Love Me Till It Hurts // En pause

Chapitre 26

        J'ai trouvé refuge dans une cabine pour éviter d'avoir à affronter Chloë qui finira par trouver que je traîne un peu trop aux toilettes. Mon portable sur les genoux et la tête posée entre mes mains, je relis plusieurs fois les derniers messages de ma mère. J'ai l'impression de sentir mon corps se crisper. Les battements de mon cœur résonnent jusque dans mes tempes. Moi qui mourrais de chaud il y a quelques minutes, je suis désormais parcourue par de violents frissons qui me donnent des sueurs froides. Il faut que je rassemble mes idées pour prendre rapidement une décision, mais je suis trop perturbée à l'idée qu'il est pu arriver quelque chose de grave à ma meilleure amie. Mon premier réflexe est d'appeler sur le portable de Matt. Si Katisha est aux urgences, elle ne décrochera certainement pas le sien. Tous les scénarios possibles et imaginables me traversent la tête. Le plus plausible à mon sens reste l'accident de voiture. Quoi qu'au final, si elle est hospitalisée près de chez nous, ils n'ont pas dû aller bien loin. À moins que ce ne soit très grave et qu'ils ne l'aient rapprochée de chez elle pour qu'elle soit près de ses proches ? Cette idée me terrorise. Je suis tellement prise de panique que le moindre bruit venant briser la quiétude presque inquiétante des toilettes du night-club me fait sursauter. Les tonalités de mon portable qui tournent en boucle me font réaliser que Matt ne décrochera pas. Et si lui aussi était grièvement blessé ? Ma mère n'a mentionné que Kat, mais si lui aussi... Le bip se stoppe instantanément.

- Allô ?

        Dieu merci. La voix du petit-ami de mon amie d'enfance me sort de ma torpeur.

- Matt ? J'ai reçu un message de ma mère qui me disait que Kat était aux urgences.

- Oui, on y est depuis le début de l'après-midi.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Le mieux, c'est que je la laisse te l'expliquer elle-même.

        Je sens comme une pointe d'agacement dans le ton qu'il emploie. Mais ouf, elle peut parler. C'est que ce n'est sans doute pas si grave.

- Amy... je suis tellement désolée.

- Quoi ? Désolée pour quoi ? C'est plutôt à moi de me faire du souci.

- Notre plan est tombé à l'eau... ma mère a mis la tienne au courant que j'étais ici...

        Je la coupe, ne supportant plus de ne pas savoir ce qu'il y a eu.

- Kat, je t'en pris, dis-moi ce qu'il t'es arrivé.

        Je l'entends inspirer un grand coup de l'autre côté du téléphone. Je perçois la voix de Matt au loin qui semble lui dire qu'il la laisse quelques minutes seule. Elle reprend la parole.

- On devait prendre la route en fin de matinée pour rejoindre sa famille à Bordeaux..., commence-t-elle.

- Oui ?

- Et bien, au bout d'à peine vingt minutes de trajet, j'ai été prise de violentes douleurs au ventre.

- Merde.

        Bon, rien qui ne semble impliquer un quelconque accident. Déjà, ça me rassure.

- Au début, je me suis dit que ça allait passer. J'ai pris un cachet de spasfon, mais la douleur ne s'estompait toujours pas, alors Matt a fait le chemin inverse pour me conduire aux urgences.

- Et finalement, qu'est-ce que tu as ?

- Ils ont d'abord cru à l'appendicite, comme je n'en ai pas eue.

        Sa voix se brise dans son explication.

- Mais pendant que le médecin urgentiste m'auscultait - je précise, après plus de deux heures d'attente interminables à souffrir le martyre - j'ai sentie quelque chose qui coulait... qui coulait entre mes jambes.