Une seconde chance (Terminée)

14.

Raphaël n'a pas passé la nuit avec moi, il travaillait ce matin, mais ce n'est pas grave, je ne me sens pas frustrée pour autant.  J'imagine que si les choses avaient tournées différemment, il serait resté, mais le fait est que nous n'avons pas couché ensemble, et c'est très bien comme ça.

Oui, physiquement, j'en mourrais d'envie, mais ma tête et mon cœur ne sont pas encore prêts.

Comme me l'a si judicieusement dit Camille, je passerai le cap quand je le sentirai, en attendant, rien ne presse... même si mes hormones disent l'inverse !

Évidemment, j'ai rendez-vous avec les filles pour aller au resto manger un bout et leur raconter mes « aventures » comme elles appellent ça.  On se retrouve "Chez Gino", le restaurent italien au milieu de la galerie commerçante, et je leur fais le compte rendu de mes deux rendez-vous avec Raphaël.  J'ai d'ailleurs du mal à les retenir d'aller à l'Apple Store pour le voir.

— Mais allez, enfin, on ne va pas le manger ton Raphaël, me dit Pauline.

— Alors ça, je n'en suis pas sure.  Non mais sérieusement, je préfère vraiment que vous ne fassiez pas ça, du moins, pas pour le moment.  C'est nouveau ce qu'il y a entre nous et je n'ai pas envie qu'il prenne peur devant vous.  Il doit déjà affronter Camille, je pense que c'est suffisant pour lui, le pauvre garçon.

Les filles rient et me promettent de ne pas passer par là, du moins, pas aujourd'hui.  Je sais bien que je ne vais pas pouvoir les garder longtemps loin de lui.  S'il fait partie de ma vie, il fera aussi partie de la leur, c'est certain, nous sommes pratiquement inséparables toutes les quatre, mais si je n'ai aucun problème pour leur en parler, je n'ai pas encore envie qu'elles entrent dans sa vie !  Je sais que c'est stupide et que ça fait très égoïste, mais pour le moment, j'ai envie de le garder rien que pour moi.

Bien sûr, la conversation tourne principalement autour du sexe.

— Mais enfin, vous n'allez pas me faire un caca nerveux parce que je n'ai pas couché avec lui.

— Il ne s'est vraiment rien passé ?  Pas un même un petit pelotage ? demande Sandra pleine d'espoir.

— Franchement, non, pas vraiment.  On s'est longuement embrassé bien sûr mais il n'y a rien eu de sexuel, du tout.

— Les filles, arrêtez, intervient Camille à mon grand étonnement.  Elle ne le sent pas encore pour le moment, et moi, je lui conseille justement de prendre son temps.  Quand elle sera prête, elle passera à l'action. 

Elle se tourne vers moi avec un grand sourire.

— Pour l'instant je suis juste heureuse qu'elle se soit remise à sortir, mais je peux promettre que le jour où elle va enfin se décider à virer sa culotte de chasteté, je la harcèlerai pour être au courant des moindre détails, comme ceux que je vous donnerai après mon encart de ce soir...

J'éclate de rire.  Elle essaye de détourner l'attention des filles sur elle, mais je sais que ce qu'elle dit est tout à fait vrai.  Le jour où je vais enfin recoucher avec un homme, si je ne lui dis pas tout dans les deux heures qui suivent, je risque de déclencher la troisième guerre mondiale.

Néanmoins, je lui suis reconnaissante d'avoir détourné un peu la conversation.  Il n'en fallait pas plus pour que Sandra et Pauline comprenne que le sujet est clos.  Elles me connaissent très bien, mais pas autant que Camille qui a détecté que je commençais à être très mal à l'aise, et elles l'acceptent.  Après tout, je connais Camille depuis toujours, c'est normal qu'elle me connaisse mieux que quiconque.

Il n'y a que Benoit qui me connaissait mieux qu'elle, et encore...

Le temps passe et maintenant que la conversation s'est orientée vers les rencards respectifs de Camille et de Pauline de ce soir, je me sens beaucoup plus détendue.