F e v. 2 0 1 5

138 9 0
                                    

Ça venait de sonner à ma porte et il était quatre heure du mat. Mal réveillé, replaçant mon boxer en me grattant la barbe de l'autre main, je manquais de me péter la gueule en marchant sur des sneakers, ouvrant la porte, j'accueillais Irène. C'était clairement la dernière personne à laquelle j'aurais pensée si tard.

Je comprenais pas trop ce qu'elle faisait là, et sans que j'ai le temps de capter quoique ce soit, elle m'embrassait déjà, de manière brusque et sauvage. Mon cerveau se réveillant enfin, je répondais dignement à son baiser, la claquant contre le mur. Elle m'aida à la déshabiller et rapidement on se retrouvait dans ma chambre, à se regarder dans les yeux et je me mordis la lèvre quand elle m'embrassa et me présenta son dos.

Mon sourire s'accentua quand je compris ce qu'elle voulait. Et c'était clairement la fête dans mon caleçon.

Je me penchais sur elle, dégageant ses cheveux et mon excitation chuta d'un coup en voyant le suçon de son gars dans sa nuque. Poussant un lourd soupire en m'éloignant, je sentais la colère prendre possession de mon corps. Elle semblait pas comprendre parce qu'elle me jeta un regard et se redressa en voyant que j'enfilais un short.

- Mika-
- Ta gueule.

Le hoquet de stupeur me fit rapidement culpabiliser. J'étais qui pour lui parler sur ce ton sah ? Je lui coulais un regard désolé mais comme j'avais toujours les nerfs, je me barrais récupérer de quoi rouler et m'enfermer sur le balcon. Je voulais pas passer mes nerfs sur elle, elle le méritait pas ; ce suçon, elle avait clairement aucun moyen de le capter. J'avais juste la rage de pas être le seul. Et si jusqu'à présent ça me dérangeait pas, c'était uniquement parce que dans mon esprit, j'avais aucune raison d'imaginer un boug à ma place.

C'était moche d'aimer une femme à ce point et d'avoir envie de tuer un homme qui n'était qu'une victime. J'avais causé ma propre perte et parce que j'étais qu'un con, y a longtemps que j'aurais dû mettre fin à tout ça. Elle le quitterait jamais son mec. Ça faisait déjà trois ans que ça durait.

La porte s'ouvrit derrière moi et un reniflement se fit entendre. Je m'en voulais de ouf, j'étais pas un gars méchant mais ce soir, c'était la goutte d'eau de trop fallait croire. Étant donné que je m'étais assis contre le mur, la brune vint me rejoindre en me jetant un regard un peu effrayé. Accroupi, ses mains froides sur mes genoux, vêtu d'un de mes sweats qu'elle mouillait en frottant ses larmes avec mes manches.

- J'ai fais quoi ?
- C'est lui ou moi, Ré.

Elle ouvrit les yeux et la bouche en grand, retirant rapidement ses mains de mon corps et elle se mordit la lèvre, étouffant son sanglot. Elle se redressa, me fusillant du regard, séchant ses larmes en trois secondes et ça me surprenait. Elle venait de passer des larmes à la colère en trois secondes. Et j'étais pas trop prêt à me prendre les possibles reproches qui allaient me tomber dessus. J'savais qu'elle allait retourner le problème, se mettre en victime, elle était forte pour ça et c'était pas la première fois qu'elle me ferait ça.

- Ça t'a pourtant pas déranger de te servir de moi jusqu'à présent.

Voilà. Bel exemple. Et encore une fois, elle savait toucher sur les cordes sensibles, sur les doutes qui m'habitaient parce que je voulais pas donner l'impression d'exercer une quelconque oppression sur elle. Sauf que je me rappelais de son suçon et de comment on en était arrivé là. Me redressant d'un coup, la faisant se reculer et perdre en confiance, elle me dévisageait malgré tout. Je comprenais même pas pourquoi Ken se tuait à la protéger, elle était parfaitement capable de détruire un homme, c'était sûr.

Attrapant son visage de ma main, le regard noir plongé dans le sien.

- Qui de nous deux se sert de l'autre ? grondais-je, t'as un mec, c'est chez moi que tu viens pour avoir des orgasmes. Téma, il est quatre heure, tu venais de me sauter dessus.
- Genre ça te dérange ? elle me provoquait

Et j'avais un putain d'égo parce que je rentrais dedans. Lâchant un petit rire mauvais, je secouais la tête, tirant une longue taff de mon joint dans l'espoir de me calmer un peu. Surtout qu'elle était pas prête, elle allait fuir et c'était pas plus mal.

- Ce qui me dérange surtout c'est de passer après ton boug.

Elle vira ma main de sa mâchoire assez facilement, se reculant d'un pas les sourcils froncés.

- C'est pas le moment de faire ta petite crise de jalousie, ça fait depuis 2010 que je suis avec, tu savais à quoi t'en tenir.
- C'est pas de la jalousie Irène, c'est du respect. Tu viens pas me voir juste pour ken parce que ton mec est incapable de te donner du plaisir au lit.
- Je-
- Garde tes mythos pour l'autre, je m'en bas la race. T'as un putain de suçon dans la nuque et ton mec est assez intelligent pour que tu le vois pas.
- J'savais pas, elle pleurait de nouveau, me tej pas pour ça ...
- C'est lui ou moi, Irène, j'ai suffisamment attendu, si t'es pas capable de m'aimer, ça sert à r.
- Dis pas ça !
- Mais c'est pourtant la vérité, putain ! Rentre le dans ton putain de crâne que je te kiffe plus que bien, sinon y aurait jamais eu de round 2, merde Ré, tu crois vraiment que j'irais proposer à une go en couple et si jeune un délire pareil si j'étais pas un minimum piqué ?!
- Nan mais je sais ça, elle s'accrocha a mes bras, mais dis pas que je t'aime pas, c'est pas vrai ..
- Je sais, je caressais sa joue en secouant la tête, mais tu m'aimes pas suffisamment pour tej ton gars. Et je veux pas que tu le fasses pour me prouver quelque chose.

J'avais dit cette phrase calmement, elle baissa la tête, comme pour me prouver que j'avais raison. Et je poussais un faible soupire, ne sachant pas trop ce que j'attendais de cette conversation : j'avais mal au coeur et pourtant je savais très bien qu'elle était trop bien avec Xavier. Depuis cinq ans qu'ils étaient ensemble, le boug avait déjà rencontré sa belle famille, Ken avait fini par accepter la relation de sa soeur et moi j'étais qui pour espérer qu'elle me dise "je l'ai tej, je te jure".

Bientôt trente pige et je suis clairement le seul responsable de cette situation. J'aurais jamais dû m'attacher putain.

- Alors c'est fini ? murmura-t-elle, vraiment ?
- J'en ai marre, j'ajoutais en secouant la tête
- J'suis désolée, elle m'embrassa une dernière fois

J'osais pas regarder ce qu'elle faisait en quittant le balcon mais je savais juste que quelques minutes plus tard, la porte de mon appart claquait doucement, et je m'accoudais à la rambarde de mon balcon, poussant un faible soupire en me roulant un autre joint.

Pourquoi j'avais si mal alors que je souffrais tout autant de la savoir avec un autre mec ?

Elle s'arrêta sur le parking pour me regarder et j'étais à deux doigts de faire marche arrière, de lui hurler de remonter mais je fis rien, je me contentais de la regarder quitter la cité dans un silence énorme.

Et je lâchais un "putain" qui se noyait dans mes larmes.



05:04

Fin d'après-minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant