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Evidemment, je me suis pris un sacré savon quand je suis rentrée à la maison.  J'ai été obligée de la menacer de la mettre dehors pour qu'elle se calme.  Bon, heureusement, elle s'est vite apaisée et on est sortie avec les filles.  Par contre, j'ai vraiment passé une soirée pourrie.

J'aurais dû m'en douter, mais que voulez-vous, je suis et je resterai toujours une grande naïve je crois.

Il avait dit qu'il viendrait, alors j'ai cru qu'il viendrait.  Sauf qu'évidemment, il n'est pas venu.  J'ai guetté son arrivée toute la putain de soirée au lieu de m'amuser avec mes copines.  Je n'ai même pas eu droit à un message.  Alors oui, je sais, il n'a pas dit qu'il passerait à coup sûr, mais bon, je vous l'ai dit, je deviens complètement débile quand il s'agit de Raphaël.  Et moi qui croyait ce temps-là révolu, non mais quelle idiote je fais.

C'est vrai quoi, je ne le connais même pas dans le fond.  On ne s'est pas vu pendant cinq ans, et même avant ça, au final, quand je le voyais, c'était en soirée, en festival, dans ce genre d'événement où on ne discute pas vraiment.

Bref, une fois de plus, je me sens complètement nulle.  C'est dingue, comment ce type arrive à me faire sentir ça encore des années plus tard ?  Moi qui croyais vraiment que j'en avais fini avec ces conneries. Je pensais que j'étais devenue une femme forte. Tu parles. Je suis toujours une gamine dans le fond, et ça me déprime.

Heureusement que je n'ai pas dit à Camille qu'il pensait venir au pub. J'en entendrais parler pendant des semaines si elle savait qu'il m'a posé un lapin.  Enfin, là encore, poser un lapin, c'est vite dit.  Il n'a jamais promis qu'il viendrait...

Et voilà, je lui cherche encore des excuses.  Bon, ça suffit maintenant.  Je m'en fiche, il n'est pas venu, il n'est pas venu.  Qu'est-ce que ça peut bien me faire, hein ?  Rien du tout.

— Tout va comme tu veux ? me demande Pauline.

— Au poil... je vais faire la pause là...

Je prends mon sac et sors fumer une clope. Je n'ai pas de remords, je sais que mes amies en profitent pour aller à la machine à café de leur côté. Parfois elles sortent avec moi, mais j'ai l'impression que Camille les a briefées. Elles ne veulent plus venir avec moi et me demande à chaque fois si j'ai vu Samuel. Rah ! je vous jure, les filles.

Évidemment, du coup, je regarde s'il n'est pas là. Mais non. En même temps, ce n'est pas mon heure habituelle pour sortir, et comme en général il est là en même temps que moi, ce n'est pas son heure non plus. C'est dommage. Je ne l'ai pas revu depuis le fiasco de vendredi. Je me demande ce qu'il doit penser de moi maintenant. Il doit se dire que je suis aussi folle que Camille. Mais personne n'est aussi fou qu'elle. Elle a de la chance que je l'aime d'ailleurs, parce que parfois, elle peut me faire sortir de mes gonds. C'est vrai quoi, elle était obligée de parler comme ça à Raphaël et de lui faire sentir qu'il n'était pas le bienvenu ?

Je sais qu'elle fait ça pour mon bien, mais deux ans sans rien ressentir, est-ce vraiment mieux que recraquer pour mon crush de jeunesse ? Enfin, recraquer, on s'entend hein. Je ne dis pas que j'ai craqué sur Raphaël à nouveau, je dis juste que ça m'a fait quelque chose de le revoir.

Je retourne bosser sans envie, mais il n'y a que Sandra dans le bureau.

— Les filles sont tombées sur ta chasse-gardée à la machine à café, du coup, je suis pas sure qu'elles vont revenir de si tôt.

— Ma chasse gardée ? je demande.

— Samuel, rit-elle.

— Oh, pitié, ce n'est pas ma chasse gardée...

Une seconde chance (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant