Love Me Till It Hurts // En pause

Chapitre 6

        Les quinze derniers jours ont passé sans que je m'en rendes compte. J'aimerais pouvoir dire avec conviction que nous sommes prêtes, mais un doute persiste dans ma tête. C'est peut-être pour cela que je ne ressens encore pas trop de pression ni de stress. En gros, je pars à cette audition sans me prendre la tête. Ce qui n'est pas vraiment le cas de Katisha qui est morte de trouille.

        Mes parents ont fini par accepter de me laisser y aller à la condition que je termine de régler tout ce qu'il faut pour mon départ début septembre. Mes demandes de bourses sont donc envoyées, j'ai obtenu un prêt étudiant à la banque et les démarches administratives concernant l'inscription aux principaux cours sont bouclées. Et j'ai même trouvé le temps pour réserver notre chambre à Katisha et à moi dans un des dortoirs mixtes de l'université. Ça nous coûtera moins cher qu'un appartement en dehors du campus. Et puis, la vie en communauté doit être une expérience particulièrement excitante. Enfin, c'est l'image que j'en ai.

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        Le concours a lieu à Paris. Nous partons donc en train de bon matin, guitares sur le dos. Carole pourra bénéficier d'une batterie laissée à disposition sur place. Matt a décidé de nous accompagner. Ce dernier a fini par avouer à Katisha qu'il mettait de l'argent de côté depuis plusieurs mois pour nous rejoindre à San Francisco dès qu'il le pourra. Peut-être pas tout de suite à la rentrée, mais il va essayer de faire au plus vite. Il attend d'avoir suffisamment de sous pour pouvoir à la fois payer le billet d'avion, et un logement sur place.

        Cinq longues heures de train nous séparent de la capitale. Personne ne bronche, sans doute du à l'heure très matinale, mais aussi à la boule au ventre que nous supportons sans rien dire. C'est Carole qui brise le silence.

- Putain, j'ai grave la dalle.

- T'as de la chance, moi je pourrai rien avaler avant que ce soit passé.

        Katisha n'a en effet pas l'air dans son assiette. Matt la regarde en poussant un petit rire.

- Vous avez bossé comme des forcenées depuis quinze jours. Vous êtes au point ne t'en fais pas pour ça.

        Il passe son bras par dessus ses épaules et la rapproche de lui pour lui faire un bisou sur le front. C'est dans des moments comme ça que je regrette d'être célibataire.

- Mon frère nous dit "Merde".

        Avril tend ensuite son portable vers moi pour que je lise la fin du message.

- "Et Hugo soutient Amy en pensant fort à elle"... Roh...

        Les filles se moquent gentiment de moi. Peut-être aurais-je du apprendre à mieux le connaître. Après tout, il a l'air d'être un très gentil garçon. Je chasse cette idée de ta tête. Je pense à cela dans un moment de vulnérabilité c'est tout.

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        Nous arrivez à Paris en fin de matinée. Après un passage express à notre hôtel pour nous débarrasser de nos bagages, nous décidons de nous rendre directement à la salle où auront lieu les auditions. Il s'agit de la petite mais très réputée salle "La Boule Noire". En arrivant à proximité, nous constatons que les métalleux sont de sortie. Une foule de personne est amassée devant les portes. Les filles et moi nous frayons un chemin difficilement afin d'accéder à un vigile avec notre numéro d'inscription précieusement imprimé avant le départ. Le grand costaud nous dit que malheureusement nous devrons repasser demain. Le nombre d'inscrits a été tellement important qu'ils ont été contraint d'étaler les auditions sur deux jours. Il nous conseille de venir dès l'ouverture des portes demain matin à 10h et nous inscrit d'ors et déjà sur la liste des participants, ce qui nous apaise un peu. L'audition a bien failli nous passer sous le nez.