Affaire de famille

Chapitre 1

Il se réveille brusquement et ouvre les yeux sur le visage inquiet de son parrain.

Ce n'était pas un rêve.

"Comment tu sens-tu ?" demande doucement Severus.

C'est réellement la fin du monde.

"Est ce que c'est vrai ?" sa voix se brise à la fin de sa phrase et il se déteste.

Il n'a jamais été autant dégouté de lui même.

" C'est vrai.

- Pourquoi ?

- Les Malfoy ont toujours eu un Héritier masculin. C'est une tradition qui remonte à Merlin. Quand Lucius m'a annoncé la grossesse de ta mère et m'a demandé de préparer cette potion, il avait l'air si heureux.

- Est ce que je l'ai déçu ?

- Jamais ! Ton père est très fier de toi.

- Mais je suis une fille !

- Ca n'a pas d'importance, tu as été une fille pendant dix minutes et un garçon depuis seize ans.

- Mais mes faiblesses...

- Draco, il n'y a rien de féminin en toi. La potion a éradiquée tout ce qui faisait de toi une fille. Tes qualités et tes défauts sont seulement à toi.

- Pour combien de temps ?" sa voix se brise de nouveau et ses yeux se remplissent de larmes.

Severus laisse échapper un soupir et lui tend une potion calmante.

"Ne pense pas à ça maintenant, ferme les yeux et repose-toi."

Draco sourit faiblement à son parrain et obéit.

***

Il est facile d'ignorer la faim, le froid, les cris et le désespoir.

Il est facile de se réfugier dans ses pensées, bien au chaud dans les profondeurs de son âme, de suivre le lien qui l'unit en tant que Patriarche à tous les Malfoy résidant sur cette terre.

Lucius n'a pas froid, il est sur une plage de sable chaud, prêt à se jeter à l'eau sur une planche de bois.

Il n'a pas faim, il vient de quitter la résidence du Tsar où un somptueux banquet avait lieu en l'honneur des festivités de fin d'année.

Personne ne crie, il vient de coucher ses enfants et les regarde dormir tranquillement dans leur lit, écoutant leurs petites respirations murmurer de belles promesses.

Il n'est pas désespéré, il vient de marquer un but pour son équipe.

Lucius survit en s'accrochant aux liens qui l'unissent à sa famille tout en ignorant les chants des sirènes qui le supplient de se morfondre.

Il vit par procuration : leurs joies sont les siennes et il ignore obstinément leurs peines.

Ca ne fait pas de lui un Patriarche exceptionnel mais il n'est pas utile de penser à la mort d'Aditha et d'Aiden.

Il ne peut pas se permettre de sombrer dans la tristesse, les Détraqueurs sont à l'affût de la moindre faiblesse.

C'est pourquoi il se refuse de suivre la vie de sa famille la plus proche, il ne survivrait pas s'il cédait à la tentation de savoir ce que deviennent Draco et Severus.

Il doit les ignorer pour le bien de la famille et dans l'espoir qu'ils soient bientôt de nouveau réunis.

***