Chapitre 10

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        J’ouvris péniblement les yeux, je ne voyais rien mis à part du noir et quelques traits fin de lumière. Où étais-je ? J’avais mal partout et l’impression d’être enfermée dans une espèce de caisse en bois. Au bout de quelques minutes, je recouvrais enfin mes esprits. J’avais du papier collant sur la bouche, les mains et les pieds liés. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais même pas où je me trouvais. De plus, je ne possédais aucune idée de l’heure. J’avais faim, soif, mal au ventre et horriblement envie de faire pipi.

            Je me mis alors à gigoter dans tous les sens et à taper les parois de la caisse avec mes pieds en essayant de faire sortir le moindre son malgré le scotch qui était sur ma bouche. Je me débattais dans tous les sens pour sortir, casser les parois de cet endroit. Je ne voulais qu’une seule chose : m’enfuir.

            Avais-je été violée ? Je ne crois pas, du moins je ne sentais rien. Si après un viol je devais ressentir les mêmes choses qu’après la première fois mais en beaucoup plus fort et violent et bien je n’avais pas été abusée. Je ne me sentais plus vraiment maître de mon corps, je l’avoue néanmoins. J’avais des courbatures à cause de ma position inconfortable. Les cœurs étaient trop serrés et plus les minutes s’écoulaient, plus je possédais des difficultés à respirer : le petit stock d’oxygène présent dans ma cloison diminuait peu à peu et ne se renouvelait pas du moins très lentement. Je pris sur moi, me calma car m’agiter aurait fait empiré mon asphyxie. Je respirais, essayai de bouger tant bien que mal et adopter la position la plus convenable pour mon dos et mes membres. Lorsque je la trouvai enfin –non sans mal-, je fis tomber ma tête sur mon épaule.  Que devais-je faire hors mis attendre patiemment l’heure de ma mort. Où étais-je ? C’était une question que ne faisait que de tourner dans ma tête. Est-ce que Julien avait remarqué mon absence ? Sûrement oui, mais il agirait certainement trop tard.

            Des centaines de questions se posaient dans ma tête et je ne pouvais, pour la plus part, ne pas y répondre. Petit à petit, le sommeil m’envahi. Le noir, le silence, le manque d’oxygène, la peur, la faim, l’envie pressante qui me faisait mal au ventre, tout me poussait à m’assoupir et attendre calmement et dans le silence ma mort. Ma mort, celle-ci arrivait lentement et d’une manière stressante. Nonobstant, cette fin je l’accueillais chaleureusement. Bizarre, cela peut certes vous paraître ainsi, mais elle était pour moi la plus noble et la plus heureuse des fins. J’allais enfin retrouver ma fille, mon bébé, j’allais enfin quitter ce monde de fous, j’allais enfin débarrasser la surface de la Terre. De plus, cette mort était la plus belle car je m’étais battue rien que pour Julien. En partant, j’allais préserver sa carrière, ce qu’il a de plus chère. Au final, il allait enfin respirer. Oui, je conçois qu’il sera un peu triste mais son chagrin passera très vite ; beau, intelligent, gentil comme il est l’amour se présentera très vite à lui. Il allait pour la première depuis notre rencontre être heureux.

            Non, je n’étais pas triste de quitter ce monde, j’étais même en joie. Ce monstre ne me ferait plus de mal, je ne sentirais plus ses actions sadiques et perverses meurtrir mon corps. Cela ne me servait à rien de ma battre, strictement rien. Le sommeil m’envahit, je fermais les yeux, puis les rouvrit avant de les fermer et de plonger dans un profond sommeil.

            Soudainement, je plongeais vers la lumière. On me secoua par l’épaule violemment. J’aperçu dans le flot de jour la silhouette de Trensovski. Il m’assena une gifle violente pour me réveiller –ce qui m’étourdis mais ne demandons point de logique à ce pauvre homme- et m’arracha le scotch d’une même force. « Allez ! Réveille-toi salope. T’en as pas assez de dormir ? Ca fait plus de vingt-quatre heures que tu pionces ! ». Il me prit par l’épaule, me sortit de l’armoire dans laquelle il m’avait enfermé et non la caisse pour me déposer sur le tapis étalé en bas du meuble. C’était bon, la tapisserie douillette soulageait enfin mes articulations et mon dos. Je possédais les mêmes impressions physiques que lorsque que j’avais accouché de ma fille. Je fermais les yeux et voulus m’endormir, j’étais faible. Je me roulais alors en boule sur mes bras.

Intrusøs (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant