51. mirage

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Un grand silence avait régné plus de trente minutes avant que papa ne commença à parler à nouveau.

Le docteur a amené un autre sujet, je ne savais plus où me placer dans la salle de l'hopital. La chambre m'étouffait, je voulais juste disparaitre.

Le pire était que je ne savais à quoi penser. L'homme avec qui j'étais depuis l'enfance, l'homme qui me nourissait, n'était pas mon père biologique. Comment était-ce possible?

Papa me parla d'un ton sévère avec des yeux rouges:

- comme c'est de cette manière tu veux me recompenser, je vais te rendre le mal que tu m'as fait subir dans les détails et tu vas sentir, ce que je vis actuellement.

Maman:
- elhadji ne fais pas ceci s'il te plaît, pas maintenant....

Papa:
-fermes ta boite à conserve, si c'était ta propre fille, tu l'aurais éduquée mieux que cela.

Maman:
- je sais que tu es faché mais ceci n'est la faute à personne, ce n'est qu'un accident. En plus, la barrière que tu as mis pour la fille, va la pousser à chercher la liberté. Elle se sentait en prison, tout ceci n'est que ta faute.

Papa:
- tu veux rejeter la faute sur moi? Si tu ne sais pas faire c'est ma main tu vas recevoir, et tu me diras si c'est accidentel ou c'est voulu.

Je me sentais comme une merde, je m'étais jamais sentie comme un minable. Ce n'est plus la grossesse qui m'inquiète mais mes deux parents qui se disputaient à cause de moi.

Papa se retourna vers moi, maman essayait de le retenir mais en vain

Papa avait réagi <<ton père était mon cousin, oui mon cousin devenu un ami inséparable. En effet, Ma mère est jumelle Adama, et l'autre Adam. Ton père est issu de l'autre jumeau (Adam) et était chez ma mère depuis l'enfance. Il avait grandi avec moi, on se partageait tout. On nous appelait même des frères, on l'était.
On avait fait le primaire jusqu'à l'université. J'ai eu un travail ici à Niamey, j'y étais venu. J'étais nommé directeur à télé sahel (la chaine nationale). J'avais fait l'administration et ton père avait opté pour l'armée>>.

Maman:
-donc tu veux vraiment la torturer, elle regrette déjà s'il te plait.

Il continua:
<<Je n'aime pas l'armée
Qui fait couler des larmes,
Avec des armes
Marres des coups amers,
des policier et gendarmes
Alors qu'on est des gens d'âme
Des gens sans arme,
Avec des larmes>>

Maman:
- comme tu as décidé de lui parler, laisses-moi le faire. Tu risques de la blesser.

Qu'est ce qui pourrait me blesser. Tout est devenu mystérieux. J'étais toujours couchée avec des larmes aux yeux.

Maman:
- tu n'es pas notre fille biologique. Ta mère est décedée quand tu venais d'avoir deux ans. Mon mari avait demandé à ton père de te garder avec ses missions comme on arrivait pas à avoir d'enfants. Il nous a fait promettre de ne jamais te dire que tu n'es pas notre fille. C'est après Dieu nous a fait grâce de deux garçons dans notre famille. Depuis que tu es avec moi, je t'ai une fois montré que tu n'appartiens pas? Jamais, je t'ai bercée, je t'ai montré la vie et j'avais les même sentiments qu'une maman>>

Papa ajouta: <<mon côté le plus faible, c'était une soirée où ton père allait partir en mission. Je le taquinais qu'aprés sa mort, je serai à Diffa et il m'a fait dit ceci: même si je meurs prends soin de ma petite princesse comme si c'était la tienne.

Je t'ai donné mon nom Anissa pour ne pas que tu supportes l'absence de parents. C'est comme cela tu me remercies. Heureusement que tu n'es pas ma propre fille, je vais te donner de l'argent, j'aimerai que tu disparaisse de ma vie, de ma vue. J'aurai préférée héberger une chienne à ta place, au moins elle ne me mordra pas. Ma mission a échoué et la seule promesse que j'avais fait à mon ami, je ne l'ai pas tenue. Ne te gènes pas, le chauffeur va t'amener tes habits>>.

Maman se mit à pleurer et le supplier. Je n'osais même plus parler. J'ai gâché ma vie, je commençai à regretter mon acte. Il voulait juste me protéger.

On l'a supplié mais il ne voulait rien entendre.

Je pris ma valise et je partais chez tante Bintou.

Elle m'a servi à manger et on a une conversation:

- tante, j'aimerai habiter avec toi en attendant.

- tu avais eu l'occasion mais tu as préféré écarter tes jambes à une vermine, qui a vomi en toi. Maintenant c'est à toi d'assumer les conséquences. Quand on vous parle, vous pensiez que vous avez fait des grandes écoles et que vous êtes plus maline plus que nous. Tu as chassé mon fils comme un bon à rien.
C'est ton oncle qui prends soin de moi si il apprend que tu es ici, je ne saurais dire sa réaction. Déja que tu connais toute la maison, je sais que la route qui méne à la porte ne t'a pas échappé.

Pourquoi tant d'humiliation? Qu'est ce que j'ai fait de mal pour mériter tout ceci? La société punit mal quand tu enfreins ses règles.

Je pris la direction de la maison de Issa, mon amour. Il pourra m'aider. Je savais que je pourrai compter sur lui.

Il était au salon quand j'étais venu. J'ai déposé ma valise dehors.

Issa:
-mon amour quel bon vent t'amène ici...

Moi:
-tu n'es pas content de me voir?

- si, regardes comment tu es triste, tu as quoi?

- j'ai tous les maux de ce monde, je ne sais pas comment te le dire, tu as lu les frasques d'ébinto?

- mon amour, tu es venu qu'on étudie, on vient à peine de finir les examens.

- je sais que tu as lu la lettre que Monique a adressé à Ebinto faisant état de sa grossesse...

- ne me dis pas que tu es enceinte (en sautant de joie)

- oui c'est exact, mais mon père m'a chassé.

- ton propre père t'a chassé?

- il dit qu'il n'est pas mon père biologique!

- quoi? Tu blagues j'espère.

- j'aimerai que ça soit une blague mais le fait est que c'est vrai. C'est une longue histoire....je veux chercher là où crécher

- tu vois que je n'ai qu'une place sur mon matela.

- je peux dormir au salon.

- ce que j'essaie de te faire comprendre, c'est que tu ne peux pas rester ici. Tu dois t'en aller. Tu te crois dans un film Hollywoodien où un prince charmant débarque de nul part et tombe amoureux de la fille. On est au Niger ma sœur, et je t'avais dit un jour que « je me vange toujours », souviens-toi. Tu n'es pas loin de toutes ses filles ridicules. Maintenant débarasses les lieux!

Je rêvais ou quoi? C'est Issa même qui me parlait sur ce ton?

Perdue, à suivre!

voile tombéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant