Chapitre 16

73 2 0
                                        

            J’attendis plusieurs minutes à l’arrêt de bus les écouteurs dans les oreilles. L’engin arriva rapidement ; je montai pour aller m’assoir à la fenêtre. Le trajet se passa en silence, j’étais perdue dans mes pensées.

            Je descendis du bus et commençai à marcher en direction d’un angle de la rue. La brise caressait mon visage. Je relâchai de l’air dans l’atmosphère froid laissant échapper de ma bouche un nuage de buée. Mon téléphone vibra une nouvelle fois. Je l’attrapai et décrochai l’appel de Juju : « Allo ? –oui t’es où ? – Euuuuhhh » je regardai autour de moi « vers le salon de coiffure Odile – ok, bon reste là je te rejoins. » et il rompit le fil.

            Je m’assis sur un banc et commençai à écouter de la musique. Je regardais les pigeons se poser sur les pavés, picorer les quelques miettes de pains jetés par les passant puis se revoler. Je prenais du plaisir à observer ces petits êtres marrants avec des yeux ronds, vides mais vifs.

            Une main me saisit l’épaule : je me retournai subitement pleine de stupeur. Je vis Julien souriant, emmitouflé dans son manteau noir avec un foulard beige enroulé autour du cou. Je me levai, fis le tour du banc et le serrai dans mes bras en l’embrassant dans le cou. « Ça va ma chérie ? –Oui et toi ? –Ça va. On va manger ? –Allons-y ! » Nous nous mîmes alors en route. Ju et moi déambulâmes dans les rues de Bordeaux. Quelques fois on se faisait bousculés par les passants. D’autres, Ju me prenait la main pour que je ne le perde pas de vue en se faufilant entre les files de passants.

            Après de longues minutes à user nos semelles et à se faire piétiner, pousser nous entrâmes dans un petit café bien sympathique. Nous nous assîmes à côté de la fenêtre. Julien quitta son manteau qu’il posa sur le dossier de sa chaise et défit un peu son foulard en passant son doigt entre la pièce de tissu et son cou. Il se mit à me sourire. Je détournai mon regard pour regarder furtivement par la fenêtre. Il neigeait ; j’admirais alors les petits flocons tombé du ciel pour venir se poser tel du sucre glace sur une gaufre sur les pavés de la rue Sainte-Catherine.

            La serveuse me fit sortir de mes rêveries en nous apportant le menu. Je me mis alors à lire la liste des différents plats qui nous étaient proposés. Je sentais le regard de Ju se poser quelques fois sur moi : cela me gênait et je ne sais l’expliquer pourquoi. Je relevai mes yeux pour le regardais à son tour droit dans ses yeux bleus : il m’adressa un sourire de ses plus charmeur. « Tu choisis quoi ? » me demanda-t-il rompant ainsi le silence qui s’était installé entre nous. Je rebaissai mes yeux pour relire à la hâte le menu qui était posé devant moi : « Euh…attends deux secondes s’il te plaît, je n’ai pas encore choisi. » Il me prit alors la main et caressa son dos avec son pouce tout en la serrant fortement dans sa paume. J’agrippai la sienne avec les bouts de mes doigts qui dépassaient.

            Je relevai soudainement la tête, ferma le livre en cuir noir relié que je posai à côté de moi. « Alors tu prends ? » persévéra Juju. Je lui souris : « confit de canard avec des haricots verts et toi ? –Pareil. » Je lui souris. Il lâcha alors ma main et souleva son verre de quelques centimètres pour le reposer un deux millimètres plus loin. Il leva alors tête : « Alors, Hélo ? Comment ça s’est passé ? »

            La serveuse m’empêcha de répondre par son arrivée. Elle nous prit les menus qu’elle glissa sous son bras, attrapa son calepin dans la poche avant de son tablier, l’ouvra après avoir feuilleté quelques page et enlevé le capuchon de son stylo. « Alors que prenez-vous ? » Demanda-t-elle. Julien répondit pour nous deux. Je sentais qu’il voulait que je lui dise tout, je le sentais nerveux et impatient. Je souriais, il était adorable. Quand la jeune femme brune fut partie, Ju reformula sa question : « Alors Hélo, c’était comment ? –C’est un rendez-vous avec un médecin quoi. –Allez, arrête, dis-moi tout » Il savait et il voyait que je le faisais marcher. Ne voulant pas continuer de l’énerver, je commençai : « Eh bien, elle m’a dit qu’elle en pouvait pas faire grand-chose mis à part aller témoigne à la police. Elle a mon dossier, elle m’a fait comprendre à un moment qu’elle a déjà eu affaire à ce genre de situation. Il me faudra juste que j’aille porter plainte une nouvelle fois au commissariat pour qu’elle aille témoigner. » J’accompagnai le point de ma phrase avec un sourire nerveux que je fais lorsque je suis à moitié déçu et quelque peu découragé.

Intrusøs (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant