17.

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Nous sommes samedi matin et les filles sont chez moi pour le petit déjeuner.  Je leur raconte toutes mes aventures entre Raphaël et Samuel et elles trépignent presque plus que moi à l'idée que je vois Sam ce soir pour un ciné.

— Oh, c'est juste un ciné entre copains !

J'essaye de calmer leur enthousiasme, mais j'ai l'impression que rien n'en viendra à bout.

— Mais tu ne te rends pas compte, lâche Pauline.  Tu es restée seule pendant deux ans et voilà que maintenant tu fréquentes deux garçons en même temps.  Moi, je trouve ça génial, c'est vraiment la preuve que tu as fait un grand pas émotionnel.

— Je suis tellement d'accord, approuve Sandra.  Je commençais vraiment à avoir peur pour toi tu sais, peur que tu ne t'en remettes jamais.

Je prends un air contrit.  Je ne me rendais pas compte d'à quel point j'ai pu leur faire du mal malgré moi.  Elles sont mes meilleures amies, mais je n'ai jamais pensé que je les faisais autant flipper.  Après, on ne se remet pas de ce genre de deuil aussi facilement et aussi vite qu'on le voudrait.  Bien sûr, j'imagine que certaine personne gère ça très différemment de moi, mais j'avais besoin de temps.  Mes blessures ne sont pas encore guéries, mais j'y travaille, et j'avoue que ça va mieux depuis une semaine.

En même temps, je ne ressentais plus aucun désir, et maintenant, je bouillonne.  Naturellement, je pense encore trop à mon Benoit, mais j'ai vraiment l'impression d'aller mieux, et ça, ça fait du bien à tout le monde manifestement.

— Je vais mieux, c'est certain.

— Je t'avais bien dit qu'il te fallait te remettre en selle pour avancer, me lance Camille avec un clin d'œil.

— Néanmoins, j'ajoute, je vous signale que je ne sors pas avec les deux.  Je sors avec Raphaël, Samuel et moi ne sommes que des amis.

— Oh chérie, tu ne vas pas encore nous faire la blague de l'amitié quand même ?  Je pensais que tu avais compris la semaine passée que tu étais sous le charme de ce garçon.  Lui en tout cas ne jure que par toi, ça c'est clair !

— Mais non, tu dis n'importe quoi, je réponds à Pauline.  Nous sommes amis et rien de plus.

— Vraiment ?  Tu ne vas pas me faire croire que tout ce que tu nous as dit dimanche passé est déjà oublié ?

— Non, je ne vais pas mentir, je le trouve diablement sexy et attirant, mais ...

— Mais quoi ?  me coupe Camille.  Il faut que tu arrêtes de te faire des idées.  Je ne dis pas que tu n'es pas... heureuse — le mot semble lui écorcher la bouche — avec Raphaël, mais de toute évidence, tu n'es pas aussi sure de toi que tu veux le croire.  Je ne doute pas une seconde qu'il y a quinze ans, tu aurais été la plus heureuse des femmes, mais tu n'es plus la même aujourd'hui, et personnellement, je pense que tu t'accroches à des lambeaux de sentiments qui n'ont plus lieu d'être depuis longtemps.

Je réfléchis un instant à ce qu'elle dit.  C'est vrai que si je me projette quinze ans en arrière, je n'aurais pas été aussi stoïque avec lui.  Je lui aurais sauté dessus à la moindre occasion, et je n'aurais pas pris le risque de sortir avec un autre gars, même en ami, de peur qu'il se fasse des films et me plaque.

— Oui, j'ai changé, et lui aussi, c'est normal.  Justement Camille, je n'ai plus quinze ans, la vie et différente à l'heure actuelle.  Je ne suis plus une gamine sans cervelle sous le charme d'un beau mec.  Ça s'appelle la maturité, tu verras, ça t'arrivera un jour à toi aussi.

Elle me lance un croissant à la figure que je rattrape et que je croque à pleine dents.  On passe le reste de la matinée à débattre sur ma relation avec Raph et ma non relation avec Sam.  Je suis en total désaccord avec elles.  Je pense personnellement que je peux être attiré par Samuel et être juste son amie, mais elles sont persuadées du contraire.

Une seconde chance (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant