Chapitre 20

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        J'ouvre les yeux, à peine remise des événements d'hier soir. La nuit a été bien trop courte. J'ai dû fermer l'œil moins de deux heures. Le réveil du portable de Katisha résonne dans la petite loge qui nous a accueilli au retour du bar. Je m'assoie sur la banquette dépliable sur laquelle elle et moi avons dormi. Je secoue légèrement mon amie qui a du mal à ouvrir les yeux. Carole et Avril à l'autre bout de la pièce n'ont pas l'air plus décidées à se lever. J'ai l'impression que mon cerveau prend un malin plaisir à cogner contre les parois de mon crâne, créant une sensation de vertige qui me soulève le cœur. Un réflexe me fait porter une main à ma bouche.

- Ah non ! Tu ne vas pas vomir quand même ?, me demande Kat en s'éloignant le plus loin possible de moi par précaution.

- Mais non t'inquiètes. Ça va passer. 

        Le manque de sommeil ne doit pas aider. Mon amie me tend une petite bouteille d'eau et un comprimé d'aspirine qu'elle a sorti de son sac.

- Tiens, ça ira mieux avec ça.

- Merci.

        Une vraie mère poule. Je lui souris.

- S'il t'en reste, j'en veux bien un aussi !, lui dit Carole, la tête enfoncée dans son oreiller.

        Kat lui lance la boite de comprimé et fait rouler une bouteille jusqu'à elle.

- T'es la meilleure.

        Mon amie se retourne ensuite vers moi pendant que je regarde mon téléphone portable.

- Il t'a envoyé des messages depuis hier ?

        Elle n'a pas besoin de le nommer, je sais très bien de qui elle veut parler. Et non, Julien n'a pas donné signe de vie depuis l'altercation avec Joey. Seulement, le ton accusateur qu'elle emploie ne me plait pas du tout. Je lui réponds d'un simple "Non" de la tête. Je sais très bien qu'elle ne va pas essayer d'en savoir plus pour le moment vu mon état, mais qu'elle tentera de me tirer les vers du nez plus tard dans la journée.

- Il est quelle heure ?, nous demande Avril qui émerge à son tour.

- 9h30, lui dit Kat. On a une demi-heure pour quitter la salle.

        Je me cramponne aux rebords de la banquette pour avancer et attraper mon sac. Heureusement, j'avais prévu du nécessaire de toilette et des vêtements propres au cas où.

- Je vais voir si je peux prendre une petite douche avant qu'on ne décolle.

        Je quitte la loge en prenant soin d'allumer la lumière pour ne pas que mes amies se rendorment. Je croise aussitôt dans le couloir la bassiste d'Elia, qui a l'air bien décidée à me montrer que je n'ai rien à faire ici. Elle sort probablement de la salle de douches à en juger par la serviette qui retient ses cheveux. Je lui dis un timide "Bonjour" qu'elle ne me rend pas. Il n'aurait pas voulu de toi de toute façon. Je m'en veux aussitôt d'avoir pensé une chose aussi méchante et continue mon chemin.

_____


        Les douches se trouvent au bout du long couloir où se trouvent toutes les loges. Quand j'entre dans la pièce, Chloë est en train de se brosser les dents. Elle me salue d'une main étant dans l'incapacité de parler la bouche pleine de dentifrice. Eric sort de sa douche avec une simple serviette autour de la taille et rejoint sa petite-amie après m'avoir salué. Je ne m'étais jamais vraiment demandé à quoi il pouvait bien ressembler sans les artifices et vêtements provoquant qu'il arbore dans les Murderdolls. Je dois avouer qu'il est plutôt canon au naturel. Il y a cinq cabines alignées dans le fond de la pièce. Un peu comme dans un camping, mais en plus luxueux. Une étagère met à disposition une multitude de serviettes de toilette et de produits de beauté. La vie de star est décidément parfaite. Je me dirige vers une des douches qui ne semble pas occupée. Et si Joey était en ce moment dans une des cabine. Je surprends mon cerveau me jouer des tours en m'imposant des images de moi ouvrant la porte de sa douche. Mais ma conscience réprime immédiatement cette idée grotesque.

Love Me Till It Hurts // En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant