A cette question mon corps entier cette fois-ci me donna un ordre qui était le plus limpide possible : TIRE-TOI.
J'étais tétanisée par cette situation qui était hors de mon contrôle, et pour une raison qui m'échappait mon corps était en roue libre, j'avançais de manière automatique, robotique derrière ces hommes qui m'emmenait je ne sais où, mais plus j'avançais, plus j'étais prise de sueur froide.
Quand soudainement j'heurta violemment quelque chose, enfin ce qui me sembla être quelque chose l'espace d'un instant, je lâcha instantanément le carton des mains à cause du choc ne comprenant pas ce qui m'arrivait.
Ma vue, encore un peu perdue croisa certainement la raison future de ma peur, une personne que j'avais heurté : un homme, plus précisément : un homme du gang, et pas n'importe quel gang : un homme du gang de las sombras ...c'était LE gang le plus violent mais surtout le plus dangereux du Mexique.
Mon regard s'écrasa dans les yeux de cet homme, je n'avais jamais vu de yeux aussi noir, je veux dire, je connaissais des personnes avec un regard noir dans le sens : un regard méchant, mais cette personne à cet instant précis, me donnait une envie irrépressible de prendre mes jambes à mon cou et de prendre le premier avion pour m'emmener à l'exact opposé de lui et à cet endroit, je savais pertinemment qu'il me trouverait, face à ces yeux couleur de la mort, il n'y avait aucune opportunité de fuite.
Il prit la peine de me dévisager, lentement de haut en bas, un rictus aux lèvres, je retenais ma respiration je n'osais plus bouger, peut-être que si je bougeais pas il ne me verrai pas... enfin on sait jamais ...dans ces moments-là, on ne réfléchit plus tellement.
Et soudain et comme par magie (bien que cet endroit n'en n'avait aucune once) je vis une multitude de points blancs entre nous, comme de la neige mais qui semblait aussi léger qu'une plume et là mon cerveau fit une fois de plus, un immense effort pour faire un tri entre les éléments importants et les éléments secondaires pour me donner une seule information : regarde à tes pieds.
Je baissa ma tête doucement je me sentais toujours fixé par cet homme, je vis le carton qui s'était ouvert à cause de la chute, je pensais trouver de l'encre partout sur mes pieds, mais ma bouche fit un « O » quand à la place de cette encre, était des packs certes, mais des packs de cocaina dont quelques uns s'était ouvert.
- ¿QUE CONO? (expression très vulgaire, mais qu'on peut traduire en moins vulgaire par : c'est quoi ce bordel) dit l'homme qui me fixait avec son regard glaçant depuis maintenant de longues minutes.
C'est à cette instant que j'ai su que je ne rentrerai pas boire cette mierda de cerveza chez Ani, que je ne rentrerai plus nul part d'ailleurs, mis à part les deux pieds devant comme on dit dans mon quartier : soit dans une tombe.
Puis trou noir.
J'entendais des voix lointaines autours de moi, je sentais qu'on commençait à me toucher, puis une voix ce fit entendre, plus forte que les autres mais impossible de comprendre quoique ce soit.
Puis j'entendis le bruit d'une arme, une arme que l'on chargeait et, ce bruit je le reconnaissais entre milles, il était synonyme de peur, de désespoir, de haine et inévitablement de mort ou encore, avec une infime chance dû au bon vouloir du meurtrier tenant l'arme, de blessures graves qui laisserait des traces, des séquelles à vie, tant psychologiques que morales.
Le fait de blesser, était même pire que la mort, car une fois que l'on était mort on pouvait partir en paix et plus personne ne pouvait nous atteindre, il n'y avait plus de crainte, tout était finit. Alors que blesser, cela voulait dire que l'on accordait une dernière chance, qu'il s'agissait d'un avertissement et alors, dans cette situation la vie future était synonyme elle aussi, de peur, de désespoir, de haine et indéniablement de mort, car une personne qui faute une fois, sous la pression, fautera deux fois.
Ce bruit, de charger une arme, était le bruit de la déshumanisation.
Je faisais mes dernières prières et j'en adressai également une à Ani, je n'avais pas de rancoeur contre elle même si elle m'avait mise dans une sale situation je savais qu'il y avait une raison derrière, elle ne pensait pas mal faire, puis, un tir se fit entendre et à cet instant le silence demeura, un silence de mort, un silence que l'on espère ne jamais entendre, un silence que l'on espère ne jamais subir, que l'on ne mérite pas et puis, je me sentis sombrer.
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RITA
RomanceRita vivant au quotidien les guerres entre cartel, va devoir prendre les choses en main pour ramener de l'humanité là où il n'y a que chaos. ////// DATE D'ECRITURE - 2021 ESSAI 2