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Je sais en arrivant chez elle qu'elle ne va pas me dire « je t'avais prévenu ».  Elle n'a pas ce genre de triomphe.  Elle me prend dans ses bras et se contente d'attendre que j'ai fini de pleurer pour que je lui raconte tout de manière plus rationnelle.

Quand je suis enfin plus calme et que j'ai fini mon récit, elle me sert à nouveau dans ses bras en me murmurant que ça va passer.

— Je suis tellement bête.  J'aurais dû t'écouter depuis le début, tu ne l'as jamais senti, et tu avais raison.

— Non, j'avais tort.  OK, il t'a fait du mal et c'est un sale type, mais c'est grâce à lui que tu as recommencé à sortir de ton cocon, et ça, ça n'a pas de prix.

— Mais il a joué avec moi depuis le début.

— Je ne pense pas.  Tu sais à quel point je le déteste, mais honnêtement, je crois qu'il était sincère.  Il ne t'aimait peut-être pas comme tu aurais aimé qu'il t'aime, mais je pense que si Magalie n'était pas tombée enceinte, l'histoire aurait été différente.

Peut-être a-t-elle raison, peut-être pas, dans tous les cas, je me félicite de ne pas avoir cédé à mes pulsions.  Rien que de songer à nos ébats et à leur conclusion tragique, je n'imagine pas comment je me serai sentie si j'avais cédé.

Je m'étonne que Camille n'en dise pas plus là-dessus d'ailleurs, elle doit se dire, comme moi, qu'il aura essayé de me mettre dans son lit avant de me larguer, mais elle ne dit mot, et finalement, je lui en suis reconnaissante, parce que je n'aurai pas supporté de l'entendre, même si je le pense.

Les jours suivants se passent un peu dans le brouillard, je vais au travail, je rentre chez moi, entre les deux, je vois les filles, je vois Samuel aussi parfois, même si j'essaye de prendre mes pauses clopes à d'autres moments que ceux habituels car, pour le moment, je n'ai pas envie de le voir, je suis en pleine introspection, et je ne veux pas être distraite par lui.

À peu près deux semaines après notre rupture, je reçois un e-mail de Raphaël.

Chère Elise,

J'aurais aimé t'appeler pour discuter avec toi, mais je comprends que tu n'en aies pas envie.  Il m'a fallu un certain temps pour réussir à trouver les mots justes pour tout t'expliquer, et je pense que tu le mérites.

Tu m'as donné une chance incroyable, et je l'ai gâchée.  J'ai bien conscience que ce que j'ai fait risque de tout remettre en cause, tu m'as donné ta confiance après Benoit, et je l'ai piétinée, même si ce n'était absolument pas intentionnel.

Magalie et moi avons décidé de nous donner une nouvelle chance, pour le bébé.  Je tenais à te le dire moi-même avant que tu ne l'apprennes par quelqu'un d'autre.

Je tenais aussi à te dire ceci : je n'ai pas joué avec toi.  Elise, je suis tombé amoureux de toi quand j'avais dix-sept ans, mais c'était trop tard, et je suis retombé amoureux de toi ces dernières semaines, mais là encore, le destin en a décidé autrement.

Mon geste, ce dimanche soir, notre dernier soir, n'était pas du tout pour te mettre dans mon lit, ou t'épingler sur mon tableau de chasse comme tu l'as dit, mais simplement un acte de désespoir à l'idée de te perdre.  Je voulais te sentir comme je ne t'avais jamais sentie auparavant.  Ça peut te paraître fou, mais je te promets que c'était un acte d'amour.

J'ai tout raconté de notre histoire à Magalie, je ne veux rien lui cacher, y compris les sentiments que j'ai pour toi.

Notre timing n'a jamais été le bon, peut-être un jour me pardonneras-tu.  En attendant, je tenais à éclaircir la situation et à te présenter toutes mes excuses.  Je suis certain que nous aurions pu être heureux, mais je ne peux que te souhaiter de trouver le bonheur de ton côté.

Une seconde chance (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant