Chapitre 10 : Si vous le voulez bien, je vais vous aimer à présent.

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Alors que tous les élèves étaient extrêmement concentrés sur leur cours, la sonnerie de fin de journée retentit dans l'établissement ce qui fit sursauter Regina qui en laissa tomber le livre qu'elle avait dans les mains. Elle était tellement absorbée par la légende japonaise qu'elle avait décidée de leur lire pour les féliciter de leurs bons résultats qu'elle n'avait absolument pas vu le temps passer. Elle se racla la gorge en écoutant les rires amusés de ses élèves et elle ramassa son livre, elle n'avait pas eu le temps de terminer sa lecture alors elle glissa un marque page au bon endroit pour ne pas avoir à recommencer depuis le début puis elle le posa sur son bureau.

« Passez de bonne vacance vous aussi mais n'oubliez pas de faire votre rédaction, contrairement à la dernière fois, elle sera notée. » Rappela-t-elle en regardant ses élèves qui quittaient la salle de classe en la saluant poliment.

Elle attendit de se retrouver seule pour fermer la porte et se laisser tomber sur la chaise de son bureau, elle était réellement contente d'être en vacances. La plupart des classes étaient insupportable à cause des examens de fin de trimestre alors elle était heureuse de pouvoir prendre un minimum de distance avec toutes ses mauvaises ondes pour se ressourcer un peu loin de l'effervescence de Boston.

Elle attrapa sa gourde isotherme pour terminer son café mais elle soupira de déception en se rendant compte qu'elle avait déjà bu les dernières gouttes du liquide ambré pendant la pause, elle se redressa sur sa chaise et son regard se posa sur son trieur. Délicatement, elle laissa son doigt glisser sur la feuille mise à l'abri sous la surface en plastique et un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors que ses yeux se remplissaient de larme.

Voilà maintenant quatre ans qu'elle n'avait plus de nouvelle de la belle blonde, leur correspondance avait pris fin naturellement sans aucune once de colère ou de rancœur. La réponse des lettres se faisaient de plus en plus attendre puis un jour, elles oublièrent de se répondre, depuis, plus un seul message ne fut envoyé.

La brune avait mainte fois écrit des mots qu'elle n'eut jamais le courage d'aller poster, elle les garda bien au chaud dans le tiroir de sa chambre sans trouver la force d'y toucher. Elle s'en voulait, leur échange avait pris fin par sa faute. A ce moment-là, elle venait tout juste de commencer une nouvelle année scolaire. Elle apprenait à connaître chacun de ses élèves, elle jonglait difficilement avec la casquette d'enseignante et celle de professeure titulaire, elle devait refaire absolument tous ses cours car le programme avait été modifié et elle venait tout juste de déménager pour ne pas constamment vivre au dépend de son père. Elle était épuisée et elle avait oublié de lui répondre, le peu de temps de libre qu'elle parvenait à trouver, elle l'avait passé à dormir. Elle avait lu absolument toutes les lettres qu'Emma lui avait envoyée pour la relancer mais aucun d'entre elles ne reçut de réponse et, par la suite, elle eut beaucoup trop peur de savoir que la blonde la détestait pour lui écrire.

Avec le temps, elle finit par se convaincre que la situation était peut-être bien mieux ainsi. L'adolescente – qui devait être devenue une femme depuis le temps – pouvait évoluer sereinement dans une situation saine sans avoir à se soucier d'une vieille professeure qui n'habitait même plus dans la même ville. Elle pouvait à présent se concentrer sur les personnes de son âge et atteindre son rêve en toute liberté.

Imaginer sa sauveuse dans les bras de quelqu'un lui provoqua un douloureux pincement au cœur, elle baissa la tête et serra le poing en trouvant son comportement horriblement égoïste. Elle ne pouvait pas garder Emma rien que pour elle, le temps des rencontres au parc était terminé depuis bien longtemps maintenant et elle devait la laisser voler vers d'autres horizons qui pourraient la rendre heureuse.

Regina se leva de sa chaise pour arrêter de réfléchir, elle déambula dans la pièce en mettant les chaises sur les tables pour faciliter le travail des dames de ménage qui n'allaient pas tarder à passer. Elle ouvrit toutes les fenêtres pour aérer la pièce puis elle rangea ses affaires et abandonna sa salle de classe après avoir vérifié que l'ordinateur était bien éteint. Elle traversa le couloir et descendit les escaliers pour se rendre dans la pièce commune aux professeurs, elle abandonna ses sacs et son manteau à une table vide avant de se diriger vers la machine à café délaissée, elle décida de se faire couler un bon chocolat chaud sur lequel elle fit tomber un nuage de cannelle pour ne pas abuser de la caféine puis elle retourna s'asseoir à sa table en faisant le moins de bruit possible pour ne pas déranger les autres adultes qui se trouvaient dans la pièce. Elle sortit de sa mallette une énorme pile de copie et, avec le corrigé préalablement préparé sous les yeux, elle commença à lire les réponses qu'avaient rédigées ses élèves.

Mes jours préférés sont les jours de pluie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant