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J'étais devant Robert Debré, attendant Irène sur mon bolide aka ma trottinette de location. Elle finissait tard et je lui avais promis de venir la chercher sauf que ma caisse était tombée en panne et j'avais du improviser. J'avais bien fait de me foutre de la gueule d'Eff l'autre jour, le Karma me le rendait bien. 

Je soupirais en rejetant la fumée de mon joint : on était une sacré bande galérien quand même. Je reportais mon attention sur les portes automatiques de l'hôpital et je m'approchais avec ma dégaine de voyou, sortant du studio, j'avais pas prit le temps de me changer et je sentis que le seul mec du groupe était pas serein en me voyant grimper les marches vers eux. 

J'aurais rigolé si j'avais pas croisé l'oeil noir de ma go, fronçant les sourcils, elle soupira d'avance avant de me stopper quand j'arrivais à sa hauteur. 

- Ça arrive, Mickaël, monte pas sur tes chevaux de suite, je stoppais mon approche, on a eut du mal à contrôler un patient paniqué et j'ai prit un coup. Rien de grave, je suis dans un hôpital, on s'est assuré de tout. 

Et je levais les yeux au ciel lorsque des larmes rongèrent ses joues. Elle était frustrée, je le savais, je la connaissais bien maintenant. Frustrée et surtout très fatiguée. La médecine, fallait être déter pour tenir les études et ma brune était la meilleure. L'attirant vers moi, je lui embrassais le front, la tempe et la noyait sous ma doudoune, la faisant rire doucement. Je lui demandais comment elle allait et j'obtins un "ça va" à peine convainquant. Je m'en voulais un peu parce qu'on faisait que de se croiser en ce moment et j'avais l'impression de pas prendre soin de ma petite meuf. 

- La bonne nouvelle, murmura-t-elle, c'est que je suis trois jours au repos pour être sur que j'ai pas de commotion. 

"nianainai hôpital, tout sur place, nianian" wesh comment ça une commotion ? Ils pouvaient pas guetter ça directement ces débiles ? Déjà qui laissait une nana se prendre un coup par un patient, paniqué ou pas, j'en avais rien à branler. Je sentis un glaçon se glisser contre la peau de mon dos et je poussais un cri de surprise. 

- Ta race, vire à gauche, jamais de la vie, je grondais 
- Je me suis pris un coup aujourd'hui.

Je lui jetais un regard plus que blasé, parce que ma go essayait de m'amadouer comme une débutante. Et je lui retirais ses mains congelées de ma chaleur corporelle alors que j'en récupérais des frissons, putain. J'avais horreur de ressentir le froid. Elle fit sortir sa lèvre et son air de bébé, mais je secouais la tête, avant de lui faire un signe du menton. 

- On rentre, t'auras toute l'occas' de poser tes mains sur le radiateur wesh. 
- T'es pas fun. Je vais dire au revoir.

J'hochais la tête, restant en retrait alors que j'entendais vaguement des "t'es plus avec Xavier ?" et j'en aurais presque ris si j'avais pas eu mon portable qui sonnait. Ça faisait six mois qu'on vivait notre amour libre. Enfin, aussi libre que possible. Parce que mes gavas étaient au courant, par la force des choses en débarquant alors que la brune passait dans le salon en sous-vêtements parce qu'elle avait prit l'habitude de s'habiller dans ma chambre. 

Ça nous avait calmé, prenant conscience que les gars de Paris Sud pouvaient tomber sur la même scène et peut être parce qu'ils m'avaient déglingué le lendemain. Mais ça, Irène le savait pas. Elle avait pas besoin de le savoir. 

- Ça va ? 
- Ouais, un problème avec le Merch, on rentre, c'est bon ?
je demandais en jetant un regard au groupe 
- T'es garé où ? 
- Juste là, devant
, et je souriais comme un gros gamin

Elle se planta devant moi, étant sur une marche inférieure la rendant ridiculement petite à mon sens. Je l'embrassais pour la faire taire avant qu'elle me claque qu'elle voyait rien et que ma vieillesse me rendait défaillant. C'était son mode d'attaque en ce moment : mon âge. Je débloquais la trottinette sous son regard perdu et elle secoua la tête, désespéré. 

- Mais pourquoi les gars t'appellent Papy ? T'es un gamin de trois ans.

Je riais et je la tirais vers moi, alors qu'elle m'annonçait qu'on allait se casser la gueule. Je râlais un peu de son manque de confiance et je perdais un peu mon sourire en voyant le gars nous fixer d'un air glauque. 

- Il a quoi ton pote ? 
- Maxence ? Il est cool mais un peu fermé d'esprit, tu dois lui paraitre trop arabe avec ta barbe
, je fronçais les sourcils
- Sah ? elle haussa les épaules, pourquoi tu traines avec ce genre ? 
- Parce qu'il est hyper réactif et bosse bien. 
- Bon aller, accroche toi, c'est Papy qui pilo- Aaaah, putain, Ré, je te jète dans la Seine, je m'en bas la race. 

Cette folle avait encore glissé ses mains sous mon t-shirt. Elle lâcha un rire et ça suffisait à me faire sourire. Je démarrais le bolide et elle resserra sa prise, profitant de mon corps pour pas trop se prendre le vent frais. Elle caressait ma peau, me déconcentrant plusieurs fois, nous faisant rire comme des adolescents. On aurait vraiment pu se casser la gueule plus d'une fois avec ses conneries mais pour rien au monde je changerais ma relation. Déposant la trottinette vers Fort d'Aubervilliers, on continuait le reste du trajet à pieds, n'ayant pas d'autres choix. 

Elle en profita pour me raconter sa garde de soixante-douze heures, me tirant grimace et rire selon le contexte. Elle était tellement passionnée, ça me faisait plaisir. Arrivant proche de ma cité, Ré se collant instinctivement contre moi, je glissais mon bras autour de son cou. J'habitais pas le coin le plus cool et elle m'avait déjà soufflé plusieurs fois être mal à l'aise des regards de certains mecs en bas des blocs. 

- Tu veux manger quoi, soir-ce ? demandais-je en saluant les gars d'un signe de tête
- Des wraps ? 

Je souriais et finissais par hocher la tête, déverrouillant ma porte d'entrée. Je croisais la tête de mes reufs et levaient les yeux au ciel. 

- On mange quoi ? lança Jekhyl sous le rire des autres 
- Ta bite ! 
- Des wraps !
répondit Irène en se jetant dans le fauteuil 
- Merci Irène, toi au moins, t'es gentil, fit semblant de pleurer ce tocard

Alors que je lançais rapidement la cuisson de la bouffe, j'entendais ma go expliquer pourquoi son oeil était sombre et les commentaires des gars me faisaient sourire. Ils avaient vraiment pris l'habitude de la voir chez moi et ça me faisait plaisir. Déjà parce que contrairement à d'autres meufs, et pas uniquement parce que c'était la reuss de Nekfeu, ils avaient captés, bien difficilement au début et un peu réfractaire quand à son statut familiale que j'étais piqué et que comme un canard, c'était vraiment quand je la voyais que j'étais de bonne humeur. Revenant deux secondes dans le salon où Ivan me demandait un truc, je pu constater que la brune s'était fait une place dans le canapé, jouant a call of contre Eff alors qu'ils mangeaient un paquet de chips en s'insultant. Je croisais instantanément son regard et elle m'offrit un petit sourire, mon clin d'oeil sembla être une réponse suffisante parce qu'elle retourna à son jeu. J'aimais beaucoup trop ce genre de soirée où Irène était chez moi. C'était très très fréquent depuis qu'elle bossait au CH RD, et j'y prenais vraiment goût. Dormir avec son corps contre moi, son souffle, son odeur, je pouvais plus me passer d'elle. 

J'étais plus piqué, j'étais accro. C'était définitif. 



25:02:21

Fin d'après-minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant