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Je dépose sur son visage une pluie de baisers, heureuse. Qu'est-ce que je l'aime cet homme!

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*Un mois et demi plus tard*

Sophia finit de tracer son trait d'eyeliner, et applique du mascara sur ses cils. Madame se prépare car elle a un rendez-vous galant avec son cher Bastien. Il lui a proposé d'aller promener, puis d'aller au cinéma. Je penses qu'il compte conclure aujourd'hui. Elle me regarde. D'accord, elle stresse. Je peux voir ses yeux briller. Il faut à tout prix que j'évite qu'elle ne pleure.

"Je suis moche...
-Mais non! Tu es sublime. Tu as un teint parfait! Une mine d'enfer! Et tu n'es pas grosse! Moi, je suis moche. Regarde toi, tu es magnifique.
-Je sens qu'il va se passer quelque chose... Ça fait beaucoup trop longtemps que je n'ai pas embrassé quelqu'un. Je vais me taper la honte.
-C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas.
-Tu crois?
-J'en suis certaine.
-Tu as raison, peut-être.

Je regarde par la fenêtre de sa chambre, et souris en voyant Bastien adossé contre sa voiture, un bouquet de roses rouges à la main. Il n'a pas fait les choses à moitié!

-Il est là, vas-y.
-Je te raconte tout ce soir.
-Je te montrerai les achats que j'aurais fait pour le bébé comme ça.
-Scott a finalement accepté.
-Oui. Et Angèle vient avec moi.
-Très bon choix.
-Je sais."

Elle me sourit et se lève. Nous sortons, et descendons. Sophia m'embrasse et me salue. Elle sort alors que je rejoins le salon. Angèle se lève, et nous saluons Samy. Les garçons sont au quartier général pour la journée, pour régler quelques petites affaires. Nous sortons de la maison, montons dans la voiture rouge d'Angèle, et elle démarre. Nous quittons la maison, passant le trajet à chanter comme des casseroles. Nous arrivons rapidement en ville, et Angèle se gare devant le magasin pour bébé que m'a conseillé la mère de Scott. Je descends de la voiture, suivit par Angèle. Nous entrons dans le grand magasin, où je ne vois que de futur maman à perte de vue, accompagnée par leurs maris. Je regarde Angèle, qui semble drôlement heureuse. Après avoir pris un caddie, nous passons dans les rayons, et je m'arrête devant de petites robes à fleur beaucoup trop mignonne.

"Rappelle moi, pourquoi mon mari n'est pas comme les autres et pourquoi il ne vient jamais avec moi faire des courses?
-Tu as la meilleure amie que tu puisse rêver d'avoir avec toi, ça compense.
-Tu as raison."

Je lui souris, et nous continuons de choisir de petites tenues. Aux rayons des meubles, je fais d'abord un repérage de ce qui me plaît, puis je me dirige vers un vendeur.

"Bonjour, excusez-moi, j'aimerais savoir quelques renseignements.

Il se tourne vers moi et me sourit.

-Bien sûr. Je vous écoute.
-Je voudrais acheter un lit, une armoire, une commode, une chaise haute et une poussette. J'ai noté sur ce papier ce que je veux. Mais je ne peux pas tout prendre, mon mari viendra tout chercher d'ici trois jours.

Il prend sa tablette et pianote dessus.

-Très bien. Donnez-moi le papier.
-Tenez.

Je lui donne le post-it, et il semble noter ma commande. Il me demande mon numéro de téléphone, mais je donne celui de Scott, et je lui donne l'adresse que Mitch avait inscrit sur mon dossier à l'hôpital.

-Votre prénom?
-Énora.
-Nom de famille?
-Ludig.
-Très bien. Votre mari pourra régler lorsqu'il viendra chercher les meubles.
-Parfait. Merci beaucoup.
-Bonne fin de journée mesdemoiselles."

Je tourne les talons, suivant Angèle qui était déjà en train de partir avec le caddie. Il faut lui dire qu'elle aille doucement, je suis enceinte de huit mois quand même! Nous passons en caisse, et sortons. Angèle, en âme charitable, porte tous les sacs. C'est un amour. Nous traversons la rue, pour rejoindre la voiture. Nous entendons des pneus crier, ce qui nous fait tourner la tête. Un gros van est garé en travers de la route, et de grands hommes en sortent.

"Merde..., chuchote Angèle.
-Quoi?"

Elle n'a pas le temps de me répondre que les cinq hommes foncent vers nous. Elle me tire pour que je la suive, mais j'ai du mal à la suivre. Je sens de grosses mains me tirer en arrière et la main d'Angèle quitte la mienne. Elle lâche les sacs et court vers moi. Un des hommes s'avancent vers elle, menaçant. Elle lui envoie un sévère coup de pied, suivit d'un coup de poing. L'homme tombe au sol, mais un second lui saute dessus, et la met au sol. Je hurle son prénom, apeurée qu'ils lui fassent du mal. Mais elle, tout ce qui compte, c'est de me sauver. On m'enfile une cagoule, et on l'attache les mains. Mes pieds quittent le sol un instant, puis mon dos rencontre quelque chose de dur, que je devine être le sol de l'arrière du van. Le véhicule démarre. Il faut que je me concentre. Scott m'a dit que je devais écouter chaque bruit autour de moi, et compter le temps de trajet. Je compte alors dans ma tête, minute par minute. J'ai un avantage, ils n'ont pas vu que j'avais mon portable dans la poche de mon jogging. Il faut que je reste en vie, c'est tout ce qui compte. Je ne peux pas me permettre de mourir, de faire mourir ma fille, et que Scott perde deux autres personnes. Je ne peux pas. Ce n'est plus comme la première fois, je ne suis plus toute seule, je ne vie plus que pour moi. Il y a des gens autour de moi qui m'aime et qui serait beaucoup trop touché par ma disparition. Et puis, je ne veux pas mourir. Je ne veux pas quitter mon monde, ne pas vivre de belles choses avec Scott, et avec notre fille. On ne sait même pas comment on va l'appeler. Elle n'a même pas de meuble dans sa chambre, ni le tableau que j'ai commencé pour elle d'accroché. Il faut que je me batte encore plus. Que je me batte pour deux. Pour trois. Pour ma famille. Le moment où je dois rendre l'âme n'est pas encore arrivé.

Monnaie d'échange (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant