me tirer dans le hall, prenant la décision à ma place. J'étais un peu mal à l'aise d'être dans l'appartement familial des Samaras ; sachant que Ken n'y vivait pas et que j'étais pas sensé trainer avec sa reuss. Allongé dans son lit double, dans une chambre parfaitement rangée, je l'écoutais parler de ses parents, me demandant encore ce que je foutais là. 

Et je crois que mon cerveau avait vraiment déconné quand, en ouvrant les yeux, je tombais sur le visage plus que surpris de la brune, les joues rouges et la respiration en déroute. Wesh ? Elle m'avait embrassé ? Ou c'était moi ? 

Prenant un peu conscience de ma connerie, je me redressais brusquement, la fatigue ayant quittée mon corps parfaitement et je passais une main sur mon crâne presque à blanc. Dites moi que j'ai pas pécho la soeur de Ken ? Dites moi que je l'ai pas embrassé et que je suis pas un hmar à ce point là ? Putain. 

- Deen, elle venait de se mettre en position assise
- J'suis désolé, Ré, j'ai, je suis pas dans mon état normal, putain, j'aurais pas dû, t'es mineur et t'es la soeur de Ken, putain. J'suis quel genre de connard ? Je, je vais y aller. Faut que t'oublies, vraiment.
- Mickaël
, murmura-t-elle en état trop proche de moi, je le voulais aussi, elle se mordit la lèvre et je grognais

Sur la pointe des pieds, ses mains sur mes joues, elle m'embrassait avec une candeur que je redécouvrais et j'avais surement un cerveau niqué parce que, j'appréciais assez.

Fin d'après-minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant