13.

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M'arracher des bras de Raphaël m'a presque été douloureux, mais à un moment, il fallait bien que je rentre chez moi.  Quand il m'a rendu mon sac à main, j'ai vu que j'avais des dizaines d'appels et de SMS de Camille.  Je l'ai appelée sur le chemin pour m'excuser et tout lui raconter.

— Ne me dis pas que tu as couché avec lui ?

Je sens dans sa voix que cette idée la mettrait à la fois en joie (j'aurai enfin couché avec quelqu'un et ce qu'elle appelle mon vœux de chasteté serait terminé) et en colère (faut-il vraiment que ça soit avec lui ?).  Je soupire.

— Non, nous n'avons pas couché ensemble.

Un blanc... je sais ce que ça veut dire, elle se demande qu'est-ce qui l'emporte entre la déception et la joie.

— Tu sais, Camille chérie, même si je n'avais plus touché un homme depuis deux ans, je sais me tenir.

— Oh, oui, ça je n'en doute pas.  Ce qui m'étonne c'est que lui ait su se tenir.

J'en reste bouchée-bée.

— Pour l'amour du ciel, Camille, je sais que tu ne l'aimes pas mais quand même.

— D'accord, j'admets, j'ai été trop loin, je m'excuse.  Je suis heureuse pour toi, même si c'est Raphaël et que j'aurais préféré Samuel.

Je n'ai pas envie d'entrer dans le sujet.  Honnêtement, j'aime Camille, mais je commence à regretter de l'avoir appelée.

— Chérie, est-ce qu'on pourrait en parler plus tard ?  Je vais bientôt arriver à la maison et j'ai envie de réfléchir à tout ça...

— Oui, je comprends, mais une dernière chose ma belle... profite simplement et sois heureuse, tu le mérites. À plus tard.

Et elle raccroche.

Évidemment je passe le reste de la journée à repenser à cette soirée et surtout à ce matin, à ce baiser que j'ai fantasmé tant et tant de fois étant plus jeune.

Heureusement qu'il devait se préparer pour aller travailler sinon j'y serais encore... et j'aurais probablement tombé les fringues. Ce n'est pas l'envie qui m'a manqué pour être franche, mais après tant d'années j'ai peur de ne plus savoir comment on fait.

Avec Ben c'était naturel, on a perdu notre virginité ensemble, on a tout appris l'un de l'autre, il n'y a jamais eu de gêne entre nous, mais l'idée de me montrer nue devant un autre homme... pire, l'idée de coucher avec un autre homme, me donne l'impression d'être de retour à mes quatorze ans lorsque j'ai dû faire mon premier exposé devant toute la classe. J'ai fondue en larmes tellement j'étais stressée.

Oh bien sûr je ne compte pas fondre en larme devant Raphaël, mais il ne faut pas que je me voile la face, si jamais ça devait devenir plus intime entre nous, je risque de ne pas me sentir à l'aise du tout et de faire ou de dire une boulette... remarque, depuis le temps qu'il me connaît, il doit avoir l'habitude.

Je me fais violence toute la journée pour ne pas lui envoyer de messages. Je n'ai pas envie de retomber dans mes vieux travers, ceux-là mêmes qui l'ont fait fuir il y a des années, et je m'efforce de ne pas trop penser à lui. La bonne blague, comme si je pouvais y arriver.

Je suis tentée de l'appeler plus d'une fois pour lui proposer une sortie après son travail, mais je tiens bon et je suis fière de moi. Je passe la journée à paresser en repensant à ce matin. Je ne pensais pas une seconde que ça se passerait ainsi. Je pensais passer une soirée agréable avec un ami, je n'aurais jamais songé que Raphaël m'embrasserait de la sorte.  En parallèle, je songe également à Samuel et au bal de samedi.

Une seconde chance (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant