Chapitre 14

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H : « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle surprise.
 
B : « Vous m’inquiétez Capitaine ! C’est une clé. » dit-il moqueur.
 
H : « Oui je sais Balthazar, mais la clé de quoi ? »
 
B : « C’est le double d’ici. Si vous restez encore une semaine, c’est bien que vous ayez une clé. »
 
H : « Ah, OK ! »
 
B : « Vous restez bien en colocation avec moi jusqu’à la fin de mon séjour ? »
 
H : « Oui bien sûr ! »
 
Ils finirent la soirée en buvant une tisane, bien installés chacun dans un fauteuil, face-à-face. La nuit était bien avancée mais le moment était venu, ils devaient parler du passé avant de songer à parler d’avenir, si tant est qu’il y ait un avenir entre eux.
 
Balthazar se redressa dans son fauteuil et fut le premier à poser la question.
 
B : « Hélène, j’aimerai bien savoir ce qui s’est passé dans votre vie ces cinq dernières années. Et je vous dirai ce qui s’est passé dans la mienne. Vous voulez bien ? »
 
Ils se fixaient, Hélène sourit tristement.
 
H : « Ouais. Je crois aussi qu’il le faut, même si… ça risque d’être difficile. »
 
B : « C’est vrai mais il faut qu’on reparte sur de bonnes bases, vous ne croyez pas ? Vous préférez que je commence ? »
 
H : « Non, ça va aller et puis ce sera fait ! Ok, alors il y a presque cinq ans, lorsqu’on s’est quittés sur ce quai de gare, je suis partie à Valence pour y retrouver mes enfants et surtout essayer de me reconstruire. » Ses yeux s’embuaient. « A l’époque, suite à… votre agression, je faisais des cauchemars toutes les nuits, je vous voyais au milieu de la route dans une mare de sang. Je ne m’en sortais pas, ça revenait sans cesse, il fallait que je m’éloigne. »
 
B : « Vous auriez dû m’en parler. » dit-il, se sentant responsable.
 
H : « Je pouvais pas, j’y arrivais pas. On n’arrivait jamais à se parler à cette époque. Alors je suis partie, un poste était vacant à la DPJ de Valence, j’ai foncé. Et en fait, pendant un an et demi, j’ai vécu entre le boulot et les séances de psy. Il n’y avait plus que ça, il fallait que je me débarrasse de mes démons. Ça a été compliqué mais j’y suis arrivée. Et quand j’ai enfin réussi à retrouver une vie et surtout des nuits à peu près normales, je me suis rendue compte que je n’arrivais pas à refaire ma vie, que… quelque chose me manquait à Valence. »
 
Elle s’était redressée dans son fauteuil en croisant les mains, elle s’arrêta un instant de parler et regarda Balthazar dans les yeux en prononçant ces mots.
Un frisson parcourut l’échine de Balthazar, il comprenait car elle aussi, elle lui avait manqué.
Puis Hélène baissa la tête et continua.
 
 H : « Mes enfants étaient partis faire leur vie ailleurs, je me retrouvais toute seule et je n’avais plus de but dans ma vie. Je me suis dit que c’était le bon moment pour repartir à zéro, ailleurs, il fallait juste que je trouve où. »
 
B : « Vous n’avez pas pensé à revenir à Paris ? »
 
H : « J’y ai songé un moment, retrouver Jérôme, mon équipe, Eddy et Fatim, … Vous, mais comme j’étais partie et que je n'avais jamais donné de nouvelles à personne, j’avais peur… que tout le monde m’en veuille, qu'on m'ait oubliée. »
 
B : « Personne ne vous a jamais oubliée, on a toujours parlé très souvent de vous d'ailleurs et jamais on ne vous en a voulu. »
 
H : « Toujours est-il que j'ai abandonné l'idée de revenir à Paris. Et quand j’ai vu passer le poste en Bretagne, j’ai su que c'était le bon. En fait, je me suis rendue compte que depuis mon premier jour à Paris et pendant les quatre années qui ont suivies, c'était le seul endroit où je m’étais sentie bien. Peut-être parce que c'était là où je vous avais retrouvé et que pendant cette parenthèse bretonne, il n’était plus question de l'enquête sur la mort de Lise, qu'il n'y avait plus la tension du boulot et que malgré l'histoire du bûcher, on avait pu passer du temps ensemble et se parler. »
 
B : « Vous exagérez Capitaine, le timing était parfait pour ma bombe, vous vous affolez toujours un peu trop vite. Et puis, cette robe verte et cette couronne de fleurs ! »
 
H : « Balthazar ! » dit-elle faussement vexée.
 
B : « J'adore vous taquiner avec cette histoire ! Mais vous avez raison, j'aurais dû… vous proposer qu'on reste là-bas et ne pas rentrer à Paris. Moi aussi j'étais bien. » dit-il nostalgique.
 
Hélène lui sourit.
 
H : « Alors du coup, j’ai foncé et je suis arrivée à la PJ de Lorient, je me suis trouvé une petite maison pas trop loin de la mer. Et je m’y suis tout de suite sentie à l’aise, j’ai été super bien accueillie. Ça fait trois ans que je suis là et j’ai réussi à retrouver un équilibre, des amis dont Gabriel et sa femme, et je me sens apaisée. Et puis, vous êtes arrivé et vous avez… chamboulé ma vie. »
 
B : « Dans le bon sens j’espère !? »
 
H : « J’sais pas encore, faut que je poursuive les investigations ! »

Deuxième chance - Balthazar & HélèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant