Chapitre 25

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        L'impatience est un vilain défaut dont je ne parviens pas à me défaire depuis que Joey m'a fait cette proposition de le rejoindre à Londres pour quelques jours. Une décision que j'ai certes pris sur un coup de tête, mais je sais au fond de moi que j'aurai regretté de ne pas avoir sauté le pas. Avec Katisha, nous avons établi un plan qui semble tenir la route pour que mes parents ne se doutent de rien. Je suis censée passer les quatre prochains jours avec Matt et elle près de Bordeaux dans la famille du jeune homme. Il va de soi qu'il est aussi dans le coup, même si l'idée ne l'enchantait pas au départ. Mais devant la perspicacité de Kat et la mienne, il n'a pas eu d'autre choix que d'accepter de jouer le jeu.


        J'ai eu du mal à m'endormir cette nuit, si bien que j'ai dû dormir deux heures à tout casser. J'espère que mon visage ne témoignera pas trop de mon manque de sommeil. L'excitation prend le dessus et je ne me sens pas fatiguée du tout. Il est huit heures du matin et mon vol est dans deux heures. Je descends ma valise dans laquelle j'ai pris soin d'emporter tout types de tenues pour parer aux éventualités de la météo londonienne qui, même en plein été, peut parfois être capricieuse. Ma mère ouvre de grands yeux en découvrant le lourd bagage que je trimbale.

- Tu sais, vu la chaleur qu'il fait là où vous allez, une maillot de bain et une serviette de plage auraient presque suffit.

- On ne va pas faire que bronzer à la plage maman. Matt veut aussi nous faire découvrir la ville, donc on va marcher, visiter... et accessoirement sortir le soir.

        Elle laisse échapper un souffle d'agacement. Mais merde quoi ! Je n'ai plus quinze ans ! Je me sers un jus d'orange. Ma mère a sorti toutes sortes de viennoiseries sur la table, mais j'ai un nœud à l'estomac qui m'empêche d'avaler quoi que ce soit. Je la rassure en lui disant que l'on s'arrêtera manger un morceau sur la route. Je m'empare de mes clés de voiture pour partir.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi vous ne partez pas avec la voiture de Matt qui est bien plus récente que la tienne.

        Encore une fois, j'avais préparé ma réponse concernant ce point qu'elle soulèverait à coup sûr.

- Je te le répète encore une fois maman, sa voiture est au garage pour des réparations. Ne t'en fais pas, papa a checkée la mienne hier soir, elle va rouler sans soucis jusqu'en Gironde. Et nous partageons les frais d'essence. Tu n'as pas à t'en faire.

        Histoire de la rassurer, je lui adresse un baiser sur la joue qui a le pouvoir de calmer aussitôt son angoisse. Sur le coup, je me sens tout de même un peu coupable d'un mensonge aussi gros. Mais mon envie de revoir Joey reprend vite le dessus, m'ôtant instantanément mes doutes.


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        Ce n'est pas la première fois que je prends l'avion. Heureusement, j'aurai été dix fois plus anxieuse si ça avait été tout nouveau pour moi. Les démarches telles que l'impression de mon billet, l'enregistrement des bagages ou encore la fouille au portique de sécurité se font donc très naturellement. En revanche, je sais qu'une fois à Londres, je ferai moins la maligne. L'aéroport d'Heathrow est réputé pour être une immense fourmilière. Mais pas le temps de stresser que j'embarque déjà dans l'avion pour un vol d'un peu plus d'une heure. À la base, Joey voulait venir me chercher carrément jusqu'à chez moi pour ensuite m'emmener jusqu'en Angleterre. J'ai dû refuser sa proposition en lui disant que c'était beaucoup plus simple et moins embêtant pour lui si je venais le rejoindre par moi-même. Plus le vol avance, plus la boule dans mon ventre grossit. Des signes d'anxiété apparaissent peu à peu et je suis assaillie par une multitude de questions. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai de plus que toutes ces filles que Joey a connu auparavant ? Et s'il n'avait pas prévenu le reste du groupe de ma venue et qu'ils ne soient pas d'accord pour que je reste avec eux durant leur passage à Londres ? Je n'ai pas envie d'être un boulet. Ils sont tellement plus expérimentés que moi, sur tout. Mon manque d'expérience de la vie en général me fait douter. Et si jamais personne n'est là pour m'accueillir à mon arrivée ?

Love Me Till It Hurts // En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant