Chapitre 1

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Bonne lecture, à mercredi prochain ~


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« Tu as bien pris ta brosse à dent ? Tes chaussons ? Ton pyjama ? Une veste de pluie ? Et...

-Oui m'man, c'est bon » soupira Chuuya, excédé par les manières surprotectrice de sa mère.

Il n'avait clairement pas besoin de tant d'attention pour un départ en voyage. Il avait même moins de choses à gérer actuellement que d'habitude. En effet, à quasiment chaque vacance, la joyeuse petite famille partait en séjour chez leurs grands-parents paternels ou maternels.

Le souci, c'était que, depuis qu'ils étaient plus de quatre, leur famille refusait de les prendre tous ensemble. Ce qui était compréhensible, ils étaient âgés, ne parlaient pas la même langue et les enfants étaient vraiment turbulents.

Cela, ajouté au fait que leur père était rarement libre, trop pris par ses affaires, faisait que Chuuya avait souvent eu à voyager seul avec ses deux frères les plus âgés, Arô et Juzô, durant les trois dernières années. En sa qualité d'aîné, c'était lui qui devait tout préparer et s'assurer que ses deux cadets n'oublient rien. Pour le premier, ce n'était pas problématique, il était quelqu'un de sérieux et de prévoyant. Le second, en revanche, était atrocement tête en l'air et bordélique. Il était donc, en somme, toujours incapable de faire sa propre valise du haut de ses treize ans.

Ne pas avoir à s'occuper de lui en prime de ses propres affaires rendait donc, en conséquence, la tâche relativement aisée pour le jeune homme. Mais il fallait toujours que sa mère s'inquiète de tout. C'était mignon, dans un sens, et il préférait cela à ce qu'elle les délaisse, lui et ses frères, mais il n'empêchait que l'idée de partir ne l'enchantait déjà guère, alors devoir en plus supporter les questions incessantes de sa génitrice...

En plus, il ne serait pas perdu, étant donné que ses grands-parents avaient déménagé à Yokohama quelques années après sa naissance. Il connaissait déjà plutôt bien la ville portuaire. Peut-être même mieux que son correspondant, qui y vivait seulement depuis deux ans.

Son correspondant... Cela faisait quatre mois, et il n'avait toujours pas reçu de nouvelle lui apprenant sa mort lors d'une de ses incessantes tentatives de suicide, alors c'était sûrement une bonne nouvelle ?

Pour autant, il redoutait ses retrouvailles avec l'insupportable jeune homme. Ils avaient un peu correspondu par message durant le laps de temps entre les deux semaines de l'échange, majoritairement pour s'échanger des âneries, s'affubler de noms de toutes sortes, ou simplement s'envoyer la dernière vidéo virale des réseaux sociaux.

Il ne savait pas trop ce qu'il redoutait, en fait. C'était juste un pressentiment. Peut-être craignait-il de nouvelles photos qui pourraient être embarrassantes une fois ajoutées à l'album à la fin de l'échange ? Ou peut-être qu'il niait toujours le fait que le message que l'abruti enroulé de bandages lui avait envoyé la veille au soir le perturbait plus que nécessaire ?

Message auquel il n'avait d'ailleurs pas répondu. Qu'est-ce que l'autre attendait de lui, sérieusement ? Il était toujours aussi insupportable et fatiguant qu'à leur première rencontre.

D'accord, c'était peut-être aussi un peu puéril, du haut de ses dix-huit ans révolus, de réagir autant au quart de tour pour un message qui disait simplement « à dimanche » avec un cœur à la fin. Mais au vu de toutes les allusions peu subtiles qu'il avait entendues de la part de ce crétin comme d'un de ses frères qu'il ne citerait pas, il fallait dire qu'il ne savait vraiment plus quoi en penser ou même où se mettre.

Le voyage infernalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant