Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - La mer des monstres - Livre 2

Tyson, fils de Poséidon

Le soleil se couchait derrière le pavillon-réfectoire quand les pensionnaires affluèrent, venant de leurs bungalows. Debout dans l'ombre d'une colonne de marbre, Y/N, Annabeth, Ethan, Percy et Tyson les regardèrent s'avancer en file. Annabeth, encore très secouée, promit de les retrouver plus tard pour discuter, puis elle partit rejoindre ses frères et sœurs du pavillon d'Athéna, une douzaine de garçons et filles blonds aux yeux gris comme elle. Annabeth n'était pas l'aînée, mais elle avait passé un plus grand nombre d'étés à la colonie que tous les autres pensionnaires. Il suffisait d'un coup d'œil à son collier de colonie pour le vérifier : une perle par été, et Annabeth en avait six. Personne ne contestait son droit à diriger la file. Venait ensuite Clarisse, menant le bungalow d'Arès. Elle avait un bras en écharpe et une vilaine balafre sur la joue mais, à part ça, la rencontre avec les taureaux de bronze ne semblait pas l'avoir ébranlée. Quelqu'un lui avait épinglé sur le dos un papier marqué "MÉGA VACHE !" mais aucun des membres de son bungalow ne se donnait la peine de l'en avertir. Ce fut ensuite au tour du bungalow d'Héphaïstos : six garçons menés par Charles Beckendorf, un Afro-Américain de quinze ans, grand et baraqué. L'année dernière, Y/N avait cru qu'il n'avait qu'un an de moins que Charles, mais en fait c'était bien deux années qui les séparait. Il avait des paluches de catcheur et le visage endurci et plissé à force de braquer le regard sur la forge toute la journée. Une fois qu'on le connaissait, il était plutôt sympa, mais personne ne se permettait de l'appeler Charlie, Chuck. En général, les gens l'appelaient simplement Beckendorf. Il avait la réputation de pouvoir faire n'importe quoi de ses mains. D'un simple bout de métal, il pouvait créer une épée affilée comme un rasoir, un robot guerrier ou une baignoire à oiseaux avec jet d'eau pour le jardin de votre grand-mère : il suffisait de lui demander ce que vous vouliez. Il avait même construit un lit et une salle de bain complète pour Y/N. Défilèrent ensuite les autres bungalows : Déméter, Apollon, Aphrodite, Dionysos. Les naïades sortirent du lac ; les dryades des troncs d'arbres. Une douzaine de satyres vinrent de la prairie. Après leur arrivée, le bungalow d'Hermès ferma la marche. C'était toujours le bungalow le plus rempli. L'été dernier, il était dirigé par Luke, le garçon qui s'était battu avec Thalia et Annabeth au sommet de la colline des Sang-Mêlé. À présent, Travis et Connor Alatir étaient les chefs du bungalow d'Hermès. Ils n'étaient pas jumeaux mais se ressemblaient tellement que ça n'avait guère d'importance. Une fois les derniers pensionnaires à leur place, Y/N s'avança au milieu du pavillon, Percy et Tyson marchant un peu plus loin derrière lui. Les conversations baissèrent d'un ton. Les "Arès" lancèrent des regards meurtriers à Y/N. Quelqu'un, du pavillon d'Apollon, murmura en pointant Tyson :

"Qui a invité ça ?"

Une voix familière et traînarde s'éleva de la table d'honneur :

"Eh bien, eh bien, si ce n'est pas Y/N L/N et Peter Johnson que voici ! La joie de mon millénaire.

- Percy Jackson... monsieur, corrigea Percy."

Monsieur D. but une gorgée de son Coca light.

"Ouais, c'est ça. Comme vous dites de nos jours, vous les jeunes, me prends pas la tête."

Il portait sa tenue habituelle : une chemise hawaïenne à imprimé léopard, un short, des tennis et des chaussettes noires. Avec sa bedaine et son visage rougeaud, il avait l'air d'un touriste à Las Vegas qui aurait veillé trop tard dans les casinos. À côté de lui, à la place qu'occupait normalement Chiron, se trouvait quelqu'un que Y/N n'avait jamais vu : un homme blême et horriblement maigre, habillé d'un survêtement de prisonnier orange usé. Le numéro inscrit sur sa poche poitrine était le 0001. Il avait des cernes bleutés, les ongles en deuil et des cheveux gris mal coupés, comme si son coiffeur lui avait passé la tête à la désherbeuse. Il posa les yeux sur Y/N et son regard le mit mal à l'aise. Il avait un air... fracturé. En colère, frustré et affamé tout à la fois.