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Il faut que je me batte encore plus. Que je me batte pour deux. Pour trois. Pour ma famille. Le moment où je dois rendre l'âme n'est pas encore arrivé.

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J'ouvre difficilement les yeux, épuisée. Un homme et une femme sont debout en face de moi. La femme est brune, comme l'homme. Ils semblent âgé. Je dirai une cinquantaine d'années. J'arrive à les voir correctement, puisque la pièce est éclairée grâce à une fenêtre. Je suis allongée dans un lit, et j'ai même le droit à des couvertures. Je les regarde s'avancer vers moi.

"Ne m'approchez pas. Qu'est-ce que vous me voulez? Qui êtes-vous?
-Tu n'as pas à le savoir, rétorque la femme.
-Vous ne savez pas ce qu'il vous attend. Laissez-moi sortir, et il ne vous arrivera rien.
-Mais non savons, Énora Delva, lance l'homme
-Je ne m'appelle plus comme ça.
-Ludig? Vraiment?
-Vous semblez mal renseigner sur moi.
-Nous connaissons le plus important. Tu es enceinte et c'est l'enfant de Scott Ludig, dit le démon, m'informe la femme.
-Si vous connaissez le démon...
-Tu dois être bientôt à terme, non? demande la femme, qui cherche à poser sa main sur mon vente.
-Absolument pas. Je vous interdis de toucher à mon bébé, vous l'entendez? Sinon je vous tue de mes propres mains!

La femme me gifle soudainement, les yeux emplient de rage.

-Je lui prendrais son enfant comme il m'a prit le mien!
-Vous parlez de Scott?
-Chérie, viens, on y va, l'invite l'homme.
-Qui était votre enfant?
-Tais-toi! hurle la femme."

L'homme la prend par le bras et la force à sortir. Il claque la porte et j'entends qu'il la verrouille. J'attends un instant, puis prends mon portable. Je compose le numéro de Scott, et après à peine une sonnerie, il décroche.

"Mon amour? Où es-tu? Comment vas-tu? Angèle nous a raconté ton enlèvement. Tu as...
-Ils sont âgés. Comme ta mère. J'ai compté le temps sur le trajet. On a mit une heure.
-J'envoie mes hommes sur le coup. Comment se fait-il que tu ai ton portable?
-Ils n'ont pas vu que je l'avais. Je t'en supplie, fais vite. Ils en ont après notre bébé...
-Comment ça?
-La femme dit qu'elle te prendra ton enfant comme tu as pris le sien. Qu'est-ce que tu as fait Scott?
-Je n'ai jamais tué d'enfant, je te le promets. Dès que tu peux, tu te sauve.
-Oui, oui. Je vais raccrocher, pour garder ma batterie.
-Reste sur tes gardes, et si tu dois te battre, fais attention.
-Je t'aime.
-Moi aussi."

Je raccroche et range mon portable. Ayant besoin d'être rassurée, je pose mes mains sur mon ventre. Je sens alors les coups que ma fille me met. Je crois qu'elle aussi est prête à se battre.

Je regarde la femme rentrer dans ma chambre et poser un plateau sur mon lit. Je la dévisage, prête à lui refaire le portrait. Elle m'observe. Elle s'approche de moi, m'obligeant à me méfier. Elle pose sa main sur ma joue, puis ferme les yeux. Je me suis faite enlevée par de vrais malades!

"Je suis désolée. Mais c'est comme ça.
-Qu'est-ce que vous allez me faire?
-Pour le moment, rien.
-Et mon bébé?
-Le tuer."

Je retire sa main de ma joue, et la pousse. Elle s'éloigne, les yeux grands ouverts. Elle se jette sur moi, et se met à me gifler. Instinctivement, je me replie sur moi-même, pour protéger mon ventre. Elle se lâche totalement sur moi, me frappant à tout va. Les coups s'arrêtent soudainement, mais je ne bouge pas. J'attends un moment, qui semble duré une éternité. Je relève la tête, et me rend compte qu'il n'y a plus personne. Je soupire en me redressant avec difficulté.

Scott me caresse tendrement la joue, sourire aux lèvres. Il m'embrasse amoureusement, les yeux qui pétillent. Ses bras puissants m'entourent, me procurant une immense sensation de protection. Il pose ses lèvres sur mon oreille, y déposant de petits baisers. Ses cheveux tombent devant mes yeux. Je souffle pour les enlever mais ça ne fait que faire rire Scott.

"Viens avec moi?
-Où ça?
-Loin. Très loin.
-Et on ferait quoi?
-Je te regarderais dormir. Je t'embrasserais. Je caresserais tes seins. On ferait l'amour n'importe où...
-Et les autres?
-Ils viendraient nous voir.
-Et le gang?
-Et si tu te taisais et que tu me laissais rêver?"

Je ricane voyant que je suis en train de tuer sa rêverie. Il me serre un peu plus dans ses bras, et je respire sa délicieuse odeur.

Je regarde par la fenêtre, observant les deux voitures noires quitter les lieux. La femme et l'homme sont montés dans une d'entre elles, et des hommes dans l'autre. Il commence à faire nuit, donc nous sommes pas loin de sept heures du soir. Il ne reste qu'une seule voiture devant la bâtisse, ce qui me permet de savoir que je ne suis pas seule mais qu'ils ne sont pas beaucoup. Je pose mes mains sur mon ventre, sentant ma fille s'agiter. Je la rassure, lui disant que tout sera bientôt finit et que son père va venir nous sauver. Je suis épuisée de ne presque pas dormir et de recevoir des coups en permanence par cette femme à moitié folle. Ce n'est même plus à moitié mais complètement! Je ne comprends pas pourquoi elle n'est pas enfermée dans un hôpital spécialisé. Peut-être que son mari ne s'en rend pas compte, mais moi je le vois. Je sursaute lorsque je sens mon portable vibrer dans ma poche. Je le prends et décroche en voyant le nom de Scott.

"Dis-moi que tu m'as retrouvé. Je t'en supplie.
-Mes hommes surveillent une maison dans la forêt. Deux voitures noires viennent de...
-C'est eux. C'est eux! Ils viennent de partir. Tu m'as retrouvé. Viens me chercher.
-Pas maintenaient. Il y a des gardes partout.
-Tu es en train de me dire que tu vas laisser cette folle me frapper alors que je vais accoucher bientôt?
-J'ai un plan. Il faut que tu m'écoute, et que tu fasses comme je te dis. Ça fait une semaine que j'attends de pouvoir te serrer dans mes bras, et je compte sécuriser nos retrouvailles."

Monnaie d'échange (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant