Chapitre 2

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J'ouvrais difficilement les yeux, où suis-je ? Je me suis suicidée ? Non c'est pas mon genre...

« - C'est pathétique. »

Je me redressai et grimaçai, ma tête me faisait mal...

« - De quoi vous parlez ?
- Vouloir sauter d'un immeuble lorsqu'on a plus le courage d'affronter la vie. »

Je l'observai un instant. Il croit que je voulais sauter ?

« - Je n'allais pas sauter. Et puis même si j'allais le faire, ce n'est pas votre problème. Si vous dites ça, vous ne savez sûrement pas ce qu'ont enduré les gens qui en arrivent à là. Ne vous pensez pas supérieur parce que vous avez la belle vie.
- Ce n'est pas mon problème. Saute alors, des gens souffriront par ta faute. Tu es égoïste. Tu ne penses pas aux gens qui t'aiment.
- Qu'est-ce que vous en savez ? Dites-le moi ! Vous connaissez ma famille ? Vous savez peut-être mieux que moi s'ils m'aiment ? Vous savez peut-être mieux que moi s'il souffriront de mon départ ou s'ils en seront soulagés ? Criai-je pleine de rage, Vous ne connaissez rien à ma vie, d'accord ? Donc occupez vous des vos affaires. Je n'allais pas sauter, et ce n'est pas parce que j'en ai pas eu le courage ! C'est parce que je voulais vivre tout simplement. Et si j'en serais arrivée à là, croyez-moi que la chose dont j'aurais du me soucier c'est de mon bonheur et pas le fait que ma famille me pleure. Les vraies égoïstes ce sont les proches qui ne s'occupent pas de nous de votre vivant et qui ne voient pas qu'on est mal mais qui nous blâme de les abandonner. Ils ne comprennent pas qu'en réalité c'est eux qui nous ont abandonné. »

Des larmes de rage coulent sur mes joues sans que je ne les contrôle. Je ramasse mes affaires et dévale l'escalier à toute vitesse laissant sur le toit, un adolescent plein de regrets. Il regardait le ciel pour que les larmes ne coulent pas. Ses remords étaient maintenant tellement grands que son cœur avait l'impression de se noyer dans un océan de souvenirs qu'il n'oubliera jamais.

« - Je n'avais pas vu à cette époque à quel point tu allais mal. J'aurais du m'occuper de toi comme tu t'occupais de moi. »

Cela faisait maintenant plus de vingt minutes que j'étais debout devant la porte d'entrée. Pourrais-je regarder ma famille en face après ça ? J'avais, sans le vouloir, crée de gros problèmes à ma mère qui travaillait dans l'entreprise de la mère de Soo-Ah. On l'avait sûrement déjà appelé pour lui annoncer qu'elle ne pourrait plus jamais revenir travailler chez eux. Comment allait-elle retrouver un travail après ça ? Plus aucune société ne voudrait d'elle. Nous n'avions jamais été une famille à l'aise financièrement, qu'allions nous devenir ?
J'étais consciente de tout en dénonçant Soo-Ah, j'ai été égoïste en voulant que tout cela s'arrête. Je pris mon courage, enfin ce qui en restait, à deux mains et ouvris la porte. Les lumières de l'étage de bas étaient éteintes. La table avait été débarrassée et la vaisselle faite. Je montais doucement les marches de l'escalier en espérant que Pil-So dorme.

« -N-Noona. Tu es rentrée ? »

Il était assis sur mon lit. La chambre plongée dans le noir.

« - Noona... Commença-t'il en pleurant, Tu vas bien ? Noona... Pourquoi tu ne m'as rien dis... Qu'allons nous devenir ? Ils ont appelé maman, e-elle a été viré...
- Je suis désolée... Tout ça c'est de ma faute. J-J'aurais dû...
- Non. Ne dis pas ça. Tu as bien fais... Comment as-tu pu endurer cela toute seule tout ce temps... On trouvera une solution. L'important c'est que tu sois avec nous en sécurité. Dit-il en pleurant de plus bel dans mes bras »

Je le serrai contre moi. Je trouverais une solution. J'ai été égoïste. J'essuyai mes larmes, Pil-So dans mes bras. Maman était adossée contre le cadre de la porte. Le visage grave, les yeux embuées. Elle me lança un regard noir.

« - Oui, c'est de ta faute. Comment vais-je m'occuper de mon fils sans travail. Je refuse de dépenser un centime pour toi. A partir de maintenant, tu n'es plus ma fille. Dit-elle avant de partir aussi vite qu'elle était venue. »

Pil-So me serra plus fort contre lui. Mon t-shirt était tout mouillé.

« - Je travaillerais à la place de maman.
- Pil-So ! Non ! Je refuse ! Tu es seulement au collège. Je le ferais. C'est de ma faute.
- Yu-Na... pleura-t'il en serrant mes cheveux»

Il s'endormit dans mes bras tandis que je regardais le mur. Si j'avais sauté, que serait-il devenu ? Je reniflai avant de me lever, prenant soin de ne pas le réveiller. Je sortis discrètement de la maison pour aller faire une marche nocturne. Même si ça ne changera sûrement rien, je vais m'excuser envers la famille de Soo-Ah. Ce ne sera pas sincère mais au moins ça apaisera un peu les tensions qui règnent entre ma mère et moi. Je marchais les mains dans mes poches. Il faisait vraiment noir dehors et les grésillements des lampadaires étaient les seuls bruits qui animaient cette rues, accompagnés des bourdonnements des moustiques. Quelques fois, des couples alcoolisés passaient et criaient quelques incohérences. Je déglutis lorsque je vis en face de moi, avancer le garçon du toit. Je fis demi-tour et ralentit le pas pour qu'il puisse me dépasser en espérant qu'il ne me remarque pas, ce serait trop honteux.

« - Il est tard pour être encore dehors. Dit-il lorsqu'il passa à côté de moi »

Il m'avait vu. Je me tournais, croisant son regard. Il avait la tête penché vers l'avant, les traits de sa bouche tirés vers le bas. Ses yeux étaient rouges. Son odeur était semblable à celle d'un champs de citrons venant de mûrir. Je déviai ma tête vers la gauche, faisant mine de ne pas l'avoir reconnu puis le regardai s'éloigner. Lui qui avait l'air si sûre quelques heures auparavant, dégageais une aura faible, fragile. A cet instant, on aurait dit un ange.

STILL WANT YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant