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Bon, je vous dresse le tableau, pour que vous compreniez. Raphaël et moi, on se connait depuis qu'on a quatorze ans. On était dans la même école, mais pas dans la même classe, et je ne l'avais jamais calculé avant ce voyage scolaire à Londres.

Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était un voyage scolaire non obligatoire, mais je rêvais de voir Londres et ma mère m'a autorisé à y aller. Je suis partie avec Camille. C'est dans le car que je l'ai remarqué pour a première fois. Il discutait avec ses copains et ce n'est pas tant son physique que l'aura que j'ai senti émaner de lui qui m'a attirée. Quand je l'ai montré à Camille, elle n'était pas du tout de mon avis. J'étais un peu vexée, mais après tout, au moins, chacun ses goûts. Évidemment, elle m'a poussée à aller lui parler, mais je n'ai pas osé.

C'est seulement quand le car s'est retrouvé embarqué dans le shuttle et qu'on n'a pu en sortir pour se dégourdir un peu les jambes que j'ai osé m'approcher discrètement de lui. On s'est approchée avec Camille d'un groupe qu'on connaissait vaguement pour discuter avec eux, et c'est là qu'il s'est approché lui aussi. Il semblait les connaître et c'est là qu'on a fait connaissance. Il s'est présenté en me faisant la bise, et à partir de là, on a commencé à discuter, et dès qu'on s'est mis à parler ensemble, je suis tombée amoureuse de lui.

Oh, bien sûr, je parle d'amour, parce qu'à l'époque, j'étais persuadée de l'aimer. Il me faisait rire, il avait l'air plus âgé du haut de son mètre quatre-vingt, qui a fini par devenir un bon mètre nonante, et je le trouvais tellement beau.

Camille m'avait dit très précisément dans le car quand je lui ai confié à quel point il me plaisait : « Lui ? Sérieux ? Il a une tête de babouin ! ».

J'en ris encore quand j'y repense. Je le détaille maintenant et je le compare aux souvenirs que j'ai de lui jeune. Il est grand et sa carrure est large, mais sans être bodybuilder. Objectivement, non, il n'est pas beau. Son visage est toujours rond, même maintenant qu'il est adulte, ses yeux sont légèrement trop écarté, sa bouche est pulpeuse mais trop étroite, sa tignasse est un désastre, tout en pétard avec des mèches grises qui apparaissent et sa barbe n'est pas très fournie, et pourtant...

Merde alors ! Je croyais être immunisée, mais je me rends compte qu'il m'attire toujours. Raphaël, mon obsession de jeunesse, à réveiller quelque chose en moi que je croyais mort.

Rien ne s'est jamais vraiment passé entre lui et moi. Pendant notre voyage scolaire, on s'est cherché mutuellement, enfin je crois, et à dire vrai, tous ceux qui étaient avec nous le pensaient aussi, mais à notre retour, j'ai merdé.

Pendant le voyage, on se parlait tout le temps. Je me rappelle, quand on a. visité une espèce de maison hantée, il était tout devant et moi tout derrière, il a trainé exprès pour revenir à ma hauteur, il faisait exprès de me faire peur en m'attrapant subitement par la taille et en criant. J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure à chaque fois qu'il posait la main sur moi. Tout notre groupe était persuadé qu'il ressentait pour moi ce que je ressentais pour lui.

Je me souviens, sur le Tower Bridge, qu'il est arrivé derrière moi pour se joindre à notre discussion et qu'il a posé sa tête sur la mienne. Il le faisant genre « tu es toute petite » parce qu'il adorait me taquiner, mais moi j'aimais ces contacts, ça me donnait l'espoir que je lui plaise comme lui me plaisait, mais comme je l'ai dit, quand on est revenu au pays, j'ai vraiment faire n'importe quoi.

Après, j'avais quatorze ans, aucune expérience, le cœur au bord des lèvres à chaque fois que je le voyais. J'ai voulu bruler les étapes. Je le voulais tellement, je lui envoyais des dizaines de messages tous les jours. Rien que d'y repenser, j'ai honte de moi.

Une seconde chance (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant