Chapitre 18

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J’étais assise sur les chaises en bois de la salle d’audience. Mon cœur battait la chamade, j’avais peur. Aucun mot ne sortait et ne pouvait sortir de ma bouche. Mes yeux arpentaient nerveusement les murs hauts et propres de la pièce qui commençait à se remplir peu à peu. J’étais seule, hors-mis la présence de mon avocat qui gribouiller sur des feuilles plus ou moins vierge. Julien, lui presque aussi nerveux que moi à en juger les petits tics qu’effectuait sa maxillaire de droite à gauche, se tenait derrière moi, assis dans un des sièges pour le « public ». Le Dr.Ducreuil avec lequel je m’étais beaucoup attaché était lui aussi présent à côté de Julien. Elle était adorable, son geste était totalement volontaire, nous ne lui avions rien demandé après son précieux témoignage. Elle me fixait et que je me retournai, m’adressa un sourire rassurant.

Je la trouvais très belle dans son trois-quarts en imitation serpent de Dior. Ses cheveux blonds courts étaient rejetés en arrière. Ses lèvres fines mise en valeur par un rouge à lèvres vif illuminé son visage en parfaite association avec son fard à paupières.

            Au lieu de penser à des choses apaisantes, je ne faisais que me remémorer le scénario des derniers mois. Tout était allé tellement vite. On avait finalement retrouvé Trensovski. Je me souviens que cette nouvelle m’avait à la fois satisfaite et apeurée. Ce monstre n’allait plus faire de mal à personne mais le fait d’avoir appris d’avantage de choses sur sa personnalité m’apeurai. Il ne s’était jamais appelé Trensovski. Son vrai nom était Maurice Robert alias Momo Robert ou Bob. Ancien proxénète, arrêté à de multiples reprises pour tentative de viol et viol – Dieu soit loué ce n’était pas des mineurs. Il avait été marié et il avait eu un fils : sa garde lui avait été refusé à lui suite d’un divorce prononcé en faveur de sa femme. Emprisonné une nouvelle fois de plus après son divorce pour avoir commis un braquage à main armé dans un bar-tabac. Il fut remis en liberté en Novembre 2010, il essaya alors de se lancer du monde du showbiz. Après quelques piètres affaires conclues, il se tourna vers la production de films de pornographiques –très charmants. Cet homme de dégoutait et m’effrayé de plus en plus. Je ne possédais qu’une seule envie : celle qu’il crève en tôle sans avoir pu respirer une dernière fois hors de la prison.

            J’avais besoin de serrer la main de mon Juju pour me rassurer mais je n’avais à côté de moi que celle de mon avocat qui en attendant le début de l’audience, n’avait trouvé pour seule occupation une page de mots fléchés.

            La porte s’ouvrit brusquement, il entra. Mon cœur s’arrêta, je sentais quelque chose de chaud bloquer ma respiration. Il était bien là, il me regardait, un rictus aux lèvres avec son regard dégueulasse. Je ne me sentais vraiment pas bien. Physiquement et psychiquement, je voulais m’enfuir loin d’ici, loin de lui. Je me protégeai alors et fis mine de ne pas l’avoir vu ni même aperçu et regarda fixement devant moi. Je me réconfortai alors en pensant à ma fille qui devait être fière de moi, que je ne devais pas décevoir.

            Je pensai alors à elle durant de longues minutes qui me parurent des heures. Le juge entra, nous nous levâmes tous et l’audience commença. Ce fut à partir de cet instant que tout allé se jouer. Je venais d’être jetée dans l’arène, pratiquement seule, je devais me battre, jusqu’au bout et peu importerait ce qui en découlerai.

            Tout se passa très vite, mon cœur battait à tout rompre, plus rien n’existait autour de nous, chacun misait sur la perte de l’autre. On attaqua cette ordure finement, avec tact et beaucoup d’adresse. J’étais sur le point de gagner, j’étais sur le point de le faire pourrir en prison.

            Son avocat se leva alors. Haut, droit et fier, il s’avança à la barre avec assurance. Un rictus était posé sur les lèvres de Trensovski, cela ne me disait rien qui vaille. L’avocat se racla la gorge, et commença : « Votre honneur, mon client aimerai vous signifié que la plaignante s’est présentée à multiples reprises dans son bureau. Cela nous prouverait donc qu’il s’agissait d’un coup monté. En effet, si elle possédait des doutes vis-à-vis de son producteur, elle n’avait qu’à ne plus se présenter. De plus, puis-je ajouté à cela le fait qu’elle ait porté atteinte à mon client, Monsieur Robert en lui lançant à multiples reprises au visage des objets contendants et cela à multiples reprises.  J’aimerai enfin réclamer votre honneur le fait que… »

Intrusøs (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant